Comment traiter une cicatrice hypertrophique et une cicatrice chéloïde?

Les cicatrices hypertrophiques et chéloïdes peuvent être sources de douleur, d’inconfort et d’inquiétude pour de nombreuses personnes. Que ce soit une cicatrice causée par une intervention chirurgicale, une brûlure, une blessure ou une infection, leur apparition peut avoir un impact significatif sur la qualité de vie. Heureusement, il existe plusieurs traitements pour améliorer l’apparence des cicatrices et réduire leurs symptômes. Dans cet article, nous examinerons les différences entre les cicatrices hypertrophiques et chéloïdes. Nous verrons également les différentes options de traitement disponibles pour aider à atténuer les symptômes et améliorer l’apparence des cicatrices.

La cicatrice chéloïde est une cicatrice hypertrophique compliquée

La cicatrice chéloïde est une forme de cicatrice hypertrophique. C’est-à-dire qu’elle se développe de manière excessive par rapport à la blessure initiale. Cependant, contrairement à une cicatrice hypertrophique classique, la cicatrice chéloïde se propage au-delà de cette zone et peut continuer à croître au fil du temps.

La cicatrice chéloïde se forme lorsque le processus de guérison de la peau est perturbé, conduisant à une production excessive de collagène et d’autres tissus de cicatrisation. Elle peut se développer suite à une variété de blessures, telles que des coupures, des brûlures, des piercings ou des tatouages. Les zones du corps les plus touchées sont généralement les épaules, la poitrine, le dos et l’oreille.

Outre leur apparence inesthétique, les cicatrices chéloïdes peuvent également causer des démangeaisons, des douleurs ou une sensibilité accrue. Les traitements disponibles pour les cicatrices chéloïdes comprennent des crèmes, des injections de corticostéroïdes, la cryothérapie, la thérapie au laser, la chirurgie ou une combinaison de ces options. Cependant, aucun traitement n’est garanti pour éliminer complètement une cicatrice chéloïde.

Qu’est-ce qui différencie une cicatrice hypertrophique  d’une cicatrice chéloïde ?

La cicatrice hypertrophique se forme environ un mois après une chirurgie et reste limitée à la zone de la blessure initiale. Elle a tendance à régresser spontanément en un à deux ans.

En revanche, la cicatrice chéloïde se forme environ trois à six mois après la chirurgie et peut s’étendre au-delà de la zone de la blessure initiale. Bien que certaines cicatrices chéloïdes puissent régresser naturellement en sept ans, elles ont tendance à persister indéfiniment et peuvent continuer à croître au fil du temps.

Ainsi, la principale différence entre les deux types de cicatrices est que la cicatrice hypertrophique reste limitée à la zone de la blessure initiale et régresse spontanément en un à deux ans, tandis que la cicatrice chéloïde peut s’étendre au-delà de la zone de la blessure initiale et ne régresse pas toujours spontanément.

Comment prévenir et traiter les cicatrices hypertrophiques ou chéloïdes ?

Il existe plusieurs moyens de prévenir et de traiter les cicatrices hypertrophiques ou chéloïdes. La prévention des cicatrices hypertrophiques et chéloïdes, notamment chez les personnes présentant une prédisposition, est une étape cruciale pour maintenir l’intégrité du tissu cutané et favoriser une cicatrisation normale. Voici des stratégies de prévention efficaces :

  • Les gels de silicone peuvent être appliqués sur la cicatrice fermée pendant 3 à 6 mois. Ils agissent en diminuant l’évaporation de l’eau de la couche cornée, ce qui permet de réduire la taille et l’apparence de la cicatrice.
  • La compression forte peut également être utilisée en prévention, notamment sur les brûlures, ou sur une cicatrice fermée. Les vêtements compressifs ou les masques siliconés sont souvent utilisés pour cela.
  • Les injections intra-lésionnelles sont une autre option de traitement, et incluent des corticoïdes, du 5 FU (antimétabolite), de la bléomycine (antinéoplasique) et de l’interféron (cytokine). Ces injections ont pour but d’inhiber la prolifération des fibroblastes et l’inflammation, tout en diminuant la synthèse du collagène I et III.
  • La chirurgie est également une option de traitement, bien qu’elle soit souvent associée à d’autres moyens. Cependant, le taux de récidive peut être élevé, allant jusqu’à 100%.
  • Le traitement au laser, notamment le CO2, le YAG, la lumière pulsée et la photothérapie, peut également être utilisé, même si les résultats sont variables.
  • La cryothérapie (froid) peut également être utilisée, avec de l’azote liquide en intra-cicatriciel.
  • Éviter les interventions non essentielles : Il est conseillé aux personnes ayant des antécédents de cicatrices anormales, en particulier celles avec des types de peaux susceptibles de développer ces cicatrices, comme les peaux noires, de limiter les interventions chirurgicales et les piercings. Chaque nouvelle incision ou blessure peut potentiellement déclencher l’apparition d’une cicatrice hypertrophique ou chéloïde.
  • Contrôle de la cicatrice inflammatoire : Le contrôle précoce de l’inflammation dans le tissu cicatriciel peut empêcher l’évolution vers une cicatrice hypertrophique ou chéloïde. L’utilisation de médicaments anti-inflammatoires, sous conseil médical, peut être bénéfique dans les premiers stades du processus de cicatrisation.
  • Éducation et sensibilisation : Informer les patients sur les types de cicatrices, les facteurs de risque et les méthodes de prévention est essentiel. Cela inclut des conseils sur le traitement des cicatrices, les produits à utiliser et les signes d’alerte de l’apparition d’une cicatrice anormale.
  • Surveillance et intervention précoces : Une surveillance régulière des cicatrices récentes est cruciale, en particulier pour les personnes à risque. L’intervention précoce au premier signe d’une cicatrice anormale peut inclure des traitements tels que les injections de corticostéroïdes pour faire disparaître ou réduire le tissu cicatriciel excessif.

La cicatrice pigmentée

La cicatrice pigmentée est une forme de cicatrice qui se caractérise par des dyschromies, des troubles circulatoires, ainsi que des hyper ou hypopigmentations. Cela peut se produire suite à une variété de blessures, telles que des brûlures, des coupures, des piqûres d’insectes, ou encore suite à une intervention chirurgicale.

Lorsque la peau cicatrise, elle peut perturber le processus de pigmentation et entraîner des taches pigmentées plus claires ou plus foncées que la peau environnante. On retrouve souvent après les brûlures des cicatrices hypo pigmentées, c’est-à-dire des cicatrices plus claires que la peau environnante. Les cicatrices pigmentées peuvent également présenter des rougeurs, des veines dilatées, ou des troubles de la circulation sanguine.

L’impact des cicatrices pigmentées est principalement esthétique. Toutefois, il peut avoir des conséquences sur la qualité de vie du patient. Par exemple, des cicatrices sur le visage ou les mains peuvent impacter négativement la confiance et l’estime de soi.

Heureusement, il existe plusieurs traitements pour les cicatrices pigmentées. Ces options peuvent inclure l’utilisation de crèmes dépigmentantes, de laser, de thérapies par la lumière ou encore par injection. Cependant, le choix du traitement dépendra de la cause, la gravité et de sa localisation. Il est donc important de consulter un dermatologue ou un chirurgien esthétique pour obtenir un avis professionnel.

Le vécu cicatriciel

Les échelles d’évaluation des cicatrices prennent de plus en plus en compte le vécu de la cicatrice. En effet, on parle de l’échelle d’évaluation des cicatrices patient et observateur (EECPO). Le ressenti psychologique peut varier selon sa relation avec son entourage familial et médical. Mais aussi en fonction de la localisation de la cicatrice, de son métier ou de l’impact fonctionnel et esthétique.

Les cicatrices peuvent présenter des caractéristiques pathologiques telles que l’hypertrophie, la rétractation ou la dyschromie. Les chéloïdes, qui sont souvent d’origine génétique, sont douloureuses, évolutives et difficiles à traiter. Les cicatrices rétractiles peuvent compromettre le pronostic fonctionnel. Tandis que les hyper ou hypopigmentations peuvent affecter l’apparence esthétique de la cicatrice.

Les premières expérimentations sur la cicatrisation ont eu lieu au début du 20ème siècle avec les frères Lumières. Auguste Lumière a notamment créé le célèbre « Tulle gras®« , un pansement qui favorise la cicatrisation en maintenant le milieu humide. En 1962, Georges Winter a réalisé des expériences sur des modèles animaux pour étudier les résultats de la cicatrisation en milieu humide versus à l’air libre ou avec un courant d’air chaud. Les résultats ont confirmé l’importance du maintien d’un milieu humide pour favoriser la cicatrisation. De plus, cela a donné naissance au principe de la cicatrisation en milieu humide.

Quels sont les grands principes de la cicatrisation ?

Les grands principes de la cicatrisation comprennent plusieurs éléments importants. Tout d’abord, la cicatrisation se produit plus rapidement en milieu humide. Ensuite, toutes les plaies passent par trois grandes phases de guérison : la détersion, le bourgeon et l’épidermisation.

Un autre principe important est l’abandon de l’utilisation systématique d’antiseptiques et de la plupart des antibiotiques locaux et colorants. En effet, ces produits présentent souvent des effets secondaires potentiels. Par exemple des allergies, une toxicité systémique ou encore une sélection de germes. Dans la plupart des cas, un simple lavage au sérum physiologique, à la douche ou au savon est suffisant.

Nous notons que la flore bactérienne colonise naturellement toute plaie et que, sauf en excès, elle n’est pas délétère et peut même contribuer à la détersion.

Enfin, rappelons que le traitement d’une plaie ne consiste pas seulement à soigner la plaie elle-même, mais à prendre en compte l’état général du patient. Aucun pansement ne peut faire de miracle et il est important de traiter la cause sous-jacente de la plaie. Par exemple en utilisant une contention pour un ulcère veineux ou en déchargeant la zone touchée pour un patient souffrant d’une escarre.

La prise en charge d’une plaie est multifactorielle, ce qui la rend complexe

La prise en charge d’une plaie est une tâche complexe et multifactorielle. Certains soins de plaies peuvent être réalisés sur un rôle autonome dans le référentiel d’activités de l’infirmier. Tandis que d’autres nécessitent une prescription médicale. La peau est un organe vital aux multiples rôles, notamment celui de protéger l’organisme contre les infections et les traumatismes. Lorsqu’une plaie se produit, le processus de cicatrisation peut être divisé en trois étapes. Ces étapes sont les suivantes: la détersion, le bourgeonnement et l’épidermisation, suivies d’une longue phase de remodelage.

Cependant, il existe de nombreux facteurs qui peuvent retarder la cicatrisation des plaies. Tels que le tabagisme, le diabète, l’obésité et les carences nutritionnelles, entre autres. Il est donc important de prendre en compte ces facteurs pour optimiser le processus de guérison. Il est possible d’utiliser des techniques de cicatrisation dirigée pour les plaies qui ne peuvent pas être suturées. En effet, ces techniques permettent d’encourager la formation de tissus de granulation. De plus, les professionnels de la santé peuvent utiliser différents types de sutures en fonction de la taille, de la localisation et de la gravité de la plaie.

Le grand principe de la cicatrisation est de maintenir un milieu humide optimal pour favoriser la guérison. Il faut donc choisir des produits de soin adaptés pour maintenir un environnement humide tout en prévenant l’infection.

En résumé, la prévention des cicatrices hypertrophiques et chéloïdes implique une approche proactive, en évitant les facteurs de risque connus et en appliquant des stratégies de soins de plaie efficaces. Ces mesures peuvent considérablement réduire le risque de récidive et aider à maintenir une cicatrisation cutanée saine et normale. Cependant, il est important de noter que chaque situation de cicatrice hypertrophique ou chéloïde est unique, et que les professionnels de la santé doivent adapter le traitement en conséquence. Nous recommandons donc de consulter un dermatologue ou un chirurgien esthétique pour déterminer le meilleur traitement pour votre cas.

FAQ : Traitement et prévention des cicatrices hypertrophiques et chéloïdes

  1. Quelle est la différence entre une cicatrice hypertrophique et une chéloïde ?
    • Les cicatrices hypertrophiques sont épaisses, surélevées, mais se limitent à la zone de la blessure originale. Les chéloïdes, en revanche, sont également surélevées mais s’étendent au-delà des limites de la blessure initiale, et sont souvent plus difficiles à traiter.
  2. Comment prévenir l’apparition de cicatrices hypertrophiques ou chéloïdes ?
    • La prévention inclut l’évitement des interventions chirurgicales et piercings non nécessaires, une bonne gestion des plaies, l’utilisation de pansements en gel de silicone, et le contrôle précoce de l’inflammation. Les personnes à risque doivent être particulièrement vigilantes dans le suivi de ces recommandations.
  3. Les crèmes cicatrisantes sont-elles efficaces contre ces types de cicatrices ?
    • Les crèmes cicatrisantes peuvent aider à maintenir l’hydratation de la peau et réduire l’inflammation, ce qui peut être bénéfique dans le processus de cicatrisation. Cependant, leur efficacité varie selon le type de cicatrice et l’individu.
  4. Les injections de corticostéroïdes sont-elles un traitement sûr pour les chéloïdes ?
    • Les injections de corticostéroïdes sont couramment utilisées pour traiter les chéloïdes, car elles peuvent réduire l’inflammation et aplatir la cicatrice. Ce traitement doit cependant être effectué par un professionnel de santé qualifié.
  5. Est-il possible de faire disparaître complètement une chéloïde ?
    • Il est difficile de faire disparaître complètement une chéloïde. Les traitements actuels visent plutôt à réduire la taille, l’épaisseur, et l’inconfort associé à la cicatrice. Dans certains cas, une combinaison de traitements peut être nécessaire pour obtenir les meilleurs résultats.
  6. La chirurgie est-elle une option pour enlever une chéloïde ?
    • La chirurgie peut être envisagée pour enlever une chéloïde, mais le risque de récidive est élevé. Souvent, la chirurgie est combinée avec d’autres traitements, comme les injections de corticostéroïdes ou la radiothérapie, pour réduire ce risque.

Références:

  1. KELOID SCARS: DIAGNOSIS AND TREATMENT – AAD
  2. Keloid scar – Mayo clinic

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