Également appelé Pavot de Californie, l’eschscholtzia était traditionnellement utilisé par les amérindiens pour l’usage médicinal du latex de la plante comme analgésique dans les maux de dents. Ils l’employaient également pour soigner les maux de tête, les coliques ou pour aider les enfants à s’endormir.
Qu’est ce que le Pavot de Californie ?
Le Pavot de Californie (Eschscholzia californica), également appelé Pavot d’Amérique, est une plante herbacée de la famille des Papaveraceae, fréquente dans les jardins d’ornement. Originaire de Californie et du Sud-Ouest des États-Unis, elle pousse près des forêts de séquoïas.
Le pavot se rencontre dans divers habitats, notamment dans la Réserve du Pavot de Californie d’Antelope Valley, et s’est acclimaté dans des régions comme le Canada, le Chili, ou la France. Facile à cultiver, il se ressème spontanément et résiste au gel.
En matière de nomenclature, le genre Eschscholzia a été nommé en l’honneur de Johann Friedrich von Eschscholtz par Adelbert von Chamisso. Le pavot contient des alcaloïdes spécifiques comme l’eschscholzine et la californidine, ainsi que d’autres composés comme des caroténoïdes et flavonoïdes. Il mesure entre 20 et 60 cm, avec une racine charnue et une tige creuse et cannelée. Les fleurs sont actinomorphes, avec des pétales jaunes à orangés. Le fruit est une capsule sèche, et le latex produit est incolore. Utilisé en phytothérapie, ce pavot a une composition chimique riche, notamment en alcaloïdes.
Un peu d’histoire
En 1820, le poète romantique et explorateur allemand Adelbert von Chamisso a donné le nom d’Eschscholtzia californica, mieux connu sous le nom de Pavot de Californie, à cette plante. Il a choisi ce nom pour rendre hommage à son ami Johann Friedrich von Eschscholtz. Von Eschscholtz était un botaniste et naturaliste germano-balte de nationalité russe. Il s’est distingué comme un pionnier dans l’étude du Pacifique, incluant l’Alaska et la Californie.
Von Eschscholtz a découvert cette plante lors d’une expédition scientifique majeure au début du XIXe siècle. Cette expédition, dirigée par Otto von Kotzebue, un explorateur et navigateur de la marine impériale russe, a fait le tour du monde entre 1815 et 1818. Chamisso, participant en tant que botaniste, a été frappé par les champs de coquelicots orangés de l’Ouest californien.
Le « coquelicot orangé », emblème du 31e État des États-Unis, se différencie du pavot à opium (Papaver somniferum) par son absence de propriétés addictives. Toutefois, il partage quelques similarités pharmacologiques avec l’opium. Adelbert von Chamisso a enregistré la découverte du Pavot de Californie dans son journal scientifique. Publié en 1821, ce journal porte le titre « Tagebuch ».
Dans ce journal, Chamisso rend hommage à Johann Friedrich von Eschscholtz, qui était le médecin de bord durant l’expédition. Ainsi, Eschscholtzia californica a été nommée, et a donné son nom au genre botanique Eschscholzia.
Quelles sont les principales propriétés pharmacologiques des parties aériennes fleuries d’Eschscholtzia ?
Les alcaloïdes du Pavot d’Amérique (Eschscholtzia californica) sont la principale source de ses propriétés médicinales. Ils sont présents en quantités bien plus élevées que les autres composés actifs de la plante. Unique dans la famille des Papavéracées, l’Eschscholtzia californica se distingue par des propriétés qui ne se trouvent pas chez d’autres membres de cette famille, même ceux qui contiennent les mêmes substances actives.
Propriété sédative et hypnotique
Les effets sédatifs du Pavot d’Amérique (Eschscholtzia californica) sont principalement dus à la protopine et à la californine. Les préparations à base d’Eschscholtzia réduisent le temps nécessaire pour s’endormir, améliorant ainsi la qualité du sommeil.
Des études in vivo ont démontré une activité hypnotique avec un sommeil prolongé et une diminution dose-dépendante de l’activité locomotrice spontanée. Des recherches pharmacologiques ont comparé l’extrait d’eschscholtzia à celui du chlorazépate, révélant un effet sédatif et inducteur de sommeil via une action gabaergique.
L’effet sédatif de l’eschscholtzia est également lié à la modulation des catécholamines. La plante inhibe plusieurs enzymes, réduisant ainsi la synthèse d’adrénaline. Les pavines, dont la californidine et l’eschscholzine, constituent 85% des alcaloïdes totaux et sont créditées des effets anxiolytiques et sédatifs de la plante. Cependant, la californidine a une faible capacité à traverser la barrière hémato-encéphalique.
La glaucine, un autre composé de l’eschscholtzia, possède des propriétés bradycardisantes, bronchodilatatrices, convulsivantes, sédatives, antitussives et anti-inflammatoires. La N-méthyllaurotétanine agit comme un antagoniste des récepteurs 5HT1A de la sérotonine, impliqués dans l’anxiété et le sommeil.
En tant que sédatif naturel, l’eschscholtzia facilite l’endormissement, réduisant les réveils nocturnes, l’énurésie et les cauchemars, aussi bien chez l’adulte que chez l’enfant.
Propriétés anxiolytiques et sur l’activité cérébrale
Outre l’action sur les catécholamines, des alcaloïdes de l’eschscholtzia comme la protopine agissent sur la sérotonine en se liant aux récepteurs sérotoninergiques 5-HT. Les alcaloïdes benzylisoquinoléiques (réticuline) du Pavot de Californie inhibent les enzymes acétylcholinestérase et butyrylcholinestérase. Cette inhibition suggère un potentiel effet cognitif de la plante.
Une étude de 2017 a découvert que E. californica renferme de la lipoxygénase, une enzyme jouant un rôle dans la dégradation des lipides, la croissance, le développement, la sénescence et les réactions défensives de la plante. Par ailleurs, certains alcaloïdes, comme la protopine, augmentent la liaison de l’acide gamma-aminobutyrique (GABA) aux récepteurs GABA. D’autres alcaloïdes (protopine, cryptopine et allocryptopine) augmentent par conséquent la liaison du GABA aux membranes synaptiques dans le cortex cérébral.
Certains constituants de l’eschscholtzia agissent en se liant aux récepteurs de benzodiazépines, avec un effet dépendant de la dose. Une étude menée sur 264 patients atteints d’anxiété généralisée d’intensité faible à modérée a ainsi confirmé l’activité anxiolytique de la plante.
Propriétés antalgiques et spasmolytiques
L’eschscholtzia module l’activité ou la demi-vie des enképhalines par modification de leur dimérisation ou de leur oxydation. Cette action sur les encéphalines ainsi que l’activité anticholinergique et antispasmodique de la protopine expliquent l’effet calmant et analgésique de la plante, et justifient son utilisation traditionnelle comme antalgique. In vitro, la protopine et la californine de l’eschscholtzia exercent notamment une activité spasmolytique sur les muscles lisses intestinaux. Les propriétés anticholinergique et antispasmodique de la protopine ont donc été mises en évidence sur l’iléon.
Une étude de 2015 par Fedurco et al. a souligné le rôle de la (S)réticuline dans les effets sédatifs et analgésiques du Pavot d’Amérique (Eschscholtzia californica). Selon cette recherche, la (S)-réticuline agirait sur les récepteurs GABA-A et serait transformée par l’organisme en alcaloïdes capables d’interagir plus efficacement avec ces récepteurs.
L’étude suggère également que les effets sédatifs et analgésiques d’E.californica résultent de la biotransformation de la (S)-réticuline en morphine ou d’autres alcaloïdes, se liant aux récepteurs opioïdes µ. La morphine, principal alcaloïde de l’opium (Papaver somniferum), est reconnue pour ses propriétés antalgiques et sédatives. Elle se compose de cinq cycles et d’un hydroxyle phénolique en C3, contribuant à sa solubilité et à ses effets analgésiques.
Pharmacologiquement, la morphine a des effets analgésiques, sédatives et euphorisants. Une utilisation prolongée augmente le nombre de récepteurs à la morphine, entraînant tolérance et dépendance. Elle diminue aussi l’activité respiratoire, entraîne un myosis et réduit la sécrétion de certaines hormones.
La morphine, en tant qu’agoniste des récepteurs opioïdes µ, contrôle la douleur et la respiration. Elle provoque également constipation, myosis et euphorie. Elle influence aussi les récepteurs κ (dans l’hypothalamus et la moelle épinière) et δ (dans la moelle épinière), renforçant les effets analgésiques et certains effets secondaires.
Le Pavot d’Amérique possède des propriétés neurosédatives uniques. Il agit comme anxiolytique et sédatif. Il amplifie l’effet des hypnotiques. De même, il prolonge le sommeil, et fonctionne comme antispasmodique et analgésique périphérique. Ces effets résultent d’une augmentation de l’activité de l’acide gamma-aminobutyrique (GABA), due à l’action des alcaloïdes d’E.californica sur les sites de liaison aux benzodiazépines des récepteurs GABA du système nerveux central.
Existe-il des précautions d’emploi concernant l’Eschscholtzia ?
Les Papavéracées sont connues pour leur richesse en alcaloïdes, entraînant une certaine toxicité. Toutefois, le Pavot de Californie présente des toxicités variées liées aux alcaloïdes à différentes concentrations, mais sans cas documenté de toxicité aiguë ou chronique. Les faibles concentrations d’alcaloïdes consommées dans les doses habituelles expliquent probablement l’absence de toxicité significative du Pavot de Californie. Néanmoins, les experts déconseillent son utilisation chez les femmes enceintes à cause de ces alcaloïdes. De plus, les personnes souffrant de glaucome doivent éviter cette plante en raison de la sanguinarine, un alcaloïde principalement présent dans les racines.
L’Eschscholtzia se contre-indique pour les personnes allergiques aux Papavéracées. En présence de glaucome, la prudence recommande un usage très ponctuel en raison de la sanguinarine. L’EMA déconseille son utilisation chez les femmes enceintes ou allaitantes, ainsi que chez les enfants et adolescents de moins de 18 ans, à cause des alcaloïdes.
Les personnes sous inhibiteurs de la monoamine oxydase (IMAO) ou inhibiteurs de la recapture de la sérotonine (IRS), ainsi que celles suivant un traitement antihypertenseur, doivent utiliser cette plante avec prudence. Il est essentiel de consulter un médecin avant de combiner ces médicaments avec la plante. De plus, lors de l’usage de cette plante sédative, il est important d’être prudent lors de la conduite automobile ou de l’utilisation de machines, surtout à haute dose.
Par ailleurs, l’extrait d’Eschscholtzia et ses principaux alcaloïdes, comme la protopine, l’escholtzine, l’allocryptopine et la californidine, inhibent fortement les enzymes CYP3A4, CYP2C9 et CYP2C19, et inhibent de manière réversible le CYP2D6. Cela indique un potentiel d’interaction médicamenteuse avec les traitements métabolisés via ces voies dans le foie.
Comment prendre l’Eschscholtzia et à quel dosage ?
En phytothérapie, les posologies du Pavot d’Amérique (Eschscholtzia) varient selon la forme galénique de la plante. On utilise uniquement les parties aériennes fleuries, qui doivent contenir entre 0,50 et 1,20% d’alcaloïdes totaux. L’Eschscholtzia, tirant son nom de sa Californie natale, combine des alcaloïdes avec des caroténoïdes et flavanoïdes. Cette composition en fait un somnifère naturel efficace pour favoriser l’endormissement. Elle agit également comme anxiolytique et analgésique. La dose recommandée varie selon la partie de la plante utilisée. Pour une posologie adaptée, il est préférable de consulter un médecin.
En raison de son effet sédatif, il est déconseillé de consommer de l’Eschscholtzia avant de conduire. Les femmes enceintes et allaitantes doivent également consulter un médecin avant utilisation. À noter que les alcaloïdes responsables de l’effet anxiolytique de l’Eschscholtzia ne sont pas solubles dans l’eau, rendant les infusions inefficaces pour traiter les anxiétés légères.
Pour faire une infusion de pavot de Californie, utilisez 5 g de parties aériennes séchées. Laissez-les infuser 15 minutes dans une tasse d’eau bouillante et buvez avant de dormir. Prenez 2 gélules de 100 mg d’extrait sec au dîner, et deux autres au coucher. Diluez 100 à 150 gouttes de teinture mère d’Eschscholtzia dans un verre d’eau et buvez-le une heure avant le coucher. L’extrait fluide, plus concentré, se consomme à raison de 15 à 30 gouttes, une à trois fois par jour.
- En complément alimentaire, sous forme d’extrait standardisé de plante fraîche, d’extrait sec, d’extrait aqueux sec, de poudre, en gélules ou comprimés.
- Extrait fluide de plante fraîche standardisé : 5 à 10 ml par jour dans un verre d’eau.
- Extrait fluide hydroalcoolique : 15 à 30 gouttes par prise avec de l’eau 1 à 2 fois par jour.
- Teinture-mère : 100 à 150 gouttes par prise avec de l’eau 1 à 2 fois par jour.
- Infusion : 5 g par tasse de parties aériennes séchées, à laisser infuser pendant 15 minutes.
L’Eschscholtzia en préparation magistrale d’extraits standardisés sous forme liquide (EPS)
Les Extraits Fluides de Plantes Fraîches Standardisés (EPS), innovation du pharmacologiste Daniel Jean, représentent une avancée en phytothérapie moderne. Ces extraits, obtenus par broyage de la plante à -90°C et extraction par lixiviation dans un mélange hydroalcoolique, conservent l’intégrité des molécules actives. Les composés récupérés sont ensuite suspendus dans une solution glycérinée, assurant conservation et stabilité. Chaque lot d’EPS subit des contrôles qualité conformes à la norme ISO 22000, garantissant l’absence de contaminants et une concentration élevée en principes actifs. Ces extraits, utilisables en préparations magistrales et transformables en comprimés ou gélules, offrent une efficacité accrue dans le traitement de diverses conditions comme le stress ou le renforcement de l’immunité. Avec une durée de conservation de 3 mois post-ouverture, les EPS nécessitent une gestion prudente des interactions médicamenteuses, particulièrement chez les femmes enceintes et les personnes âgées.
- En association avec la valériane : Dans les troubles du sommeil, plus particulièrement en cas de difficultés d’endormissement et /ou dans un contexte de rumination, d’hyperidéation mentale, de tensions ou de contractures musculaires, de sevrage de somnifères ou d’anxiolytiques (benzodiazépines), d’anxiété généralisée diurne, de manifestations somatiques d’angoisse.
- En association avec la passiflore : Pour les troubles du sommeil chez un sujet hyperactif et anxieux.
- En association avec le griffonia : Contre l’endormissement difficile, notamment en cas de retard de phase, de sevrage de somnifères de type zopiclone ou zolpidem.
- En association avec le millepertuis : Dans la lutte contre les états anxiodépressifs, avec angoisse diurne et agitation mentale.
- En association avec l’aubépine : Dans l’utilisation d’un traitement de fond de troubles du sommeil du sujet neurotonique avec éréthisme cardiaque, hyperactivité du système sympathique.
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