Le Pin sylvestre (Pinus sylvestris) est une espèce d’arbre originaire des régions montagneuses d’Europe centrale et septentrionale, du nord de l’Asie à l’est de la Sibérie ainsi que du nord du Moyen-Orient. C’est une espèce très variable écologiquement et climatiquement, l’une des espèces les plus importantes des forêts boréales d’Eurasie. Son bois provient d’Europe du Nord ou de Russie et est généralement vendu sous le nom de « Pin du Nord« . L’ancien nom commun avant le XXe siècle était « Pin de Riga« . Les avis sont encore partagés quant à l’origine de son nom « pin » ; pour certains il dérive du mot « pit » (mot indo-européen pour résine), pour d’autres il vient du mot celtique pour résine « pen » (pour tête). En latin, « pinus » désigne plus précisément le pin parasol, et « sylvetris » vient du latin « sylva », qui signifie forêt.
Un peu de mythologie
C’est avec Cybèle que tout débute. Plus phrygienne que Grecque au départ, Cybèle donne naissance à Attis. Mais la relation est trouble entre eux. L’on parle d’inceste. Ce qui expliquerait que Cybèle se soit réfugiée dans un pin comme demeure. Mais dans cette fraction du mythe, ce n’est pas exactement cela qu’on retient. À quel point Cybèle se confond-elle en Attis quand il a été dit que ce dernier était hermaphrodite, qu’en quelque sorte Cybèle se serait sanctuarisée au sein du corps d’Attis ?
Or, pour éviter cet inceste, Attis est castré/émasculé, son sang s’échappe tant de ses blessures qu’il en meurt. Pour mieux renaître, il devient pin. Parfois l’on dit que c’est le cas de Cybèle, mais ils s’entortillent tant tous les deux qu’on est tenté de penser qu’Attis/Cybèle est deux faces d’un même objet divin. Du sang écoulé d’Attis naissent des violettes, fleurs du mois de mars toutes drapées de pruderie, bien timides et non choisies au hasard.
S’il existe une autre figure mythologique associée au pin, c’est bien Dionysos qui, comme Attis, serait d’origine phrygienne. Les hommes, en voyage, transportent dans leurs sacoches une divinité appelée à changer avec le temps et l’espace. Par exemple, à Delphes, on retrouve le culte du pin dédié à Dionysos. Mais plus que le pin, on associe plus souvent la pomme de pin à Dionysos, et c’est cette pomme de pin qui accentue le thyrse qu’il tient dans sa main. Autrement dit, la longueur de cette férule commune tige, une ombellifère très proche du fenouil avec des pommes de pin incrustées dans ses extrémités, thyrse attributs d’autres dieux tels que Thor, Adonis, Danu, Osiris et, bien sûr, Dionysos à Rome homologue de Bacchus.
Un peu d’histoire
Qu’en Grèce antique l’on ait expressément interdit de toucher à la moindre aiguille des pins sacrés en dit long sur le pieux respect qu’avaient les contemporains d’Hippocrate au sujet de ces créatures végétales qu’au Japon l’on croit habitées par des divinités, les kamis, qui investissent, lors des festivités du Nouvel An, les pins que l’on place de part et d’autre de la porte d’entrée des habitations. Ainsi, ces pins abritant les kamis sont-ils censés prodiguer leurs bienfaits durant l’année à venir, appréciant, dit-on, le vert feuillage de ces conifères.
C’est d’ailleurs en raison de ces symboliques de puissance vitale et de bon augure qu’au Japon les temples shintoïstes et les instruments rituels sont fabriqués en bois de pin. Outre son feuillage constamment vert, le pin se distingue par sa « sueur », c’est-à-dire sa résine qui possède la particularité d’être imputrescible, d’où la valeur d’immortalité qu’on a concédée au pin : les taoïstes en mangeaient les graines, les aiguilles et la résine afin de rendre plus légère leur enveloppe charnelle, ce qui est d’une remarquable pertinence sachant l’accointance du pin avec l’élément aérien.
Un siècle plus tard, le perspicace abbé Sébastien Kneipp se disait favorable à la consommation de résine de pin fraîche durant des promenades en forêt, abordant là ce que l’on nommera plus tard sylvothérapie.
Quelles sont les propriétés pharmacologiques de l’essence d’aiguilles de Pin sylvestre ?
Effet antimicrobien :
Antimicrobienne, l’essence de pin sylvestre possède des effets antiseptiques pulmonaires. L’activité antibactérienne de l’α-pinène est démontrée vis-à-vis du staphylocoque doré, d’Escherichia coli, de Proteus mirabilis, de Pseudomonas aeruginosa et de Klebsiella pneumoniae. Antifongique vis-à-vis de Candida albicans et de dermatophytes, l’essence est également antivirale vis-à-vis du virus de l’herpès HSV-1.
Le pin potentialise notamment l’effet antibiotique de la tétracycline sur Staphylococcus aureus. L’alpha-pinène module la résistance aux antibiotiques chez Campylobacter jejuni, diminue la concentration minimale inhibitrice des antibiotiques (ciprofloxacine, érythromycine, triclosan), inhibe les pompes d’efflux microbiennes et altère l’intégrité membranaire ainsi que le métabolisme microbien.
On note une potentialisation de l’effet des antibiotiques ceftazidime, amoxicilline, céfépime, céfoxitine et amikacine sur Escherichia coli.
Effets expectorant et fluidifiant :
Expectorante et fluidifiante, l’α-pinène fluidifie le mucus, facilitant ainsi l’expectoration.
Effet anti-inflammatoire :
Son effet anti-inflammatoire est dû aux carbures MT et aux esters MT. L’essence de pin sylvestre possède une action de stimulation adrénergique et chondroprotectrice.
Autres effets :
- Hormon-like
- Axe hypophyso-corticosurrénal : cortison-like, anti-inflammatoire
- hypophyso-pancréatique : antidiabétique
- hypophyso-gonadique : stimulante sexuelle
- Axe hypophyso-corticosurrénal : cortison-like, anti-inflammatoire
- Tonique stimulante neurotonique et hypertensive (le plus grand tonique physique)
- Balsamique, fluidifiante bronchique
- Décongestionnante lymphatique et utéro-ovarienne
- Active sur le SNA : Ʃ+
- Antispasmodique du β-pinène
- Stimule la microcirculation digestive
- Rubéfiante, analgésique percutanée
- Cicatrisante et anti-inflammatoire locale
L’essence de Pin sylvestre requiert-elle des précautions d’emploi ?
- Éviter en association avec la cortisone, risque d’interaction médicamenteuse
- Ne pas utiliser sur une période prolongée, au risque de mettre au repos l’axe hypophyso-surrénalien et de subir une insuffisance surrénalienne aiguë à l’arrêt de la prise de l’huile essentielle
- Éviter d’appliquer l’huile essentielle le soir (ou avant toute période de repos)
- Déconseillée chez les personnes souffrant d’ostéoporose, en raison du risque de décalcification inhérent
- Dermocausticité à l’état pur, dilution requise
- Éviter en inhalation humide
- Épileptisante à haute dose
- Contre-indiquée chez l’enfant de moins de 7 ans
- Contre-indiquée chez la femme enceinte (le limonène induit des contractions utérines) ou allaitante
- Prudence en cas d’insuffisance rénale per os (néphrotoxique)
- L’α-pinène est un inhibiteur enzymatique, risque d’interactions médicamenteuses, demandez conseil à votre pharmacien
- Contre-indiquée chez les asthmatiques
Sources bibliographiques médicales et essais cliniques :
- Freitas PR, de Araújo ACJ, Barbosa CR, Muniz DF, Tintino SR, Ribeiro-Filho J, Siqueira Júnior JP, Filho JMB, de Sousa GR, Coutinho HDM. Inhibition of Efflux Pumps by Monoterpene (α-pinene) and Impact on Staphylococcus aureus Resistance to Tetracycline and Erythromycin. Curr Drug Metab. 2021
- Kovač J, Šimunović K, Wu Z, Klančnik A, Bu car F, Zhang Q, Možina SS. Antibiotic resistance modulation and modes of action of (-)-alpha-pinene in Campylobacter jejuni. PLoS One. 2015
- Amaral FLE, Farias TC, de Brito RC, de Melo TR, Ferreira PB, Lima ZN, da Silva FFM, Ferreira SB. Effect of the Association and Evaluation of the Induction to Adaptation of the (+)-α-pinene with Commercial Antimicrobials against Strains of Escherichia coli. Curr Top Med Chem. 2020
- Martin S, Padilla E, Ocete MA, Galvez J, Jimenez J, Zarzuelo A. Anti-inflammatory activity of the essential oil of Bupleurum fruticescens. Planta Med. 1993
- Rufino AT, Ribeiro M, Judas F, Salgueiro L, Lopes MC, Cavaleiro C, Mendes AF. Anti-inflammatory and chondroprotective activity of (+)-α-pinene: structural and enantiomeric selectivity. J Nat Prod. 2014