L’huile essentielle de Basilic sacré, une simple élevée au rang de divinité

Pour bien comprendre la dimension sacrée qui auréole ce basilic, il importe de le faire revenir sur ses pas, et de nous rendre sur sa terre originelle, c’est-à-dire l’Inde. Là-bas, le basilic est tout aussi sacré que la verveine l’était pour les Romains, sinon davantage encore. On y élève de tout petits « temples », ainsi que de véritables autels cernés de murs et de piliers, en l’honneur de cette plante à laquelle on s’adresse comme s’il s’agissait d’une divinité.

Un peu d’histoire

Surtout connu pour son huile essentielle, le basilic sacré fait l’objet d’un large emploi phytothérapeutique dans le sous-continent indien depuis des millénaires, où la médecine ayurvédique l’utilise aussi bien cuit que cru.

Voici comment les Hindous conçoivent leur relation spéciale à cette plante, d’après les observations de l’ecclésiastique Vincenzo Maria da Santa Caterina qui se rendit sur place au XVIIe siècle : « Ils ont grand soin de cette herbe ; devant elle, ils murmurent plusieurs fois par jour leur prière, en se prosternant souvent, en chantant, en dansant, en l’arrosant avec de l’eau. Sur les rivages des fleuves où ils vont se baigner, on en voit en grande quantité ; ils croient en effet que les dieux aiment particulièrement cette herbe, et que le dieu Ganavedi (Ganeça) y demeure continuellement. Lorsqu’ils voyagent, à défaut de cette plante, ils la dessinent sur le terrain avec sa racine, voilà comment s’explique qu’au bord de la mer, on remarque si souvent de pareilles figures tracées sur le sable ».

C’est vrai qu’en terme de dieux, le tulasî n’est lié pas moins qu’à Lakshmî et à Vishnou, et cette herbe ceint le front de bien d’autres divinités du panthéon hindou, sachant que son parfum raffiné reste associé à la puissance divine. Plante féconde et fécondante, le tulasî est invoqué pour la protection de toutes les parties du corps humain, de la tête jusqu’aux pieds, et à chacune d’elles correspond une prière bien distincte. L’incomparable tulasî intervient aussi bien pour la vie que pour la mort. C’est une plante immortelle « qui contient en elle toutes les perfections, qui éloigne les maux, qui purifie et qui guide au paradis céleste ceux qui la cultivent ».

Quelles sont les propriétés pharmacologiques de l’huile essentielle de parties aériennes de basilic sacré ?

Propriété antimicrobienne et antiparasitaire :

Immunostimulante, l’huile essentielle de basilic sacré est aussi antifongique, vis-à-vis de Cladosporium herbarum et Penicillium glabrum, vis-à-vis de Candida, Aspergillus & dermatophytes (y compris résistants au fluconazole) par lésion de la membrane cellulaire et entraine une réduction considérable de la quantité d’ergostérol, un composant spécifique de la membrane cellulaire fungique.

Le basilic sacré est également antibactérien, l’eugénol est actif contre Trichomonas vaginalis, Helicobacter pylori, Listeria monocytogenes, Escherichia coli et mycoplasmes (Ureaplasma sp). Son effet est synergique en association avec les antibiotiques.

Antivirale vis-à-vis d’herpès virus, cette huile essentielle est par ailleurs répulsive vis-à-vis d’Aedes aegypti et anthelminthique par l’eugénol qu’elle contient.

Propriété analgésique et anti-inflammatoire :

Analgésique par effet médié des récepteurs alpha2-adrénergiques et opioïdes, l’huile essentielle de basilic sacré possède un effet favorable dans la douleur neuropathique, les maladies neurodégénératives et métaboliques.

Ligand pour les récepteurs cannabinoïdes de type 2 (CB2), sans les effets psychotropes des cannabinoïdes de type 1 (CB1) et agoniste naturel des récepteurs endogènes des cannabinoïdes 2 (CB-2) qui induisent des effets anti-inflammatoires, le basilic sacré prévient la néphrotoxicité induite par le cisplatine (par une voie dépendante du récepteur CB-2) et diminue la cardiotoxicité de la doxorubicine par un mécanisme similaire, ce qui fait de lui en conséquence un potentiel thérapeutique énorme pour une multitude de maladies associées à l’inflammation et au stress oxydatif, en raison de son excellent profil d’innocuité chez l’homme.

Anti-inflammatoire par inhibition de la Cox-2, cette huile essentielle inhibe la synthèse de prostaglandines, notamment par la muqueuse du colon. Antiarthritique, elle est également un agent préventif du cancer. Le β-caryophyllène interfère dans plusieurs cascades de signalisation engendrant des tumeurs et serait, au même titre que l’eugénol, un candidat en tant qu’agent préventif et curatif de certains types de cancers.

Ses effets immunomodulateurs et anti-inflammatoires, s’expliquent par le biais de l’eugénol qui inhibe la voie du NF-κB.

Propriété sur le système nerveux central :

Parasympatholytique et sympatholytique, l’huile essentielle de basilic sacré est hypotensive par effet vasodilatateur périphérique. Elle prévient la réduction de dopamine dans le striatum, et prévient de la lipoperoxydation, ce qui engendre un effet potentiel dans la maladie de Parkinson, ainsi que neuroprotecteur dans la sclérose en plaques.

Anxiolytique, sans effet sur les récepteurs aux benzodiazépines, c’est un antagoniste puissant des récepteurs nicotiniques de l’acétylcholine (α7-nAChRs) et dépourvu d’effets médiés par les récepteurs sérotoninergiques et GABAergiques.

Autres propriétés :

  • Spasmolytique, anti convulsivante
  • Antioxydante et protectrice de l’ADN
  • Antiagrégante
  • Effet anti-ostrogénique
  • Pourrait aider à réduire la consommation alcoolique
  • Effet inotrope négatif par effet calcium-bloqueur

L’huile essentielle de Basilic sacré requiert-elle des précautions d’emploi ?

  • Contre-indiquée chez la femme enceinte ou allaitante
  • Contre-indiquée chez l’enfant de moins de 12 ans
  • Pas plus de 10 jours d’utilisation (risque de mutagénicité et de carcinogénicité au long cours et/ou à fortes doses)
  • Interactions médicamenteuses avec les huiles essentielles contenant des cétones à plus de 10 %
  • Contenant des phénols et des sesquiterpènes, risque d’auto toxicité par interactions moléculaires
  • Dermocaustique à l’état pur, dilution requise
  • Prudence en cas de gastrite et d’ulcère per os
  • Ne pas diffuser, ni mettre dans l’eau du bain
  • Pas d’inhalation humide
  • La métabolisation hépatique peut provoquer une hépato toxicité au long cours ou à fortes doses, il convient de toujours la diluer et de l’ associer avec d’autres huiles essentielles bien tolérées, afin de « couper » et de diminuer sa proportion dans le mélange final par voie orale
  • Interdite chez les animaux

Sources bibliographiques médicales et essais cliniques :

 

Clémentine. M.
Rédactrice d’articles scientifiques
Naturopathe – Aromathérapeute / Herboriste – Phytothérapeute
Consultante en phyto-aromathérapie Clinique et Ethnomédecine

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