Qualifiés de drogues précieuses, la myrrhe et l’encens sont utilisés pour la fumigation, l’embaumement luxueux, l’onction et d’autres rituels liturgiques, apparaissant dans les papyrus, les Vedas, le Coran, ainsi que de nombreux autres écrits importants.
Un peu de mythologie
Bien que, selon la mythologie grecque, les Égyptiens voyaient la symbolisation des larmes d’Horus dans la myrrhe, cette dernière serait née de la relation incestueuse de Myrrha avec son père Cinyrus. C’est la déesse Aphrodite, qui, jalouse de la beauté de la jeune fille, insuffla en elle l’inepte idée de l’inceste. Quand son père s’est rendu compte de la faute à laquelle sa fille l’avait poussé à commettre, il l’a poursuivie pour la tuer. Implorant les dieux de l’épargner, ceux-ci la transformèrent en arbre à myrrhe, aux larmes de résine odorante.
Un peu d’histoire
Du temps de l’Égypte pharaonienne, les larmes de myrrhe étaient tant sollicitées qu’elles servaient notamment de monnaie d’échange contre des pierres précieuses. Les Anciens pensaient qu’elles avaient des pouvoirs sur le corps éthérique, mais également sur le corps astral.
La Reine de Saba faisait en outre déjà un commerce très prospère de l’huile essentielle de myrrhe, il y a plus d’un millénaire avant notre ère.
Il y a près de trente-cinq siècles de cela, la reine égyptienne Hatchepsout organisa des expéditions sur la côte des Somalis pour en importer de l’or, de l’ébène, de l’ivoire, des animaux, mais par-dessus tout de la myrrhe, cette gomme résineuse qui peut naturellement exsuder d’un petit arbuste que l’on appelle communément arbre à myrrhe.
Les effets antifongiques et bactéricides de la myrrhe intéressèrent par ailleurs de près les embaumeurs égyptiens. Cette matière végétale fut très étroitement liée à la mort, puisque les bandelettes utilisées lors des embaumements étaient abondamment imprégnées de myrrhe. Il est somme toute normal que les Égyptiens vissent en elle matière à embaumement et qu’elle fut retrouvée bien plus tard dans de nombreux sarcophages. La myrrhe est donc liée « à l’énergie nocturne, à l’obscurité et à la mort, car elle servait à l’embaumement des défunts en vue de leur assurer la vie éternelle au pays du soleil couchant. »
Quelles sont les propriétés pharmacologiques de l’huile essentielle de résine de Myrrhe amère ?
Effets anti-inflammatoire, analgésique et antioxydant :
La résine a une action antidouleur comparable à celle de la morphine dans le test de la plaque chauffante et du writhing ; le furanoeudesma-1,3-diène et la curzérénone, isolés de la résine, se fixent notamment sur les récepteurs opioïdes et constituent de fait les principes actifs de l’effet analgésique majeur.
Anti-inflammatoire, l’huile essentielle de myrrhe bloque l’interleukine 1.
Effet antimicrobien :
Les sesquiterpènes sont antibactériens vis-à-vis du staphylocoque doré, de Pseudomonas aeruginosa et d’Escherichia ainsi qu’antifongiques sur Candida albicans. L’huile essentielle est antivirale.
Autres effets :
- Calmante, endocrinienne
- Hormon-like (thyréomodulatrice, anaphrodisiaque)
- Antidégénérative
- Désclérosante
- Immunostimulante (virus)
- Cicatrisante
- Action centrale sur les rythmes :
- Réordonnancement
- Restructurante intérieure (physique, biologique, immunitaire, émotionnelle et psychologique)
- Harmonisante du système nerveux central
- Propriétés anticancéreuses de très nombreux dérivés (sesquiterpènes)
L’huile essentielle de Myrrhe amère requiert-elle des précautions d’emploi ?
- Réservée à l’adulte
- Contre-indiquée chez la femme enceinte ou allaitante
- Ne pas avaler !
- Huile essentielle cytotoxique, mais non génotoxique
- Ne pas diffuser ni inhaler (sauf inhalation humide)
- Pas d’usage interne
- Interactions médicamenteuses avec les huiles essentielles contenant des cétones ou des phénols à plus de 10%
- Prudence dans les pathologies hormonodépendantes
Sources bibliographiques médicales et essais cliniques :
- Modzelewska A, Sur S, Kumar SK, Khan SR. Sesquiterpenes: natural products that decrease cancer growth. Curr Med Chem Anticancer Agents. 2005
- Rahman MM, Garvey M, Piddock LJ, Gibbons S. Antibacterial terpenes from the oleo-resin of Commiphora car molmol (Engl.). Phytother Res. 2008
- Anand S, Rajan M, Venkateshbabu N, Kandaswamy D, Shravya Y, Rajeswari K. Evaluation of the Antibacterial Efficacy of Azadirachta Indica, Commiphora Myrrha, Glycyrrhiza Glabra Against Enterococcus Faecalis using Real Time PCR. Open Dent J. 2016
- Dolara P, Corte B, Ghelardini Car, Pugliese AM, Cerbai E, Menichetti S, Lo Nostro A. Local anaesthetic, antibacterial and antifungal properties of sesquiterpenes from myrrh. Planta Med. 2000
- El-Sherbiny GM, el Sherbiny ET. The Effect of Commiphora molmol (Myrrh) in Treatment of Trichomoniasis vaginalis infection. Iranian Red Crescent Medical Journal. 2011
- Al-Harbi MM, Qureshi S, Raza M, Ahmed MM, Afzal M, Shah AH. Gastric antiulcer and cytoprotective effect of Commiphora molmol in rats. J Ethnopharmacol. 1997
- Su S, Wang T, Duan JA, Zhou W, Hua YQ, Tang YP, Yu L, Qian DW. Anti-inflammatory car and analgesic activity of different extracts of Commiphora myrrha. J Ethnopharmacol. 2011
- Nikolic M, Smiljkovic M, Markovic T, et al. Sensitivity of clinical isolates of Candida to essential oils from Burseraceae family. EXCLI Journal. 2016
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