Huile essentielle de myrte rouge, prince des végétaux odorants

Le myrte rouge (Myrtus communis var. tarentina) est une plante emblématique de la Méditerranée, qui possède des propriétés aromatiques et thérapeutiques exceptionnelles. Parmi les trésors olfactifs et thérapeutiques que nous offre le monde des huiles essentielles, l’huile essentielle de myrte rouge occupe une place de choix. Dans cet article, nous allons explorer les différentes facettes de cette huile essentielle, de sa composition chimique à ses bienfaits pour la santé, en passant par ses utilisations en aromathérapie.

Un peu de mythologie

Tantôt dédiée à Artémis, tantôt à Hadès, Mars ou encore Dionysos, la riche mythologie de la civilisation grecque nous transmet l’origine végétale du myrte. Né d’une querelle entre Athéna et la nymphe Myrsiné, qui se vantait de pouvoir battre la déesse à la course, Athéna métamorphosa par jalousie cette dernière en myrte.

Un peu d’histoire

Le myrte fut très important pour la plupart des peuples et civilisations qui bordent la côte du sud, car il pousse à l’état sauvage en Corse, en Italie, au Maghreb, en Égypte, dans les Balkans et plus encore. Il a en effet maintenu une relation symbiotique avec les patries de peuples tels que la Perse, l’Égypte et la Grèce. Hippocrate préconisait de se baigner avec du myrte pour arrêter l’écoulement du sang menstruel des femmes, tandis que Théophraste a favorisé le myrte égyptien, qui, selon lui, était plus doux.

Pline nota que le myrte possédait des propriétés digestives, antisudorifiques et astringentes, notamment en cas de diarrhée, de leucorrhée et de saignement. Le myrte fut complètement délaissé tout au long du Moyen Âge, il fallut attendre le XVIe siècle pour que Matthiole le remette sur le devant de la scène. Pour lui, le myrte était en fait un fortifiant stomacal populaire pendant les épisodes d’entérite et de dysenterie, un tonique cardiaque et un remède contre les affections cutanées comme l’érysipèle et l’herpès.

Quelles sont les propriétés pharmacologiques de l’huile essentielle de rameaux de Myrte rouge ?

L’huile essentielle de rameaux de myrte rouge est une huile essentielle polyvalente, qui possède de nombreuses propriétés pharmacologiques bénéfiques pour la santé. Dans cette section de l’article, nous allons explorer en détail les différentes propriétés pharmacologiques de cette huile essentielle, ainsi que les preuves scientifiques qui les soutiennent.

Effets expectorant et mucolytique :

Le 1,8 cinéole contenu dans l’huile essentielle de myrte rouge stimule les glandes exocrines des muqueuses respiratoires. Anticatarrhale ainsi qu’expectorante, elle est notamment active sur la sphère broncho-pulmonaire :

  • Décongestive
  • Antitussive
  • Traite des affections profondes, sur les gros troncs pulmonaires et la trachée
  • Décongestionnante prostatique, lymphatique ainsi que veineuse des gros troncs
  • Libère des stases, dans les ralentissements métaboliques
  • Oxygénante respiratoire
  • Sécrétolytique
  • Mucolytique

Cette huile est également antitussive et balsamique. Elle augmente en effet la cinétique du transport muco-ciliaire dans les sinus.

Effet antimicrobien :

Antibactérienne vis-à-vis de Staphylococcus aureus résistant à la méthicilline, antivirale et antifongique notamment vis-à-vis d’Aspergillus, puis inhibant la formation de biofilm chez Candida albicans, l’huile essentielle de myrte rouge potentialise l’effet antibiotique de la tétracycline sur Staphylococcus aureus en agissant sur les pompes d’efflux.

L’alpha-pinène qu’elle contient module la résistance aux antibiotiques chez Campylobacter jejuni, diminue la concentration minimale inhibitrice des antibiotiques (ciprofloxacine, érythromycine, triclosan), et inhibe les pompes d’efflux microbiennes, altérant ainsi l’intégrité membranaire ainsi que le métabolisme microbien.

Effet anti-inflammatoire :

Le 1,8 cinéole a notamment démontré in vitro son effet anti-inflammatoire sur des globules blancs (monocytes) vis-à-vis d’inducteurs de l’inflammation comme l’interleukine-1β. Les médiateurs de la réaction inflammatoire, comme les métabolites de l’acide arachidonique, les leucotriènes B, le thromboxane-B et les prostaglandines E sont significativement diminués au niveau pulmonaire, ainsi que le TNF-α (tumor necrosis factor).

Anti-inflammatoire, avec une action de stimulation adrénergique, l’alpha-pinène est également chondroprotectrice.

Effet antispasmodique :

En outre, le myrte est antispasmodique par action sur les muscles lisses de la trachée vis-à-vis de l’acétylcholine.

Effets insecticide et antiparasitaire :

L’huile essentielle détruit les larves de trois espèces de moustiques culex (vecteurs de nombreuses maladies virales et parasitaires) ainsi que les poux de la tête. L’huile essentielle de myrte a aussi montré un effet contre Plasmodium falciparum impliqué dans la malaria.

Autres effets de la myrte rouge:

  • Hormon-like (thyroïde, ovaire)
  • Action veinotonique, lymphotonique et décongestionnante de la prostate
  • Antioxydante
  • Propriétés anticancéreuses, active les cellules NK et augmente leur cytotoxicité
  • Effets sédatif et inducteur du sommeil

L’huile essentielle de Myrte rouge requiert-elle des précautions d’emploi ?

  • Contre-indiquée chez la femme enceinte ou allaitante
  • Réservée à l’adulte (risque de convulsion chez l’enfant)
  • Ne pas diffuser (irritante pour les voies respiratoires)
  • Prudence en cas d’insuffisance rénale per os (néphrotoxique)
  • Ne pas associer avec la cortisone, risque d’interaction médicamenteuse
  • L’α-pinène est un inhibiteur enzymatique, risque d’interactions médicamenteuses, demandez conseil à votre pharmacien
  • Contre-indiquée chez les asthmatiques
  • Interdite chez les animaux
  • Voie orale uniquement sur prescription médicale
  • Déconseillée en cas d’antécédent de convulsions ainsi que de traitement antiépileptique
  • Pas d’utilisation prolongée, deux semaines consécutives au maximum
  • Dermocaustique, dilution requise
  • Prudence dans les pathologies hormonodépendantes

Sources bibliographiques médicales et essais cliniques :

Clémentine. M.
Rédactrice d’articles scientifiques
Naturopathe – Aromathérapeute / Herboriste – Phytothérapeute
Consultante en phyto-aromathérapie Clinique et Ethnomédecine

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