Également appelé « herbe royale », le basilic est reconnu pour ses nombreuses propriétés médicinales. Avant d’atterrir dans le creuset des distillateurs de l’ancien temps, le basilic a parcouru un long chemin. L’adjectif « tropical », au reste, est là pour nous rappeler sa provenance, car en effet, le basilic tropical est bel et bien originaire du sous-continent indien.
Un peu d’histoire
Il y a plus de 4000 ans, le basilic est parti de l’Inde pour se propager en Asie et jusqu’en Égypte (le basilic servait entre autres aux rites funéraires, chez les égyptiens notamment). De là, il est remonté jusqu’à Rome et s’est par conséquent étendu à toute l’Europe méridionale. Il n’atteint l’Angleterre qu’au XVIe siècle et touche l’Amérique un siècle plus tard avec les premiers émigrants. Son nom vient du grec « basileus », qui veut dire roi. De nombreux peuples de l’Antiquité en firent une plante sacrée, comme les Romains ou encore les Gaulois qui la disaient capable de guérir les plaies et les coups. Ils cueillaient le basilic en été, en pleine floraison, lors de cérémonies.
En Grèce, après y avoir été probablement rapporté par Alexandre le Grand au IVe siècle avant J.-C., la culture du basilic prend aussitôt, et suivra de près ce mouvement en Rome impériale. Cela explique qu’on puisse découvrir le basilic dans les vieux traités médicaux et agronomiques de l’Antiquité gréco-romaine. L’Europe centrale devra attendre le XIIe siècle pour voir son implantation.
On sait que cette plante fit partie du jardin des simples d’Hildegarde de Bingen au XIIe siècle. Elle en élabora un vin fébrifuge et le fit participer à sa recette de l’onguent d’Hilaire l’Égyptien, un onguent antalgique intervenant en cas de paralysie et de difficultés d’élocution entre autres. Platearius, de l’école de Salerne, indiquait au même siècle les vertus emménagogues du basilic, suivi de près par Bernard de Gordon qui en signalait la présence à l’école de médecine de Montpellier au XIIIe siècle, l’employant face à la manie et la mélancolie.
Il faudra attendre le début du XVIe siècle pour que l’on parle enfin de l’essence de basilic, en particulier dans le Traité de la distillation (1506) de Hieronymus Brunschwig.
Quelles sont les propriétés pharmacologiques de l’huile essentielle de parties aériennes de basilic tropical ?
L’huile essentielle de basilic tropical est connue pour ses propriétés thérapeutiques et médicinales, mais quelles sont exactement ses propriétés pharmacologiques ? Dans cette section, nous explorerons en détail les propriétés pharmacologiques de l’huile essentielle de parties aériennes de basilic tropical et comment elle peut être utilisée pour améliorer votre santé et votre bien-être.
Propriété antispasmodique :
Le linanol s’oppose à la libération de l’acétylcholine et réduit les contractions musculaires. De plus, il interfère sur les canaux calciques au niveau de la jonction neuromusculaire et réduit la contraction des muscles striés et induit une action anesthésique locale. L’huile essentielle de basilic exotique est de fait une antispasmodique musculotrope puissante et se révèle être 3 fois plus puissante que le Spasfon. Active sur le système nerveux autonome (pƩ-), elle est également une spasmolytique intestinale.
Propriété analgésique et anti-inflammatoire :
Le linalol se fixe sur les récepteurs opioïdes et exerce une action analgésique de type opioïde. Il réduit l’œdème provoqué par la carragénine démontrant une action anti-inflammatoire. Son activité anti-inflammatoire a été démontré dans la polyarthrite rhumatoïde et l’arthrite mais pas dans l’arthrose.
Propriété antimicrobienne et antiparasitaire :
L’action antibactérienne est démontrée in vitro vis-à-vis de Campylobacter jejuni, Escherichia coli, Listeria monocytogenes, Staphylococcus aureus et sur Pseudomonas sp. Il est également actif sur Giardia lamblia, Leishmania amazonensis et les poux.
Insecticide, le méthylchavicol est toxique vis-à-vis d’insectes ravageurs comme Lasioderma serricorne (rillette du tabac), Oryzaephilus surinamensis (silvain ou cucujide dentelé), Ephestia kuehniella, Plodia interpunctella, Tribolium castaneum, et d’autres.
Le basilic tropical est par ailleurs antifongique sur candida albicans.
Propriété sur le système nerveux central :
Le linalol exerce une action complexe; stimulante en favorisant l’apprentissage et la mémorisation grâce à son action sur les récepteurs nicotiniques; sédative en réduisant l’activité motrice et potentialisant le sommeil; anticonvulsivante en diminuant la libération de la glutamate, un médiateur stimulant le cerveau; il agit sur le NDMA, le récepteur du glutamate en réduisant la transmission nerveuse, induisant ainsi un effet antiépileptique.
Antistress, l’huile essentielle de basilic tropical est aussi rééquilibrante nerveuse, calmante pour les hypertoniques et tonique pour les asthéniques. Elle peut cependant être stupéfiante, positivante et neuro-régulatrice du système neurovégétatif. On lui confère notamment une certaine efficacité sur les pertes de mémoire liées à la fatigue.
En résumé, elle est tonifiante et neurotonique (à l’inverse des esters apaisants), à doses faibles, l’effet s’inversant pour des doses plus élevées.
Autres propriétés :
- Hépatique (cholagogue et décongestionnant hépatique)
- Antiallergique (quelle que soit l’expression locale du type d’allergie)
- Antivirale (hépatites virales)
- Anthelminthique
- Normalise la flore intestinale
- Tonique digestive et hépatobiliaire
L’huile essentielle de Basilic tropical requiert-elle des précautions d’emploi ?
- Irritation cutanée possible, à concentration élevée : rappelons que le méthyl chavicol dérive d’un phénol (diluer dans 50% d’huile végétale)
- Contre-indiquée chez la femme enceinte ou allaitante
- Réservée à l’adulte
- Ne pas diffuser, ni inhaler, ni mettre dans le bain
- Ne pas avaler
- Usage cutané seul préconisé
- Nocive en cas d’ingestion, toxicité aiguë, par voie orale
- Peut provoquer une allergie cutanée
Sources bibliographiques médicales et essais cliniques :
- Rabbani, M., Sajjadi, S. E., & Vaezi, A. (2015). Evaluation of anxiolytic and sedative effect of essential oil and hydroalcoholic extract of Ocimum basilicum L. and chemical composition of its essential oil
- Seung-Joo Lee, Katumi Umano, Takayuki Shibamoto, Kwang-Geun Lee. Identification of volatile components in basil (Ocimum basilicum L.) and thyme leaves(Thymus vulgaris L.) and their antioxidant properties, 2005
- Pascal Fandohan, Joachim D. Gbenou, Benoit Gnonlonfin, Kerstin Hell, Walter F. O. Marasas, Michael J. Wingfield. Effect of Essential Oils on the Growth of Fusarium verticillioides and Fumonisin Contamination in Corn. J. Agric. Food Chem., 2004
- Wan J, Wilcock A, Coventry MJ. The effect of essential oils of basil on the growth of Aeromonas hydrophila and Pseudomonas fluorescens. J Appl Microbiol, 1998