Le Caralluma, le prince de la satiété

Les fleurs de caralluma dégagent une telle odeur putride que les nomades arabes la surnommèrent qahr al-luhum (plaie charnelle, abcès). Au fil du temps et des échanges commerciaux, la plante arriva en Occident où son nom fut latinisé en Caralluma. C’est une plante dite « succulente » : elle est capable d’emmagasiner de l’eau dans ses tiges et ses feuilles. De fait, elle était traditionnellement utilisée par les Indiens pour étancher la soif, mais aussi réduire ou supprimer l’appétit, et augmenter la résistance durant les périodes de chasse.

Qu’est ce que le Caralluma ?

Utilisée en médecine ayurvédique, le caralluma est malgré tout considéré comme un aliment en Inde, où il pousse de manière sauvage dans plusieurs régions et où les populations rurales l’ont toujours consommé. La plante est généralement préparée et employée comme un légume, cru, cuit ou mis en conserve. Elle est parfois utilisée comme « aliment de famine » pendant les périodes de pénurie alimentaire.

La Caralluma, de son nom latin Caralluma adscendens (Roxb.) Haw, également connue sous les appellations Caralluma fimbriata Wall. et Caralluma attenuata Wight, appartient à la famille botanique des Apocynaceae (ou Asclepiadaceae), sous-famille des Asclepiadoideae.

Cette plante succulente, originaire d’Inde, se caractérise par des fleurs aux couleurs variées : noires, pourpres, jaunes ou rouges, apparaissant en été ou en automne. Elle possède des tiges angulaires et des feuilles rudimentaires, ressemblant à des épines. La Caralluma se répand de l’Inde et du Sri Lanka jusqu’à la péninsule Arabique, l’Afrique du Nord et le Sahel.

Historiquement, la Caralluma a été utilisée pour ses vertus magiques dans l’exorcisme de la maladie et en médecine traditionnelle pour traiter les troubles gastriques et les parasitoses. Son nom arabe, qahr al-luhum, faisant allusion à une ‘plaie charnelle’ ou ‘abcès’, évoque l’odeur putride de ses fleurs.

Les composants principaux de la Caralluma incluent des glycosides de prégnane (caratubérsides A et B, boucérosides), des glycosides de flavone et de mégastigmane, ainsi que de la lutéoline-4’-0-néohespéridoside, du lupéol et du béta-sitostérol. Elle contient également des saponosides.

Quelles sont les principales propriétés pharmacologiques des parties aériennes de Caralluma ?

Effet modérateur de l’appétit

Caralluma adscendens est de la même famille que Hoodia gordonii, cactus venu d’Afrique du Sud, connu pour ses effets positifs sur la satiété. Leur mode d’action pour réduire la faim est similaire. Les composés responsables de cette action semblent être les glycosides de prégnane.

Ces principes actifs, abondants dans le caralluma, envoient un signal de satiété au cerveau et plus précisément à l’hypothalamus, responsable du contrôle de la faim, ce qui explique l’action coupe-faim du caralluma.

Propriétés lipolytiques

Les glycosides de prégnage du caralluma inhibent le stockage des graisses. Ils agissent sur des enzymes de la lipogenèse, comme la citrate lyase.

Une étude, mentionnée par l’Institut Européen des Substances Végétales (IESV), a évalué l’activité lipolytique du caralluma. Elle a porté sur un extrait fluide de plantes fraîches standardisé, en solution glycérinée, testé sur des tissus adipeux en culture (ex vivo). Cette étude d’une durée de 10 jours suivait le protocole suivant :

  • Traitement équivalent à 10ml/jour chez un individu de 90 kg
  • Dosage des lipides excrétés (dans le milieu)
  • Analyse morphologique des adipocytes

Les résultats ont révélé une augmentation de l’excrétion des acides gras de 92 %. Ils ont également montré une diminution significative de la taille des adipocytes. Ces observations suggèrent un effet lipolytique du caralluma.

Par ailleurs, une étude in vitro a démontré que des extraits de caralluma à différentes concentrations inhibent la division des cellules pré-adipocytaires. Cette inhibition limite le développement des adipocytes.

Propriétés hypoglycémiantes et métaboliques

Suite à plusieurs études, le caralluma diminue la prise alimentaire de façon dose-dépendante, mais protège contre l’athérosclérose et améliore le profil lipidique sanguin. Il contribue également à réduire le tour de taille, comme l’indique une étude australienne de 2013. D’où son intérêt dans la prévention cardio-vasculaire du sujet obèse ou en surpoids.

Le caralluma est reconnu pour sa capacité à limiter la lipogenèse, c’est-à-dire la formation de cellules graisseuses dans l’organisme. Ses propriétés anti-œdèmes, anti-inflammatoires et lipolytiques sont bénéfiques pour drainer l’organisme et contribuer à l’élimination de la cellulite. La plante favorise l’élimination des cellules graisseuses tout en en limitant la production.

Le caralluma aide à traiter le lipœdème. Cette affection se manifeste par une accumulation de cellules adipeuses sous la peau des membres inférieurs. Elle touche principalement les femmes. Pour renforcer son efficacité, on peut l’associer à l’orthosiphon et à la piloselle. Ces plantes facilitent le drainage lymphatique.

Enfin, le caralluma agit positivement sur la glycémie, le taux de sucre dans le sang. Il est donc utile dans la gestion du syndrome métabolique (résistance à l’insuline) et des morphologies caractérisées par un ventre « rond », comme le souligne une experte.

Autres propriétés

Une revue de la littérature de 2014 souligne l’efficacité du Caralluma. Elle met en évidence ses activités pharmacologiques in vitro et in vivo. Ces activités comprennent des propriétés antimicrobiennes, antioxydantes et anticancéreuses. Cette bioactivité s’explique probablement par la présence de glycosides de prégnane, de glycosides de flavonoïdes et de flavones dans le caralluma.

En particulier, une étude de 2019 a montré que l’extrait hydrométhanolique de Caralluma adscendens var. attenuata exerce un effet cytotoxique à médiation apoptotique sur des lignées cellulaires cancéreuses du colon et du foie.

Existe-il des précautions d’emploi concernant le Caralluma ?

Le caralluma ne présente pas de toxicité connue. Toutefois, par précaution et faute d’études suffisantes, son utilisation est déconseillée pour les femmes enceintes ou allaitantes et les enfants de moins de 12 ans. Malgré l’absence de signalement d’interactions médicamenteuses, il reste prudent de consulter un médecin ou un pharmacien. Cette précaution est particulièrement importante avant de commencer un traitement phytothérapeutique, surtout si vous êtes déjà sous médication. La durée du traitement ne doit pas dépasser les recommandations du praticien.

Les effets secondaires liés à la prise de caralluma peuvent inclure des douleurs d’estomac, des gaz intestinaux, de la constipation ou des diarrhées. Ces symptômes représentent les principaux désagréments possibles lors de son utilisation.

Comment prendre le Caralluma et à quel dosage ?

Le caralluma se présente sous forme d’extrait fluide de plantes fraîches standardisés (EPS), préparé en solution glycérinée. Des plantes soigneusement sélectionnées et tracées donnent naissance à ces extraits grâce à un procédé breveté préservant l’intégrité de la plante. Cette standardisation assure une teneur constante et stable en principes actifs.

Un praticien naturopathe, un médecin ou un pharmacien détermine le volume d’EPS nécessaire selon les besoins spécifiques de chaque individu. La posologie habituelle du caralluma est de 5 ml d’EPS, à prendre 1 à 2 fois par jour pendant 21 jours. Ce traitement est renouvelable selon les besoins et adapté à chaque personne. Il est recommandé de diluer l’EPS dans un verre d’eau et de le consommer 10 minutes avant le repas, idéalement le matin et le soir.

Le Caralluma en préparation magistrale d’extraits standardisés sous forme liquide (EPS)

Les formulations phytothérapeutiques connues sous le nom d’Extraits de Plantes fraîches Standardisés (EPS) suivent le procédé d’extraction Phytostandard. Le pharmacologiste Daniel Jean a développé ce procédé dans les années 1990, et la commercialisation de ces extraits a débuté au début des années 2000.

L’EPS est classé comme médicament de plante en raison de son action pharmacologique. Il sert de matière première pour des préparations magistrales en officine, acquérant de ce fait une Autorisation de Mise sur le Marché (AMM).

Sources bibliographiques médicales et essais cliniques

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