Il existe un déclin hormonal vers la fin de la période d’activité génitale féminine; au fur et à mesure des années, et notamment à partir de 40 ans environ, les carences en hormones sexuelles se succèdent chez la femme à un rythme et une intensité variable d’une personne à l’autre. Les taux de progestérone commencent à varier à partir de la trentaine, et puis sont suivis, à l’approche des 50 ans, d’une diminution puis d’un effondrement des taux d’œstrogènes. Au-delà de la cinquantaine, on assiste peu à peu à une baisse des androgènes (plus fréquente à partir de la soixantaine). La ménopause survient entre 48 et 55 ans en moyenne, parfois plus tôt, quelquefois plus tard.
Quelles sont les étapes de la ménopause ?
Contrairement à une idée reçue, la ménopause en tant que telle ne dure qu’un seul jour. Ce terme désigne précisément le jour marquant 12 mois consécutifs sans menstruation. Cette définition pointue met en évidence le jour exact où la femme passe officiellement de la périménopause à la postménopause, soulignant le caractère définitif de la fin de la fonction ovarienne régulière et de la fertilité.
La ménopause est un processus naturel marqué par plusieurs étapes clés :
- Préménopause : Cette phase précède la ménopause, où les premiers changements hormonaux commencent à se manifester. Les cycles menstruels deviennent irréguliers mais ne cessent pas totalement.
- Périménopause : Durant cette période, les fluctuations hormonales deviennent plus prononcées, entraînant des symptômes comme les bouffées de chaleur, les troubles du sommeil, et les variations d’humeur. Cette phase s’étend jusqu’à un an après la dernière période menstruelle.
- Ménopause : Officiellement diagnostiquée après 12 mois consécutifs sans menstruation, signifiant l’arrêt de la fonction ovarienne et la fin de la fertilité.
- Postménopause : Les années suivant la ménopause, où les symptômes peuvent diminuer mais le risque de certaines conditions de santé, comme l’ostéoporose et les maladies cardiovasculaires, peut augmenter en raison de la baisse prolongée des niveaux d’œstrogènes.
Le régul hormonal en cas de carence œstrogénique
Les œstrogènes :
Les œstrogènes stimulent la croissance des tissus épithéliaux, par leur effet mitogène, qui se manifeste d’ailleurs au niveau de tout épithélium glandulaire sexuel féminin. Ils accroissent la vascularisation, et surtout la perméabilité vasculaire, d’où un effet de congestion mammaire; ils sensibilisent le tissu épithélial à l’action de la prolactine. L’action des œstrogènes endogènes se base majoritairement sur le mécanisme de leur liaison aux récepteur α et β, entraînant ainsi une modification de l’expression des gènes.
En cas d’effondrement des œstrogènes, il faut relancer le FSH. Cette relance engendre en effet une sécrétion d’œstrogènes. En l’absence d’une réponse œstrogénique suffisante, la FSH relance la production des androgènes surrénaliens, avec aromatisation (transformation de testostérone en œstradiol) ou sans aromatisation.
La progestérone :
La progestérone module ou inhibe les effets des œstrogènes en s’opposant à l’augmentation de la perméabilité vasculaire. Elle exerce notamment une double action paradoxale au niveau épithélial; elle bloque la croissance des canaux galactophores par effet anti-oestrogénique, mais participe au développement des acini en synergie avec les œstrogènes.
En cas d’effondrement du taux de progestérone, il faut relancer la LH. Cette relance engendre une sécrétion de progestérone. En l’absence d’une réponse progestative suffisante, la LH stimule la production d’androgènes génitaux.
Les androgènes :
Les androgènes exercent une action pseudo-progestative incomplète, et se montrent plutôt inhibiteurs sur le développement mammaire.
En cas d’effondrement de androgènes génitaux, il faut relancer la LH. Cette relance engendre une sécrétion d’androgènes. En l’absence d’une réponse androgénique génitale suffisante, la LH stimule la production des androgènes surrénaliens.
La prolactine :
La prolactine exerce un effet mitogène, et participe à la différenciation cellulaire en synergie avec les stéroïdes sexuels. Elle augmente les récepteurs à l’œstradiol.
D’autres hormones sont impliquées dans la physiologie mammaire : l’insuline, le cortisol, l’hormone de croissance, ainsi que les hormones thyroïdiennes.
Trouble hormonal d’hyperœstrogénie féminine
Elle est rarement le fait d’une surproduction ovarienne. D’autres facteurs viennent alourdir le contingent œstrogénique naturel. Les principales manifestations cliniques sont marquées par la survenue d’un syndrome prémenstruel (SPM), avec ou sans mastose, fibrome, endométriose, candidoses vaginales, irritabilité, agressivité cyclique, cellulite. Elle favorise l’insuffisance veineuse, augmente le risque de cancers hormonodépendants, et s’accompagne souvent d’un manque de fer (ferritine basse), d’une hypothyroïdie ou d’une candidose vaginale.
La détoxication hépatique des œstrogènes
Les œstrogènes peuvent par ailleurs emprunter la voie (favorable et sécuritaire) du 2OH-œstrone dans la phase 1 de détoxication : ce composé, non oestrogénique, non actif, non toxique, conduit en phase 2 à des adduits ADN stables et non dangereux.
Les œstrogènes peuvent aussi passer la voie du 16αOH-œstrone (très œstrogénique, génotoxique) également au cours de la phase 1. Ce composé se transformera ensuite en œstriol E3 (un œstrogène d’action courte) au cours de la phase 2. Cette dernière voie de métabolisation, beaucoup moins favorable que la première en matière de risque mutagéniques, se rencontre plutôt chez les femmes en surpoids ou obèses, alors que les femmes minces utilisent principalement la première voie.
L’intérêt de plantes comme l’artichaut et le radis noir est que non seulement elles facilitent la détoxication hépatique des œstrogènes, mais elles l’orientent vers la voie sécuritaire du 2OH-œstrone, ce qui présente un intérêt chez les femmes en excès pondéral, dont le risque de cancer hormonodépendant (sein, ovaire, endomètre) est accru.
Il est à noter que l’intestin joue un rôle dans le métabolisme des œstrogènes, via un mécanisme de réabsorption par le cycle entéro-hépatique de l’œstradiol (E2) et de l’œstrone (E1), lequel est augmenté en cas de dysbiose intestinale.
Le régul hormonal par la Phytothérapie
La phytothérapie fournit des plantes à activité génitale d’une remarquable efficacité :
L’activité progestéronemimétique de l’Alchémille :
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Propriétés lutéotropes :
L’alchémille régularise la sécrétion ovarienne de progestérone, facilite la sécrétion et la production lutéale, ce qui la rend cliniquement efficace dans l’endométriose et la prise en charge des troubles prémenstruel et menstruels de par son activité de type progestatif, et son action emménagogue : elle provoque, facilite et régularise les règles.
L’activité œstrogénomimétique de l’Alfalfa, du Houblon et de la Sauge sclarée :
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Propriétés hormonales de l’Alfalfa :
L’activité oestrogénique de l’alfalfa a été reconnue grâce à la présence des coumestanes (coumestrol, 4-méthoxycoumestrol), qui se lient aux récepteurs des œstrogènes et montrent une activité utérotrophiques, ainsi que par ses autres isoflavones (génistéine, daidzéine) et ses lignanes.
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Propriétés hormonales de type œstrogénique et anti-androgénique du Houblon :
Des études mesurant l’activité oestrogénique mesurée in vitro sur des lignées de cellules d’endomètre humain ont montré que l’activité œstrogénique est essentiellement due à la 8-prénylnaringénine (hopéine), ainsi qu’à la 6-prénylnaringénine et l’isoxanthohumol (et non pas le xanthohumol). La puissante activité de la 8-prénylnaringénine, composé le plus oestrogénique du houblon, a de fait été confirmée par plusieurs études. Elle se traduit par sa capacité à se lier de façon compétitive et équivalente sur les récepteurs α et β des œstrogènes, avec une affinité de liaison relative bien plus forte que celle de deux phytoœstrogène reconnus, le coumestrol et la génistéine.
Chez la femme, la 8-prénylnaringénine a fait la preuve de son activité sur les troubles climatériques de la ménopause (bouffées de chaleur, sécheresse vaginale, troubles de l’humeur et du sommeil, etc.) dans plusieurs études randomisées en double aveugle contre placebo.
La 8-prénylnaringénine serait également responsable de l’activité anti-androgénique du houblon. Par ailleurs, elle inhibe l’angiogenèse in vitro et in vivo.
L’isoxanthohumol est quant à lui faiblement phyto-oestrogénique. Il peut cependant se convertir en 8-prénylnaringénine par un mécanisme faisant intervenir le microbiote intestinal.
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Propriétés œstrogénomimétique de la Sauge sclarée :
Les composés responsables de cette propriété ne sont pas clairement identifiés. Les triterpènes de la sauge ont une configuration semblable aux œstrogènes sans en posséder le noyau phénol. Les diterpènes contiennent un noyau phénol associé à un pont époxyde.
La sauge sclarée est considérée comme une plante de relance œstrogénique au niveau ovarien aboutissant à une stimulation des récepteurs œstrogéniques α et β.
Emménagogue, elle stimule le flux sanguin dans la région pelvienne et elle régule le cycle menstruel. Elle serait anti galactogène.
L’activité androgénomimétique du Ginseng, du Tribulus et du Mucuna :
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Propriété de modulation hormonale de l’axe hypophyso-cortico-surrénalien du Ginseng :
Le ginseng régule les hormones du stress au cours de la ménopause et améliore le rapport cortisol/DHEA. Outre leur capacité à cibler indépendamment les systèmes multi-récepteurs sur la membrane plasmique, les ginsénosides activent entre autres les récepteurs stéroïdiens intracellulaires.
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Propriétés du Tribulus sur la libido, l’activité sexuelle et la spermatogenèse :
Chez l’homme, le tribulus stimule les taux de testostérone chez des volontaires sains, en particulier la testostérone libre, lorsqu’ils présentent des chiffres inférieurs à la normale, mais pas chez ceux ayant des valeurs initiales normales. Pour autant, il ne semble pas augmenter le taux de testostérone chez le sujet sain, en particulier chez les hommes jeunes.
L’action du tribulus est plus caractérisée en situation de dysfonctionnement hormonal, comme le montre une étude récente (2017), menée chez 65 messieurs infertiles présentant des troubles de la spermatogenèse.
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Propriété du Mucuna sur le déficit androgénique et sur la fertilité masculine :
La consommation de mucuna réduit significativement les altérations du sperme liées à l’âge par augmentation des défenses antioxydantes. Elle permet également d’accroître la concentration et la motilité du sperme. Cette propriété se confirme chez l’homme asthézoospermique. Il a aussi été mis en évidence, chez des messieurs hypofertiles, que le mucuna restaure les enzymes antioxydantes (SOD, catalase…), et améliore la qualité du sperme. En outre, M. pruriens permet une augmentation significative de la testostérone et de la LH, essentielle pour accroître la spermatogénèse. La prise de mucuna réduit également les taux de FSH, dont l’augmentation est corrélée avec des dommages au niveau du tube séminifères. Par ailleurs, la plante diminue la prolactine.
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