L’obésité correspond à un excès de poids, définie comme un indice de masse corporelle (IMC) supérieur à 30 kg/m2. Les complications comprennent les pathologies cardiovasculaires (en particulier chez le sujet présentant un excès de graisse abdominale → profil androïde), un diabète sucré, certains cancers, une lithiase biliaire, une stéatose hépatique, une cirrhose, une arthrose, des troubles de la reproduction chez l’homme et la femme, des troubles psychologiques et, pour le sujet dont l’IMC est ≥supérieur à 35, un décès prématuré.
Le diagnostic se base en effet sur l’indice de masse corporelle. Le traitement du surpoids comprend la modification du mode de vie (adaptation du régime alimentaire, de l’activité physique et des comportements) et, dans certains cas particuliers, la chirurgie bariatrique.
Quelles sont les causes de l’obésité ?
Les causes de l’obésité sont probablement multifactorielles et peuvent comprendre une prédisposition génétique. Au final, l’obésité est causée par un déséquilibre de longue date entre l’apport énergétique et l’utilisation d’énergie, notamment les dépenses d’énergie pour les besoins métaboliques de base et les dépenses d’énergie liées à l’activité physique. Cependant, de nombreux autres facteurs semblent augmenter la prédisposition à l’obésité, dont les perturbateurs endocriniens, le microbiome intestinal, les cycles veille/sommeil et des facteurs environnementaux.
L’obésité et le surpoids sont des questions de santé publique pour deux raisons majeures : leur fréquence et leur coût. Les prévalences observées dans l’étude Esteban 2015 de surpoids et d’obésité étaient de 54 % chez les hommes et 44 % chez les femmes (dont 17 % d’obésité sans distinction hommes/femmes). Par ailleurs, en 2018, on estime à 2 millions le nombre d’individus souffrant de dénutrition, pathologie fréquente en milieu hospitalier (évaluée de 40 à 60 % selon les services) et en institutions (estimée à 27 %) chez les personnes âgées. La prévalence de la dénutrition augmente avec l’âge. Elle contribue à la morbidité avec 3,2 % des adultes en situation de maigreur.
Chez les enfants de 6 à 17 ans, on en dénombre 17 % en situation de surpoids et 11 % en situation de maigreur. De plus, il a été démontré que les maladies chroniques nécessitent un régime alimentaire régulé et contrôlé ainsi que des comportements d’activité physique régulière pour se stabiliser voire régresser. Les TCA (troubles alimentaires compulsifs) sont généralement à l’origine de ces situations extrêmes. Ainsi on retrouve la boulimie, l’hyperphagie et l’anorexie, présentes respectivement chez 1,5 %, 3 à 5 % et 0,9 % à 1,5 % de la population, souvent jeune et à prévalence féminine.
Surpoids, obésité… Zoom sur les troubles du comportement alimentaire
La promotion des comportements favorables à la santé incluant l’alimentation saine et l’activité physique régulière vise principalement à lutter contre le surpoids et l’obésité, qui sont des facteurs de risque ou d’aggravation des maladies cardiovasculaires, cancers, et des affections de longue durée (diabète, insuffisance cardiaque, BPCO, insuffisance rénale …).
La prise de poids liée à l’obésité est associée à 2 principaux troubles du comportement alimentaire :
L’hyperphagie boulimique :
Elle correspond à la consommation impulsive de grandes quantités d’aliments avec notamment un sentiment subjectif de perte de contrôle pendant l’épisode et à une culpabilité au décours de l’épisode. Ce trouble ne comporte pas cependant de comportements compensatoires, tels que les vomissements. L’hyperphagie boulimique se produit chez environ 3,5% des femmes et 2% des hommes au cours de leur vie et chez environ 10 à 20% des sujets qui participent à des programmes de perte de poids. L’obésité associée à ces désordres peut être importante et par conséquent, souvent caractérisée par des fluctuations pondérales ainsi que des difficultés psychologiques.
Le syndrome de polyphagie nocturne :
Elle comprend une anorexie matinale, une hyperphagie le soir et une insomnie, avec notamment le fait de manger au milieu de la nuit. Dans cette situation, plus de 25 à 50% de la prise alimentaire quotidienne ont lieu après le repas du soir. En conséquence, environ 10% des personnes qui consultent pour traitement d’une obésité sévère présentent ce trouble aux États-Unis.
D’autres troubles du comportement alimentaires, proches, mais moins marqués contribuent probablement à une prise de poids chez un plus grand nombre de sujets. Par exemple, s’alimenter après le repas du soir contribue à une prise de poids excessive chez nombre de personnes qui n’ont pas de syndrome d’alimentation nocturne.
Quels sont les risques de complication de l’obésité ?
Les complications de l’obésité incluent :
Le diabète sucré :
Une résistance à l’insuline, une dyslipidémie et une hypertension artérielle (syndrome métabolique) peuvent se développer, prédisposant souvent à terme au diabète sucré et à la coronaropathie. Ces complications sont cependant plus fréquentes en cas d’adiposité abdominale, de niveau élevé de triglycérides, d’antécédents familiaux de diabète de type 2 ou de maladie cardiovasculaire prématurée ou d’association de ces facteurs de risque.
L’apnée obstructive du sommeil :
Une apnée obstructive du sommeil peut par ailleurs se produire en cas d’excès de graisse au niveau du cou comprimant les voies respiratoires pendant le sommeil. L’apnée se manifeste par des pauses respiratoires répétitives durant le sommeil. Ce trouble, souvent non diagnostiqué, peut toutefois provoquer de forts ronflements et une somnolence excessive pendant la journée et augmenter le risque d’hypertension, d’arythmies cardiaques et de syndrome métabolique. L’obésité peut également entraîner un syndrome obésité-hypoventilation (« syndrome de Pick Wick »).
Troubles cutanés (infections intertrigineuses) :
Les dermatoses sont effectivement fréquentes; la sueur et les sécrétions cutanées retenues dans les épais replis favorisent en particulier les développements bactériens et mycosiques, fréquemment responsables d’infections (intertrigo).
Problèmes sociaux, économiques et psychologiques :
L’obésité peut être génératrice de problèmes sociaux, économiques et psychologiques, du fait de préjugés, de discrimination et stigmatisation et d’une mauvaise image de soi. Par exemple, les personnes obèses rencontrent des difficultés d’embauche et de salaire.
Les complications de l’obésité incluent également :
- Les troubles du système reproducteur, dont infertilité, taux de testostérone sérique bas, chez les hommes, et syndrome des ovaires polykystiques chez les femmes
- De nombreux cancers (en particulier les cancers du côlon et cancers du sein)
- Arthrose
- Troubles tendineux et faciaux
- Le syndrome métabolique
L’importance de l’analyse de la composition corporelle dans la gestion du surpoids
La composition corporelle, le pourcentage de masse grasse et de masse non grasse, donne une définition plus précise de l’excès de graisse, donc d’obésité. L’analyse de composition corporelle peut être utile pour déterminer si une élévation de l’IMC est due à un excès de graisse ou de masse musculaire.
Le pourcentage de graisse corporelle peut être estimé en mesurant l’épaisseur du pli cutané (habituellement au-dessus du triceps) et de la surface musculaire médiobrachiale.
L’impédancemétrie bioélectrique permet d’estimer le pourcentage de la masse graisseuse, simplement et de manière non invasive. L’analyse d’impédance bioélectrique estime directement le pourcentage de la quantité totale d’eau corporelle; le calcul du pourcentage de graisse corporelle en est dérivé indirectement. L’impédancemétrie bioélectrique est cependant plus fiable chez les personnes en bonne santé ou qui présentent un nombre limité de pathologies chroniques pouvant ainsi modifier l’hydratation (obésité modérée, diabète sucré).
Activité physique régulière et micronutrition pour lutter contre l’obésité
17% des adultes français sont atteints d’obésité. Selon le dossier que lui consacre l’Inserm, « cette maladie, caractérisée par un excès de masse grasse et à une modification du tissu adipeux, résulte de l’intrication de plusieurs facteurs − alimentaires, génétiques épigénétiques et environnementaux. » Si cette affection n’est pas mortelle, elle s’accompagne de complications telles que le diabète de type 2, maladies cardiaques et cancers qui causent le décès d’au moins 2,8 millions personnes chaque année.
En termes de prise en charge, la pratique d’une activité physique régulière est la première recommandation. C’est le sens du Challenge connecté « Kilomètre contre l’obésité » organisé cette année. Partout en France, les participants pourront marcher, courir, nager ou pédaler (etc.) au nom de la lutte contre l’obésité.
Deuxième recommandation, prendre soin de son microbiote… Ainsi, l’article publié en mars 2022 par une équipe de l’Université de Shandong en Chine établit une revue des rôles et mécanismes que jouent la composition du microbiote intestinal et les changements de métabolites dans l’intestin qui interviennent dans l’obésité et les maladies qui lui sont associées.
Le rôle de la dysbiose intestinale est établi dans le développement de l’obésité et des troubles associés
En décembre 2022, une équipe de recherche américaine publiait dans Current Gastroenterology Report une revue des articles scientifiques relatifs au rôle de la dysbiose intestinale dans la propagation de l’inflammation associée au développement de l’obésité et des troubles qui lui sont associés tels que le diabète de type 2, le syndrome métabolique et la stéatose hépatique non alcoolique.
Cet article rappelle qu’une « composition microbienne intestinale altérée dans l’obésité et les troubles liés à l’obésité est associée à une extraction accrue d’énergie des glucides alimentaires non digestibles, à une perméabilité intestinale accrue, à une production accrue de métabolites pro-inflammatoires, tels que les lipopolysaccharides, entraînant une inflammation systémique et une résistance à l’insuline. La modulation du microbiote intestinal peut être réalisée soit par une manipulation alimentaire, soit par l’administration de probiotiques, de prébiotiques, de synbiotiques et/ou par la transplantation de microbiote fécal, afin d’améliorer la dysbiose intestinale dans l’obésité et les troubles métaboliques. »
La micronutrition : une solution de prévention santé !
L’approche micronutritionnelle vise à évaluer l’état de santé de la personne à travers le bon fonctionnement des 5 fonctions clés qui permettent à l’organisme de s’adapter à son environnement : interface digestive, protection cellulaire, communication cellulaire, fonction cerveau et risque cardiométabolique.
Quelques conseils naturopathiques d’aide à la gestion du surpoids dans l’obésité
Une alimentation équilibrée est particulièrement importante pour la perte de poids et son maintien.
Les stratégies comprennent les actions suivantes :
- Manger de petits repas en évitant ou en choisissant soigneusement les collations
- Remplacer par des fruits et légumes frais et des salades naturellement riche en fibres alimentaires, les glucides raffinés et les aliments transformés industriels
- Remplacer par de l’eau, les boissons sucrées ou les jus de fruits
- Limiter la consommation d’alcool à des taux modérés
- Inclure des produits laitiers sans matière grasse ou allégée qui font partie d’une alimentation saine et contribuent à fournir une quantité suffisante de vitamine D
- Les régimes hypocaloriques et riches en fibres qui limitent modestement les calories (de 600 kcal/jour) et qui incorporent des protéines maigres semblent donner les meilleurs résultats à long terme. Les aliments à faible indice glycémique et les huiles de poissons marins ou acides gras mono-insaturés d’origine végétale (huile d’olive) réduisent le risque de pathologies cardiovasculaires et de diabète.
- Les substituts de repas Protifast permettent de perdre du poids et de le stabiliser; ces produits peuvent s’utiliser en continu ou par intermittence
- Les régimes trop restrictifs sont peu susceptibles d’être suivis ou de provoquer une perte de poids durable. Les régimes qui limitent l’apport calorique à < 50% de la dépense énergétique de base, dits régimes très hypocaloriques, peuvent ne comprendre que 800 kcal/jour.
- L’exercice physique augmente la dépense énergétique, le métabolisme basal et la thermogenèse induite par le repas. L’activité physique semble également réguler l’appétit vers des consommations caloriques plus appropriées aux besoins.
Côté sport :
Les exercices, y compris d’endurance (résistance), augmentent la masse musculaire. Le tissu musculaire brûle plus de calories au repos que le tissu adipeux, l’augmentation de la masse musculaire entraîne donc des augmentations durables du métabolisme basal. Des exercices intéressants et agréables sont plus susceptibles d’être pratiqués de façon soutenue. Une association d’exercices d’aérobie et de résistance est de fait préférable à ces exercices pratiqués seuls. Les lignes directrices suggèrent toutefois une activité physique de 150 min/semaine pour obtenir un bénéfice en termes de santé. 300 à 360 min/semaine pour obtenir une perte de poids et son maintien. Développer un mode de vie physiquement plus actif peut en effet permettre de perdre du poids et son maintien.
D’autres avantages associés à l’activité physique comprennent de surcroît une augmentation de sensibilité à l’ insuline, une amélioration du profil lipidique, une réduction de la pression artérielle, une augmentation de la capacité aérobie, un bien-être psychologique, un risque de cancer du sein et du côlon diminué et une espérance de vie accrue.
Les professionnels de la santé impliqués dans cet accompagnement
Pour bénéficier d’un accompagnement adapté et sécurisé dans la prise en charge du surpoids et de l’obésité, il est crucial de s’adresser à des professionnels de la santé qualifiés, tels que les diététiciens et les médecins nutritionnistes. Les appellations non réglementées, telles que coach en nutrition, nutrithérapeute ou nutritionniste, peuvent être trompeuses et ne garantissent pas la qualité des conseils et du suivi proposés. Il est donc important de se renseigner sur les qualifications des professionnels avant de les consulter.
Le diététicien : un professionnel diplômé et reconnu
Le diététicien est un professionnel de la santé ayant suivi une formation rigoureuse (BTS ou DUT diététique) d’une durée de 1800 à 2500 heures. Il est titulaire d’un numéro ADELI et détient le diplôme d’État de diététicien, comme stipulé par l’article L4371-2. Ce dernier dispose des compétences nécessaires pour accompagner les personnes en surpoids ou obésité dans leur parcours de perte de poids et d’amélioration de leur santé.
Le médecin nutritionniste : une spécialisation en nutrition
Le médecin nutritionniste est un médecin généraliste ayant suivi une formation spécialisée en nutrition de 150 heures. Cependant, il est important de noter que cette formation, sous forme de Diplôme Universitaire (DU), n’est pas qualifiante. Le médecin nutritionniste ne peut donc pas exercer exclusivement la nutrition, mais il est en mesure d’apporter un soutien et des conseils en matière de nutrition aux personnes en surpoids ou obésité.
Coach/expert en nutrition et nutrithérapeute : une appellation non réglementée
Les coachs ou experts en nutrition ainsi que les nutrithérapeutes ne sont pas des professionnels de la santé. Leur appellation n’est pas réglementée, et ils n’ont pas le droit d’exercer des actes diététiques. L’article L4372-1 précise que l’exercice illégal de la profession de diététicien est puni d’un an d’emprisonnement et de 15 000 € d’amende. Il est donc important de se méfier de ces appellations et de vérifier les qualifications des personnes se présentant comme telles.
Nutritionniste : un titre non réglementé et des formations non reconnues
Le terme « nutritionniste » est un titre non réglementé, qui ne définit pas une profession spécifique. Les formations en nutrition sont souvent non reconnues par un diplôme d’État et peuvent même être inexistantes. Il est donc essentiel de se renseigner sur les qualifications et les compétences des personnes se présentant comme nutritionnistes avant de solliciter leurs services.
Sources bibliographiques médicales et essais cliniques :
- Ajslev TA, Andersen CS, Gamborg M, et al. Childhood overweight after establishment of the gut microbiota: The role of delivery mode, pre-pregnancy weight and early administration of antibiotics. Int J Obes 35 (4): 522–529, 2011. doi: 10.1038/ijo.2011.27.
- Heindel JJ, Newbold R, Schug TT: Endocrine disruptors and obesity. Nat Rev Endocrinol 11 (11):653–661, 2015. doi: 10.1038/nrendo.2015.163.
- Williamson DF, Thompson TJ, Anda RF, et al: Body weight and obesity in adults and self-reported abuse in childhood. Int J Obes Relat Metab Disord 26(8):1075-82, 2002. doi: 10.1038/sj.ijo.0802038.
- Anda RF, Felitti VJ, Bremner JD, et al: The enduring effects of abuse and related adverse experiences in childhood. A convergence of evidence from neurobiology and epidemiology. Eur Arch Psychiatry Clin Neurosci 256(3):174-86, 2006. doi: 10.1007/s00406-005-0624-4.