L’huile essentielle de Camomille, du sacre divin à la noblesse druidique

Les vertus des fleurs de camomille sont connues depuis la nuit des temps. Bien qu’elle ne soit pas d’origine romaine, la tradition veut qu’elle soit nommée ainsi parce qu’un botaniste et médecin allemand Camerarius la redécouvrit au XVIe siècle à Rome. On utilise le capitule en herboristerie, traditionnellement pour faciliter la digestion. En liquoristerie, elle donne une saveur amère aux apéritifs. La sommité fleurie, quant à elle, est utilisée pour la production d’huile essentielle utilisée notamment en parfumerie.

La camomille noble, de son nom botanique Chamaemelum nobile L., appartient à la famille des Asteraceae. Les organes producteurs sont les capitules fleuris.

Un peu d’histoire

L’implantation de la camomille romaine sur la façade atlantique explique bien pourquoi elle fut une plante privilégiée par les Celtes, bien que le monde celte ne se réduise pas à ses extrémités océaniques, puisque, à l’apogée de son expansion (au IIe siècle avant J.-C.), il s’étendait de l’Ouest (Portugal, Irlande) jusqu’à l’Est, en bordure de Mer noire. Ce fut donc un remède druidique dont le souvenir s’est perpétué puisqu’elle fait partie des plantes sacrées du solstice d’été, très usitée par les Anglo-saxons lors de la Saint-Jean d’été, alors qu’ailleurs, où cette plante est inconnue, on accorde tout son intérêt à certaines de ses cousines telles que pâquerette ou encore grande marguerite.

La camomille romaine (Anthemis nobilis) ou Chamomilla nobilis appartient à la famille des composées et est appelée vulgairement anthémide ou anthémis, camomille romaine, camomille officinale, camomille noble, camomille blanche, camomille odorante ou camomille des jardins. Le mot camomille vient de deux mots grecs qui signifient Terre et Pomme. Bien qu’elle ne soit pas d’origine romaine, la tradition veut qu’elle soit nommée ainsi parce qu’un botaniste et médecin allemand Camerarius la redécouvrit au XVIème siècle à Rome.

On utilise le capitule en herboristerie, traditionnellement pour faciliter la digestion. En liquoristerie, elle donne une saveur amère aux apéritifs. La sommité fleurie est utilisée pour la production d’huile essentielle utilisée notamment en parfumerie.

Origines de la camomille

Dès le premier siècle de notre ère, l’encyclopédiste Pline décrit les trois espèces de camomille : Matricaria recutita (camomille allemande annuelle), Chamaemelum nobile (camomille romaine vivace) et Tanacetum parthenium (Grande camomille). En France, la première recommandation écrite concernant la culture de la camomille allemande remonterait à 812, sous Charlemagne. La légende raconte que la camomille pousse sur des sols incultes. Ses actions sur les troubles du cycle féminin lui auraient donné son nom « Matricaria ». Elle était en effet utilisée pour soulager les douleurs menstruelles et celles de l’après-couche.

Imaginez un peu qu’aujourd’hui encore on fait la confusion entre la camomille romaine et celle que l’on désigne par l’épithète d’ « allemande », autrement dit la matricaire (Matricaria recutita). Cette erreur fut commise par des thérapeutes et non des moindres, ce qui rappelle l’imbroglio plus récent concernant ravintsara et ravensare.

Aussi comprendrons-nous à quel point il est difficile de se dépêtrer d’informations relatives à ces deux camomilles quand elles nous imposent une distance de plusieurs siècles ou, plus ardu, de plusieurs millénaires. On dit que la camomille romaine était connue des Grecs (Dioscoride évoque le cas d’un parthenion apte à soigner jaunisse, calculs, accès fébriles et troubles oculaires) et, qui plus est, des Romains. Avec un nom pareil, quoi de plus naturel ? Aussi, quand il est écrit que Galien la préconisait au II ème siècle de notre ère contre les maux de tête, les migraines, les névralgies et les coliques, personne ne dit mot car ces indications sont toutes du ressort de la romaine.

Galien relate par ailleurs comment les sages de l’Egypte pharaonique dédient cette fleur à , dieu Soleil, interpellés par son efficacité contre les fièvres. Elle aurait également servi à l’embaumement de Ramsès II.

Implantation sur la façade atlantique

L’implantation de la camomille romaine sur la façade atlantique explique bien pourquoi elle fut une plante privilégiée par les Celtes, bien que le monde celte ne se réduise pas à ses extrémités océaniques, puisque, à l’apogée de son expansion (au II ème siècle avant J.-C.), il s’étendait de l’Ouest (Portugal, Irlande) jusqu’à l’Est, en bordure de Mer noire. Ce fut donc un remède druidique dont le souvenir s’est perpétué puisqu’elle fait partie des plantes sacrées du solstice d’été, très usitée par les Anglo-saxons lors de la Saint-Jean d’été, alors qu’ailleurs, où cette plante est inconnue, on accorde tout son intérêt à certaines de ses cousines telles que pâquerette et grande marguerite.

Soit qu’on lui préfère la variété « double » ou bien qu’on la confonde avec la matricaire, la camomille romaine est tombée dans une sorte de déshérence. De plus, « l’invasion » de substances extraites de pharmacopées lointaines a mis à mal la réputation de la camomille romaine. Mais tous les praticiens ne tombèrent pas dans le panneau qui consiste à croire que l’herbe est forcément plus verte chez le voisin. Ainsi, Lieutaud, sans chauvinisme, se penche sur le cas de la camomille romaine dans les années 1760 et met en évidence des propriétés qui ont toujours cours à l’heure actuelle : carminative, antispasmodique, fébrifuge, propre à soulager les douleurs goutteuses. Puis, au siècle suivant, Cazin la préconise comme tonique, calmante, digestive, fébrifuge également, insistant sur le fait qu’elle fut très employée comme fébrifuge indigène dont l’action est proche, selon maints auteurs, de celle du quinquina et, bien souvent, supérieure à l’écorce péruvienne.

Cazin (XIXe siècle) la recommande contre les fièvres et traitait avec succès les fièvres intermittentes des marais lorsque la quinquina faisait défaut. En usage externe, l’infusion de camomille était connue pour son pouvoir éclaircissant sur les cheveux blonds et pour soigner les inflammations des paupières ou les conjonctivites.

Valnet (XXe siècle) considère l’huile essentielle comme antispasmodique, antalgique, calmante et la recommande dans les névralgies, les dépressions nerveuses, l’insomnie, les troubles de la digestion et les dysménorrhées d’origine nerveuse.

Quelles sont les propriétés pharmacologiques de l’huile essentielle de capitule fleuris de Camomille Noble ?

Propriété antispasmodique :

Reconnu antispasmodique, l’angélate d’isobutyle exerce notamment une puissante action contre les spasmes. L’huile essentielle de camomille est de fait calmante du système nerveux central en massage.

Propriété sédative et anxiolytique :

L’angélate d’isobytile montre par ailleurs une action calmante et déstressante. Cette huile essentielle est en effet sédative et anxiolytique. C’est l’huile essentielle la plus riche en esters, ce qui lui confère également des propriétés décontracturante et antidépressive.

Propriété anti-inflammatoire et antalgique :

L’huile essentielle s’oppose à l’inflammation et exerce ainsi une action analgésique locale. Elle est par conséquent intéressante pour les neuro-arthritiques. Antalgique (une des plus antalgiques en dentisterie, action sans doute renforcée par les traces d’acides qu’elle contient). Elle est en prime pré anesthésiante. On l’associe généralement volontiers avec Hypericum perforatum pour une synergie plus efficace.

Propriété antiparasitaire :

L’huile essentielle de camomille noble est en outre antiparasitaire vis-à-vis de parasitoses intestinales comme les ankylostomoses (vers ronds) ainsi que les lambiases (des protozoaires du genre giardia).

Propriétés cicatrisante :

Cette huile stimule les fibroblastes et la formation de collagène, elle est par conséquent cicatrisante.

Autres propriétés :

  • Inhibe la surrénale
  • Calme la thyroïde émotionnelle
  • Stimule l’épiphyse
  • Antiprurigineuse et antiallergique
  • Tonique digestive : carminative et cholagogue
  • Hypotensive, calmante, neurotonique ainsi que rééquilibrante nerveuse

Mode d’action connu ou présumé :

  • L’apigénine bloque une étape de la chaîne de fabrication des oestrogènes.
  • Les dérivés polyacétyléniques sont des caractères chimiotaxonomiques de la famille des Asteraceae
  • L’angélate d’isobutyle serait antidépresseur et est réputé pour être un grand antispasmodique de la pharmacopée.

L’huile essentielle de Camomille noble requiert-elle des précautions d’emploi ?

  • Contre-indiquée chez la femme enceinte ou allaitante ainsi que chez l’enfant de moins de 8 ans
  • Risque d’allergie commune avec d’autres Asteraceae (achillée millefeuille, matricaire, arnica, etc.)
  • Interactions médicamenteuses possibles, inhibition du CYP3A5 in vitro, et des CYP 3A4, CYP2D9, CYP 2C9, in vitro (demandez conseil à votre pharmacien)

Sources bibliographiques médicales et essais cliniques :

  • Umezu, Toyoshi & Sano, Tomoharu & Hayashi, Junko & Yoshikawa, Yasuko & Shibata, Yasuyuki. (2017). Identification of isobutyl angelate, isoamyl angelate and 2-methylbutyl isobutyrate as active constituents in Roman chamomile essential oil that promotes mouse ambulation. Flavour and Fragrance Journal
  • Aremu, Olukayode & Tata, Charlotte & Sewani-Rusike, Constance & Oyedeji, Adebola & Oyedeji, Opeoluwa & Nkeh-Chungag, Benedicta. (2018). Phytochemical composition, and analgesic and anti-inflammatory properties of essential oil of Chamaemelum nobile (Asteraceae L All) in rodents. Tropical Journal of Pharmaceutical Research
  • Williamson EM. Interactions between herbal and conventional medicines. Expert Opin Drug Saf. 2005
  • Budzinski JW, Foster BC, Vandenhoek S, Arnason JT. An in vitro evaluation of human cytochrome P450 3A4 inhibition by selected commercial herbal extracts and tinctures. Phytomed. 2000
  • Butterweck V, Darenforf H, Gaus W, Narstedt A, Schulz V, Unger M. Pharmacokinetic herb – drug interactions: are preventative screenings necessary and appropriate? Planta Med. 2004

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