Huile essentielle de Genévrier commun, panacée préhistorique

Le Genévrier, de son nom botanique Juniperus communis L., appartient à la familles des Cupressaceae. Ce sont les cônes fructifères ou “baies de Genièvre” qui donnent l’huile essentielle.

Un peu d’histoire

Les baies de genièvre sont connues et utilisées depuis la préhistoire, où elles furent notamment retrouvées à l’intérieur de certaines grottes, dans des auges en pierre. Le papyrus d’Ebers en fait mention, vers 1500 av. J-C., les « baies » de genévrier traitant déjà alors douleurs digestives et problèmes urinaires.

Dès l’Antiquité, les Grecs et les Romains utilisaient les baies en médecine (pour son action diurétique), en cuisine ainsi que pour effectuer des fumigations. Dioscoride, le médecin de Néron, dit que le genévrier est excellent « pour faire uriner, pour les maux d’estomac, les maladies de poitrine, guérir les spasmes et les suffocations de la matrice… »

Le genévrier était déjà connu des Grecs et des Arabes. Avicenne (XIe siècle) disait qu’il dilatait les obstructions et s’employait contre l’hystérie. On l’employait aussi pour purifier les bronches et le foie et contre les piqûres d’insectes ou de scorpions. Au Moyen Âge, Sainte Hildegarde (XIIIe siècle) révèle ses effets contre les maladies des reins et de la vessie ainsi que contre les maux de tête. Jetées dans le feu, les brindilles étaient censées éloigner les mauvais esprits (usage encore attesté dans les monastères de l’Himalaya). On le brûlait aussi pour éloigner la peste.

Fuchs (XVIe siècle) le considère ainsi comme un antidote universel rappelant ce rôle de panacée qu’on attribue à son bois depuis l’Antiquité, en fumigation contre les épidémies. Au XIXe siècle, Cazin rapporte que les baies sont toniques, stomachiques ainsi que diurétiques, donnant ainsi aux urines une odeur de violette. Elles sont donc recommandées dans les affections pulmonaires, les infections des reins liées aux calculs, les affections chroniques cutanées et les rhumatismes.

Fournier (XXe siècle) rappelle également que les baies, l’extrémité des rameaux, le bois et les cendres activent les fonctions des reins et sont dépuratifs, stimulants et sudorifiques. Mathiole, Helvétius et beaucoup d’anciens thérapeutes lui accordent en outre d’éminentes propriétés. L’abbé Kneipp les prescrivait de fait très fréquemment pour purifier le sang et effacer les maladies de peau. Les baies de genièvre servent comme épices pour agrémenter la choucroute et dans l’aromatisation de spiritueux comme le gin.

Origine et usages du Genévrier :

Le genévrier (Juniperus communis) est un petit arbre épineux de la famille des cyprès dont les baies (en fait, les pseudofruits) mettent trois ans à mûrir, passant du vert clair au noir. Les baies de genièvre sont utilisées pour parfumer les plats de gibier, les pâtés et la choucroute. Elles ont la réputation de favoriser la digestion des plats riches en matières grasses. Elles servent également à parfumer divers alcools : vin de genièvre, gin, aquavit, jenever, par exemple.

En phytothérapie, les baies de genévrier arrivées à maturité sont utilisées pour augmenter le volume des urines lors d’infection urinaire ou pour faciliter la digestion. En applications locales, l’huile essentielle de genévrier est proposée pour soulager les douleurs des muscles et des articulations.

La phytothérapie traditionnelle utilise également d’autres plantes diurétiques, en traitement complémentaire des infections urinaires :

Quelles sont les propriétés pharmacologiques de l’huile essentielle de baies de Genévrier ?

Propriété antimicrobienne :

L’activité antimicrobienne de l’huile essentielle de genévrier a été démontré in vitro vis-à-vis du staphylocoque doré, d’Escherichia coli, de Proteus mirabilis, de Pseudomonas aeruginosa ainsi que de Klebsiella pneumoniae. Son activité antivirale a également été démontré vis-à-vis du virus de l’herpès HSV-1. Quant à son effet antifongique, il a été démontré in vitro vis-à-vis de Candida albicans et de dermatophytes.

Propriété diurétique :

Une expérience a montré qu’un traitement à base d’extrait aqueux, d’une solution d’huile essentielle ou de terpinéol-4 maintient une excrétion urinaire normale lorsque les sujets reçoivent en traitement l’hormone antidiurétique réduisant fortement la production d’urines. L’huile essentielle, en particulier le terpinéol-4, est directement impliquée dans cet effet démontré chez l’homme. Il n’y a pas d’augmentation de sodium dans les urines, mais l’acide urique serait excrété.

Le genévrier est donc adjuvant des cures de diurèse dans les troubles urinaires bénins.

Propriété hépato-pancréatique :

L’huile essentielle stimule la cholérèse et réduit notamment la formation des calculs biliaires. L’α-pinène est donc hépatoprotecteur.

Tonique digestive dans les insuffisances hépato pancréatiques, l’huile essentielle de genévrier est également anti fermentaire, antiputride intestinale, anti dégénérescente (hépatique, estomac, duodénum) et protège les cellules de Küpffer du foie (en bonne protectrice immunologique du foie). Le genévrier est en outre cholérétique et augmente la sécrétion biliaire.

Il possède par ailleurs, une action bénéfique sur le gros intestin, et est réputé antiputride de l’intestin dans les colites (relation intestin – voies urinaires).

Propriété expectorante :

L’α-pinène réduit entre autres les sécrétions bronchiques et veinotoniques.

Propriété protectrice rénale :

L’huile essentielle de genévrier est purificatrice du filtre rénal et possède notamment une action bénéfique sur le rein.

Autres propriétés :

  • Tonique cérébrale, antiasthénique
  • Antirhumatismale (favorise l’excrétion des toxines rénales ainsi que de l’acide urique)
  • Lymphotonique et décongestionnante
  • Antispasmodique et régulation du système nerveux autonome
  • Inhibitrice de la glycation des protéines, impliquée dans la prévention des complications du diabète
  • Activité antioxydante et sur l’acétylcholinestérase, potentialités dans la maladie d’Alzheimer
  • Activité antioxydante et anti-hypercholestérolémiante, potentialités dans la prévention de l’athérosclérose
  • Draine le tissu sous-cutané par voie topique
  • Anti-inflammatoire et antalgique par voie topique
  • Cortison-like

L’huile essentielle de Genévrier requiert-elle des précautions d’emploi ?

  • Recommandée aux personnes ayant un terrain acidifié
  • Contre-indiquée chez la femme enceinte ou allaitante ainsi que chez l’enfant de moins de 8 ans
  • Attention à l’utilisation locale de cette huile essentielle trop concentrée sur des zones trop étendues (peut occasionner des irritations cutanées)
  • Ne pas inhaler, ni diffuser, ni mettre dans l’eau du bain
  • Ne pas associer avec de la cortisone, risque d’interaction médicamenteuse
  • Interactions médicamenteuses avec les huiles essentielles contenant des cétones ou des phénols à plus de 10 %
  • Prudence en cas d’insuffisance rénale per os
  • Inhibition du cytochrome P450, risque d’interactions médicamenteuses, demandez conseil à votre pharmacien
  • Contre-indiquée chez les asthmatiques
  • Interdite aux animaux
  • Contre-indiquée en cas de règles abondantes
  • Attention, risque d’albuminurie en cures trop prolongées

Formes et dosage du Genévrier :

Les baies de genévrier séchées sont utilisées sous forme de décoction : 2 g de baies séchées bouillies pendant 20 minutes dans 150 ml d’eau, deux à trois fois par jour (avant les repas pour soulager les troubles digestifs). L’Agence européenne du médicament propose un schéma de prise particulier lorsqu’un effet diurétique est recherché : mâcher cinq baies le premier jour du traitement, six le deuxième jour, sept le troisième et ainsi de suite jusqu’à parvenir à quinze baies par jour ; ensuite, redescendre progressivement à cinq baies par jour selon le même rythme, pour une durée totale de traitement de trois semaines.

L’huile essentielle de genévrier peut être diluée dans de l’huile d’amandes douces (3 à 5 ml d’huile essentielle pour 100 ml d’huile d’amandes) ou dans du savon (quelques gouttes) et ajoutée à un bain.

Lorsque le genévrier est utilisé dans un but diurétique, il convient de boire au moins deux litres d’eau par jour pendant la durée du traitement.

Ce qu’en pense les autorités de santé :

L’EMA

L’Agence européenne du médicament considère comme « traditionnellement établi » l’usage des baies de genévrier en vue d’un « traitement diurétique complémentaire des infections urinaires » et comme « traitement symptomatique des troubles digestifs, notamment des digestions difficiles et des flatulences ». Elle recommande une durée de traitement de trois semaines au maximum.

LA COMMISSION E

La Commission E du ministère de la Santé allemand reconnaît l’usage des baies de genévrier pour « soulager les troubles de la digestion ».

L’ESCOP

La Coopération scientifique européenne en phytothérapie reconnaît l’usage des baies de genévrier pour « favoriser l’élimination rénale de l’eau et soulager les troubles digestifs, en l’absence d’évidences scientifiques justifiant ces usages ».

Sources bibliographiques médicales et essais cliniques :

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