L’huile essentielle de néroli est l’essence de fleur d’oranger issue d’une seule variété d’orangers ; le bigaradier ou oranger amer. Originaire de l’Inde et de la Chine, l’Oranger amer est très vite arrivé dans le bassin Méditerranéen il y a maintenant 1000 ans. Dans l’Antiquité, la fleur d’oranger était notamment un symbole de pureté; elle ornait même les couronnes des mariées.
Le bigaradier est un arbre originaire de l’Inde et implanté sur les côtes méditerranéennes aux alentours du XIIe siècle. Il est utilisé depuis des siècles pour apaiser les maux d’estomac, et l’on utilise ses fruits, ses fleurs et ses feuilles pour fabriquer trois huiles essentielles différentes : l’huile essentielle d’orange amère, obtenue à partir du zeste, l’huile essentielle de néroli, obtenue par distillation des fleurs, et l’huile essentielle de petit grain bigarade obtenue à partir de la distillation des jeunes rameaux. Au final, chacune d’entre elles a une composition chimique bien différente.
Quelles sont les caractéristiques de l’Orange amère ?
Dénomination latine : Citrus aurantium
Famille botanique : Rutaceae
Organes producteurs : Feuilles, fleurs et zestes
Mode d’action connu ou présumé :
- Le d-limonène protège contre la cancérisation de la peau, du foie, du sein et du colon, inhibe la croissance cellulaire maligne
- Le linalol est antalgique, anti-inflammatoire, anxiolytique, inhibe la libération d’acétylcholine et réduit le temps d’ouverture des canaux ioniques de la jonction neuro-musculaire, anti-oxydant, hypnotique, anti-convulsivant, hypothermisant, anesthésique local, antiseptique, antiviral
Le saviez-vous ?
« Néroli » est en somme la transformation du nom d’une petite bourgade italienne située à 50 km au nord-est de Rome : Nerola. Cette cité d’à peine 2000 âmes comptait un prince, Don Flavio Ier (1620-1698), premier prince de Nerola qui prit pour épouse en février 1675 la Française Anne-Marie de la Trémoille (1642-1722).
L’on dit de la princesse Nerola qu’elle aurait pris l’habitude, vers 1680, de parfumer ses gants avec de l’essence de néroli, mais aussi, ses vêtements, les tentures du palais, jusqu’à son bain même. Se parfumant à profusion dit-on, elle mit à la mode cette huile essentielle qui n’était, à l’époque, pas moins rare et onéreuse qu’aujourd’hui, allant jusqu’à la rendre indissociable de la petite ville de Nerola.
Quelles sont les propriétés pharmacologiques de l’huile essentielle de fleurs de Néroli ?
- Action sur le foie : Le limonène est cholérétique, détoxifiant, hépatoprotecteur et antioxydant. L’action détoxifiante est en effet liée à la stimulation des cytochromes P-450 ou des enzymes de phase 2 comme la glutathion-S-transférase.
- Action sur le système nerveux central : Le linalol exerce notamment une action complexe stimulante, sédative et anticonvulsivante. Il favorise l’apprentissage et la mémorisation en agissant sur les récepteurs nicotiniques. Il réduit l’activité motrice et potentialise le sommeil. L’action anticonvulsivante est liée à la diminution de la libération de glutamate, un médiateur stimulant du cerveau. Il agit sur le NDMA, le récepteur du glutamate, en réduisant la transmission nerveuse, induisant ainsi un effet antiépileptique. L’acétate de linalyle est par ailleurs calmant.
- L’huile essentielle de Néroli lutte contre la désadaptation aux situations, par hypersensibilité ; Les personnes que tout atteint : on n’ose plus rien dire, car elles sont hyper réactives, hyper stressées (H.E complémentaire de Chaemelum nobile).
- Cette huile est également antidépressive, elle « réaccorde » dit-on. Elle est de fait neurotonique et rééquilibrante.
- Effets antalgique et anti-inflammatoire : Le linalol se fixe sur les récepteurs opioïdes et exerce également une action analgésique de type opiacé. Il réduit ainsi l’œdème induit par la carragénine démontrant une action anti-inflammatoire. En outre, le linalol interfère sur les canaux calciques au niveau de la jonction neuromusculaire et réduit la contraction des muscles striés et induit une action anesthésique locale.
- Cortison-like, l’huile essentielle de Néroli de fait stimulante de l’axe hypophyso-corticosurrénalien, intéressante dans les états inflammatoires prolongés.
- Effet antispasmodique musculotrope : Le linalol s’oppose également à la libération de l’acétylcholine et réduit les contractions musculaires. L’acétate de linalyle est également antispasmodique.
- Effets antimicrobien et antiparasitaire : L’action antibactérienne est démontrée in vitro vis-à-vis de Campylobacter jejuni, Escheriecha coli, Listeria monocytogenes, staphylocoque doré ainsi que Pseudomonas aeruginosa. Le linalol est actif sur la giardiase (Giardia lamblia), la leishmaniose (Leishmania amazonensis) et les poux.
- Effet digestif : Le limonène réduit les nausées par action sur la motilité gastrique ainsi que l’acidité gastrique lors de reflux gastro-œsophagien. L’huile essentielle de Néroli stimule notamment la microcirculation digestive.
- Action sur la peau : Le limonène régule le sébum du cuir chevelu. Le néroli est donc astringent et tonique cutané.
Autres propriétés de l’essence d’orange amère:
- Lymphotonique ainsi que décongestionnante
- L’inhalation de l’huile essentielle de néroli aide à soulager les symptômes de la ménopause, augmenterait le désir sexuel, réduirait la pression artérielle chez les femmes ménopausées
- Améliore les symptômes du syndrome prémenstruel, en inhalation, potentialisation par l’H.E de rose de Damas
- Antifongique
Quelles sont les caractéristiques de l’Orange amère ?
Dénomination latine : Citrus aurantium
Famille botanique : Rutaceae
Organes producteurs : Feuilles, fleurs et zestes
Mode d’action connu ou présumé :
- Le d-limonène protège contre la cancérisation de la peau, du foie, du sein et du colon, inhibe la croissance cellulaire maligne
- Le linalol est antalgique, anti-inflammatoire, anxiolytique, inhibe la libération d’acétylcholine et réduit le temps d’ouverture des canaux ioniques de la jonction neuro-musculaire, anti-oxydant, hypnotique, anti-convulsivant, hypothermisant, anesthésique local, antiseptique, antiviral
Un peu d’histoire :
Originaire de Chine, l’oranger amer a été tout d’abord importé en Inde, en Syrie et en Egypte. Les Croisés l’amenèrent dans le sud de la France. Parmi les orangers amers célèbres, figure celui planté dans le jardin du couvent Sainte-Sabine à Rome ; ses fruits étaient offerts chaque année au pape. D’après la légende, l’arbre existe toujours.
Au fil des millénaires, l’arbre accomplira une longue marche vers l’Ouest. Les croisés découvrirent l’orange en Palestine et la rapportèrent chez eux.
Mais il ne s’agissait pas encore de la nôtre, douce et sucrée, mais de la bigarade, l’orange amère. Elle ne se mange pas, mais sert à fabriquer des marmelades. Ses fleurs, très parfumées, font des parfums. Quelques siècles après nos chevaliers en armure, c’est au tour des navigateurs portugais, au XVIe siècle, de découvrir l’orange en Chine, mais l’orange douce. L’oranger s’adapte parfaitement au climat européen, remontant bientôt la vallée du Rhône jusqu’à la ville qui lui doit son nom.
Durant quatre siècles, l’orange toise de haut les autres fruits, trônant sur les tables aristocratiques, puis bourgeoises. Avant-guerre, encore, on offrait une orange à Noël. Aujourd’hui, la belle vaniteuse est devenue une roturière des plus communes. Chaque année, la production mondiale avoisine 80 millions de tonnes, soit 800 milliards de fruits. Cent fois plus que d’humains.
Le génome du bigaradier est composé à 50 % de mandarinier et à 50 % de pamplemoussier.
La variété la plus répandue en Occident (C. aurantium var. bigaradia Hook. f.) est originaire du sud de l’Himalaya où Joseph Hooker signale des arbres sauvages.
Il aurait été acclimaté en Mésopotamie « à l’époque romaine tardive ». Silvestre de Sacy considère qu’il a été transporté par les Arabes depuis l’Inde au début du Xe siècle (année 300 de l’Hégire). Les Arabes l’introduisent en Syrie en 943. Sa culture est mentionnée en Sicile en 1002, il est présent en Al-Andalus au XIe siècle, successivement à Malaga, dans la Vega de Grenade, puis la province de Castellón. La plupart des agronomes arabes andalous le mentionnent et décrivent parfaitement sa culture.
Il est cultivé comme plante décorative parfumée (la cour de la grande mosquée de Cordoue en est plantée, la bigarade est aussi appelée cordobesa), pour son intérêt pharmaceutique (liniment obtenu par macération du zeste dans l’huile d’olive), cosmétique (désodorisant corporel) et pour son huile essentielle qui « fortifie les articulations » selon Ibn al-Awam. Au XIIIe siècle, le livre de cuisine de l’Anonyme Andalou, donne une recette de pâte d’orange (1/4 de zeste d’orange « rouge » désamérisés à l’eau froide, 3/4 de miel) dont il énumère les profits — digestion, diurétique, et « elle fait du bien aux narines froides » — ; le texte confirme qu’il existait divers cultivars de bigaradier.
Les Espagnols l’introduisent en Floride espagnole d’où il se répand dans le nouveau monde. Elle est présente au Mexique en 1568, au Brésil en 1587. En 1763, l’Amérique exporte des bigarades vers le Royaume-Uni, où une tentative de culture a commencé en 1595, dans le Surrey, détruite par le froid en 1739. La première recette de Marmelet of oranges date de 1677.
En Orient :
La diffusion vers le sud-est asiatique puis l’Océanie (Fidji, Samoa, Guam) est vraisemblablement ancienne : « les peuples des îles du Pacifique pensent que l’arbre est arrivé chez eux dès la préhistoire ».
En Chine, la bigarade de Méditerranée, on y cultive diverses variétés à usage pharmaceutique, alimentaire, et pour l’huile essentielle, dont le daïdaï (Citrus aurantium L. cv. Daidai). Ce même daïdaï est le principal bigaradier japonais avec son fruit de bon augure, présage de longévité car il peut passer plusieurs années sur l’arbre (en reverdissant l’été).
L’huile essentielle de Néroli requiert-elle des précautions d’emploi ?
- Éviter en association avec la cortisone, risque d’interaction médicamenteuse
- Ne pas utiliser sur une période prolongée, au risque de mettre au repos l’axe hypophyso-surrénalien et de subir une insuffisance surrénalienne aiguë à l’arrêt de la prise de l’H.E
- Éviter d’appliquer l’H.E le soir (ou avant toute période de repos)
- Déconseillée chez les personnes souffrant d’ostéoporose, en raison du risque de décalcification inhérent
- Dermocaustique, action révulsive sur la peau à l’état pur et agressive pour les muqueuses (rougeurs, irritations, prurit), pas d’emploi pur, dilution au préalable requise
- Inhibitrice enzymatique, risque d’interactions médicamenteuses (géraniol)
- Attention à d’éventuels effets gynécomastiants en usage prolongé, linalol et acétate de linalyle montrent une activité anti-androgénique et une faible activité estrogénique en se liant aux récepteurs aux œstrogènes. Le linalol et l’acétate de linalyle empêchent la production de testostérone, ces molécules sont donc à éviter au long cours chez les individus de sexe masculin en tant que perturbateurs endocriniens
- Contre-indiquée chez l’enfant de moins de 8 ans
- Prudence en cas d’insuffisance rénale per os
- Contre-indiquée chez la femme enceinte (le limonène induit des contractions utérines) ou allaitante
- Contre-indiquée chez les épileptiques ou les personnes aux antécédents de convulsions
- Pas d’inhalation humide
Sources bibliographiques médicales et essais cliniques :
- Choi SY, Kang P, Lee HS, Seol GH. Effects of Inhalation of Essential Oil of Citrus aurantium L. var. amara car on Menopausal Symptoms, Stress, and Estrogen in Postmenopausal Women: A Randomized Controlled Trial. Evidence-based Complementary and Alternative Medicine : eCAM. 2014
- Heydari, N., Abootalebi, M., Tayebi, N., Hassanzadeh, F., Kasraeian, M., Emamghoreishi, M., & Akbarzadeh, M. (2019). The effect of aromatherapy on mental, physical symptoms, and social functions of females with premenstrual syndrome: A randomized clinical trial. Journal of family medicine and primary car e
- Heydari, N., Abootalebi, M., Jamalimoghadam, N., Kasraeian, M., Emamghoreishi, M., & Akbarzadeh, M. (2018). Investigation of the effect of aromatherapy with Citrus aurantium blossom essential oil on premenstrual syndrome in university students: A clinical trial car study. Complementary therapies in clinical practice
- Heydari N, Abootalebi M, Jamalimoghadam N, Kasraeian M, Emamghoreishi M, Akbarzaded M. Evaluation of aromatherapy with essential oils of Rosa damascena for the car management of premenstrual syndrome. Int J Gynaecol Obstet. 2018
- Azanchi T, Shafaroodi H, Asgarpanah J. Anticonvulsant activity of Citrus aurantium blossom essential oil (neroli): involvment of the GABAergic system. Nat Prod Commun. 2014
- Ammar AH, Bouajila J, Lebrihi A, Mathieu F, Romdhane M, Zagrouba F. Chemical composition and in vitro car antimicrobial and antioxidant activities of Citrus aurantium l. flowers essential oil (Neroli oil). Pak J Biol Sci. 2012