Une légende prétend qu’un faucon se nourrirait de suc de piloselle afin de perfectionner sa vue. Hierakon, dans lequel on devine le nom latin de la piloselle; Hieracium, était déjà le nom grec de plusieurs Chicoracées, mais il contient aussi Hierax, « faucon ». On a donc donné à la piloselle ce nom d’Hieracium, « sans que l’on aperçoive d’explication en dehors de légendes populaires ».
Un peu d’histoire
Le choix du faucon n’est peut-être pas si anodin tant on sait à quel point cet oiseau possède une vue perçante. Tout ceci nous a brièvement rattachés à l’Antiquité, mais à cette lointaine époque, il n’est nullement question de piloselle; elle n’est d’ailleurs mentionnée par aucun des anciens auteurs antiques. Ça n’est qu’au XIIe siècle qu’on la rencontre pour la première fois; consignée par la main de cette grande dame que fut Hildegarde. Elle lui attribue pour lors le nom de Musore.
Hildegarde nous explique que la piloselle permet de diminuer les humeurs mauvaises accumulées dans le corps. Sans doute fit-elle référence aux effets diurétiques et dépuratifs de la piloselle, chassant chlorures, urée et autres toxines en dehors de l’organisme.
Le nom même de la piloselle émane du Moyen-Âge tardif, et provient de ce que, comme le souligne Gaspard Bauhin (1560-1624), la piloselle est copieusement poilue. On la décrit dans l’Hortus sanitatis de 1485 ainsi que dans l’Herbarius de 1536.
En 1554, Matthiole écrit que « les médecins ont appris qu’elle constitue un remède à la dysenterie et à la métrorragie. De plus, macérée dans du vin un peu âpre, elle amène les plaies, tant internes qu’externes, à se fermer : elle est d’un grand secours contre les vomissements de bile, les crachements de sang, les entérites, les hernies intestinales et toutes les fractures, surtout du crâne. Il ne manque même pas de médecins, surtout contemporains, qui la recommandent dans les affections du foie et de la rate et dans les débuts d’hydropisie. On l’ajoute utilement aux boissons dans des cas de plaies internes et aux emplâtres et baumes vulnéraires, car, non seulement elle cicatrise les blessures récentes, mais elle guérit aussi les ulcères rebelles ».
Quelles sont les principales propriétés pharmacologiques de la Piloselle ?
La piloselle est une plante médicinale qui possède des propriétés pharmacologiques intéressantes pour la santé. Dans cette section, nous allons explorer les principales propriétés pharmacologiques de la piloselle, y compris ses effets diurétiques, hépatoprotecteur et anti-inflammatoires.
Activité rénale :
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Propriétés bactériostatiques :
Des essais in vitro effectués à la fin des années 1940 ont démontré que l’ombelliférone libre exerce une activité bactériostatique. Cette coumarine est capable d’inhiber des colonies bactériennes comme Brucella (abortus et melitensis) ainsi que Salmonella typhimurium principalement, mais aussi Staphylococcus aureus et Escherichia coli. Le 4′-O-β-D-glucopyranoside d’isotéine, une flavonoïde isolé de l’extrait méthanolique des parties aériennes de Hieracium pilosella, inhibe la croissance de Pseudomonas aeruginosa. Cette activité se potentialise notamment par la présence des acides-phénols, qui sont antibactériens.
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Propriétés détoxiquantes et aquarétiques :
Cette activité traditionnellement reconnue serait liée à la présence de flavonoïdes, qui favorisent l’élimination de l’urée, de l’acide urique, et des chlorures. L’action diurétique de la piloselle est également liée à sa richesse en inuline. Ce composé, un mélange de polysaccharides et d’oligosaccharides constitué de polymères de fructose se terminant par un α-D-glucose relié à cette chaîne, est un fructane qui augmente la pression osmotique au niveau du glomérule rénal. Cette action entraîne une plus grande élimination de l’eau filtrée par ce dernier, et provoque donc un effet diurétique, ce qui permet également de soulager l’inflammation des voies urinaires.
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Activité sur la filtration glomérulaire :
La piloselle augmente la vasodilatation du parenchyme rénal, ce qui améliore ainsi le débit de filtration glomérulaire.
Activité hépatodigestive :
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Propriétés cholérétiques et hypocholestérolémiantes :
L’ombelliférone exerce par ailleurs une activité cholérétique, sans effet cholagogue. L’action des acides-phénols associés à l’ombelliférone sur la qualité de la bile explique l’action anti-hypocholestérolémiante de la piloselle. Elle a également une activité spasmolytique au niveau du sphincter d’Oddi.
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Propriétés intestinales :
Cette action est due en effet aux propriétés astringentes de ses tanins, la piloselle exerce une activité antidiarrhéique et cicatrisante intestinale.
Propriétés antioxydantes, anti-inflammatoires et antiprolifératives :
De façon générale, les composés polyphénoliques, tels que ceux contenus dans la piloselle, ont montré des propriétés antioxydantes, anti-inflammatoires et cardioprotectrices, ainsi qu’antimicrobiennes, antimutagènes et antiprolifératives. Une activité antioxydante significative a été confirmée pour l’acide chlorogénique, l’apigénine-7-O-glucoside et l’ombelliférone contenus dans la piloselle.
Des études de 2011 ont rapporté les effets antioxydants d’un nouveau flavonoïde isolé à partir de Hieracium pilosella (le 4′-O-β-D-glucopyranoside d’isoétine). Outre une forte activité de piégeage de radicaux libres, ce composé a montré une action antiproliférative significative contre une lignée cellulaire de carcinome du côlon.
Existe-t-il des précautions d’emploi concernant la Piloselle ?
Avant de commencer à prendre de la piloselle, il est important de savoir s’il y a des précautions d’emploi à prendre en compte pour éviter tout risque pour la santé. Dans cette section, nous allons examiner les précautions d’emploi de la piloselle et les personnes qui devraient éviter de la prendre.
Contre-indications :
- Un avis médical est en définitive conseillé en cas d’utilisation de la piloselle pendant la grossesse ou l’allaitement.
Précautions d’emploi :
- Pour assurer une augmentation de la quantité d’urine, un apport hydrique adéquat est nécessaire pendant le traitement.
- Dans le cadre de l’utilisation de la piloselle en automédication, si les symptômes s’aggravent pendant l’utilisation de la plante, un médecin ou un professionnel de santé qualifié devrait être consulté. De même, la survenue d’une fièvre, d’une dysurie, de spasmes ou de sang dans les urines impose une consultation médicale.
- Ne pas utiliser la piloselle, plante diurétique, pendant une crise de colique néphrétique. La plante pourra s’utiliser tout de suite après la crise.
- La piloselle n’est pas adaptée au traitement d’une éventuelle rétention hydrique due à une insuffisance rénale ou à une insuffisance cardiaque. La survenue d’œdèmes impose une consultation médicale.
Comment prendre la Piloselle et à quel dosage ?
La piloselle est une plante médicinale qui peut être bénéfique pour la santé lorsqu’elle est prise correctement. Cependant, il est important de savoir comment la prendre et à quel dosage pour éviter tout effet indésirable. Dans cette section, nous allons examiner les différentes formes sous lesquelles la piloselle peut être consommée et les dosages recommandés pour chaque forme.
Forme sèche :
- En complément alimentaire sous forme d’extrait sec aqueux en gélules.
Forme liquide :
- Extrait fluide de plante fraîche standardisé : 5 à 10 ml par jour dans un verre d’eau ou dans 1L à boire réparti sur la journée.
- Infusion : 100 g de plante fraîche/1L d’eau pendant 10 min, 1 tasse 2 à 3 fois par jour.
Sources bibliographiques médicales et essais cliniques :
- Stanojevic L. et al., Antioxidant Activity and Total Phenolic and Flavonoid Contents of Hieracium pilosella L. Extracts, Sensors, 2009
- Haag-Berrurier M. et al., Control of the active antibrucellosis principes in Hieracium pilosella L., before and after stabilization. Pharm Acta Helv., 1960
- Adegbola P. et al., Antioxidant and anti-inflammatory medicinal plants have potential role in the treatment of car diovascular disease ; a review, Am J Car diovasc Dis., 2017
- Frey F.M. et al., Antivacterial activity of traditional medicinal plants used by Haudenosaunee peoples of New York State; BMC Complement Altern Med., 2010