Un peu d’histoire pour commencer…
Aux temps préhistoriques, la grenade aura égrainé tout autour de la vaste région qui borde la mer Méditerranée, et même au-delà. À son sujet, on trouve des traces écrites dans certains documents sanskrits, à travers des inscriptions hiéroglyphiques. C’est dire sa sphère d’influence dans le temps et l’espace !
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D’un point de vu mythologique :
Certains passages homériques nous la décrivent comme la fameuse « pomme de discorde » de la guerre de Troie. Si on trouve la grenade dans bon nombre de civilisations, il semblerait qu’elle ait tout particulièrement eu une incidence majeure en Grèce antique, car nombreuses sont les divinités pour lesquelles la grenade demeure un attribut.
En raison de ses très nombreuses graines, de la rotondité de sa forme et de la couleur de sa pulpe, elle a été associée à Aphrodite. Incarnant l’amour et la fécondité, on dit de la grenade qu’elle aurait été plantée par la main d’Aphrodite sur l’île de Chypre.
On trouve aussi la grenade liée à Héra et à Dionysos, mais c’est en relation avec la fille de Déméter, Perséphone, que la grenade reste la plus connue. Perséphone, séduite par Hadès, qui lui fit manger un grain de grenade (parfois six, ou une grenade entière), fut donc condamnée à passer un tiers de l’année aux enfers, le reste du temps auprès des Immortels. Ici, le grain symbolise la tentation à laquelle l’homme doit résister ; ne pas céder face à l’insistance et faire donc preuve de force.
Cependant, grâce à ses allers-retours entre les Enfers et les hautes sphères, le mythe de Perséphone semble vouloir dire bien plus que cela, « puisque sa remontée vers la surface de la terre signifie le réchauffement et le verdissement de celle-ci, le renouveau printanier et, par ce biais, la fertilité ». Triste ironie que le sort réservé à Perséphone car la tentation lui vaudra de devenir stérile. Celle qui fut une « jeune fille » (Korê), ne saurait donc devenir «mère » (Déméter).
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D’un point de vu médicinal :
Plus prosaïque, Pline l’Ancien, dans son Histoire naturelle, fera cas du grenadier, en particulier des boutons floraux de ce petit arbre, comme remède ophtalmique. Écoutons ce qu’il dit à son sujet : « Si, après avoir défait tous les liens de sa ceinture et de sa chaussure et même retiré son anneau, on cueille un bouton avec deux doigts de la main gauche, le pouce et le quatrième, si on le fait passer devant les yeux en les touchant légèrement et qu’on le jette dans la bouche et l’avale sans le toucher des dents, on éprouvera de l’année, dit-on, aucune faiblesse de la vue ». Les liens se devaient d’être dénoués, sous peine d’empêcher toute communication entre la personne qui cueille la fleur et la divinité attribuée à la plante.
Les hippocratiques mentionnaient son emploi pour soigner les plaies. Comme nous le prouve une grenade découverte dans la tombe d’un dignitaire de l’époque de Ramsès IV, la grenade, déjà connue des Égyptiens, était matière médicale. En effet, ils se servaient de l’écorce des racines de grenadier comme vermifuge contre le ver solitaire ou tænia. Au XXe siècle, le docteur Jean Valnet en faisait encore l’usage pour des raisons identiques.
En 1500 av. J.-C., le Pharaon Thoutmès introduisit le grenadier en Égypte, en provenance du Proche-Orient. Au 1er siècle av. J.-C., le médecin grec Dioscoride connaissait ces vertus qui furent ensuite oubliées durant près de 1800 ans.
Sous quelle forme consommer de la grenade ?
On méconnaît toutes les formes sous lesquelles on peut trouver la grenade.
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Fraîche :
Il faut presser le fruit entier, pour ne pas perdre les tanins de l’écorce intérieure (les filaments blancs). Evitez les pépins, ils sont très amers. Sinon vous pouvez bien entendu la consommer telle quelle !
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En jus :
Le jus de grenade se trouve de plus en plus couramment en grande surface. Evitez les sucres ajoutés et les conservateurs.
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En extrait de Grenade :
Sec ou non, il peut se trouver en parapharmacie. Demandez conseil à votre pharmacien.
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En sirop ou en mélasse (un peu plus épais que le sirop) :
Sous cette forme, la grenade s’utilise souvent dans les plats orientaux. On peut la trouver dans les boutiques spécialisées.
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En jus fermenté :
C’est une sorte de vin de grenade, le jus de grenade fermenté peut se trouver en vente sur internet (mais attention à la qualité du produit) ou dans certains magasins spécialisés.
Les bienfaits de la grenade sur votre santé :
La grenade contient des composés appelés ellagitanins, qui sont transformés en urolithines par les bactéries de l’intestin humain. L’Urolithine A est l’une des urolithines les plus étudiées, connue pour ses effets potentiels comme antioxydant et anti-inflammatoire.
La grenade est l’un des fruits ayant le plus de propriétés antioxydantes (ses effets seraient supérieurs à ceux du thé vert). C’est pourquoi sa consommation permet de diminuer le taux de cholestérol dans le sang, l’athérosclérose, la pression artérielle et ainsi de prévenir les maladies cardiovasculaires. Elle réduirait également l’apparition et la vitesse d’évolution des cancers de la prostate et du sein, de la vessie, voire du côlon. Cet effet s’expliquerait aussi par ses propriétés anti-inflammatoires et antiprolifération.
Toujours en raison de la présence des antioxydants, le fait de consommer régulièrement de la grenade pourrait protéger contre les troubles neurologiques liés au vieillissement, dont la maladie d’Alzheimer. En effet, la grenade est un agent protecteur contre le vieillissement de la cellule et la démence, les inflammations chroniques, ainsi que le diabète.
La grenade serait aussi utile pour prévenir la grippe et combattre la toux en raison de la présence de vitamine B6 en grande quantité – qui renforce le système immunitaire -, des effets anti-inflammatoires des antioxydants, ainsi que des actions antibactériennes et antivirales des tanins dont elle regorge. D’autre part, de nombreuses études prouvent son intérêt contre l’apparition et la récidive des infections urinaires. Et, chez les patients dialysés, la consommation de jus de grenade entraînerait un moindre risque infectieux et une baisse de l’inflammation.
Étant riche en œstradiol, son fruit est considéré comme aphrodisiaque chez la femme et employé pour le dysfonctionnement érectile chez les hommes. On aime aussi l’utiliser dans la polyarthrite rhumatoïde pour ses propriétés anti-inflammatoire. Les fleurs, quant à elles, sont utilisées en médecine traditionnelle comme antidiabétiques car elles diminuent la fibrose cardiaque.
Enfin, en médecine traditionnelle tibétaine comme en Europe, ses vertus sur la digestion sont largement reconnues.
Conclusion :
Il est donc recommandé d’en manger régulièrement pendant sa saison (de septembre à février dans l’hémisphère Nord) et de boire quotidiennement un verre du jus de grenade (sans sucre ajouté) le reste de l’année. La grenade existe aussi sous forme d’extrait, sec ou non, vendu en parapharmacie. On trouve également du jus fermenté, sorte de vin, dans certains magasins spécialisés et sur Internet.
Attention, la grenade ne fait pas bon ménage avec les statines (médicaments contre le cholestérol), les anticonvulsivants (carbamazépine, phénytoïne), les anti-inflammatoires (AINS), les antidépresseurs (IRS), les antalgiques (diclofénac), les anti-hypertenseurs (sartans), les anti-œstrogènes (tamoxifène) et les anticoagulants (warfarine). Le mieux est d’en parler à son médecin.
merci
À bientôt chez Soin & Nature !