Si l’on souhaite approfondir ses connaissances sur le noyer et ses fruits, on ne sera guère surpris par l’ambiguïté caractérisant cet arbre. Si la noix semble généralement propice, il en est autrement pour son porteur. Une ombre néfaste plane depuis la nuit des temps sur cet arbre. Le noyer tire son nom de la noix, nux ; celui-ci étant issu de noxicus → « nuisible », ce qui pourrait expliquer la réputation « nocive » des noix. La noix émanant du noyer, ce dernier ne pouvait de fait qu’être d’essence néfaste selon Dioscoride.
Un peu d’histoire
Les noix, originaires de Perse, ont été citées très tôt dans la composition de diverses antiques préparations. Même si la noix tient une mauvaise réputation auprès de Dioscoride, celle-ci détient toutefois de nombreux avantages.
Au Moyen Âge, Hildegarde envisage le noyer, contrairement à Dioscoride, comme un arbre dont toute partie est bénéfique. De plus, les feuilles, les écorces, les cosses ainsi que les noix lui permettent de confectionner des potions pour divers maux tels que la goutte, les maladies de la peau, les vers intestinaux… Elle rédige notamment une mention spéciale à propos de l’huile extraite de la noix en indiquant qu’elle « donne la joie à l’esprit » de celui qui en mange.
Quelles sont les principales propriétés pharmacologiques des feuilles de Noyer ?
Propriétés antidiarrhéiques :
Les feuilles de noyer s’utilisent traditionnellement dans le traitement symptomatique des diarrhées légères. L’intérêt de l’extrait testé réside dans sa capacité à inhiber la diarrhée sans bloquer complètement la défécation, contrairement au traitement de référence (lopéramide). Il montre également des effets antinociceptifs non observés avec le lopéramide. Les particularités de cet extrait ont ainsi été attribuées à la présence d’acides hydroxycinnamiques (acides chlorogénique, néochlorogénique, 3-p- et 4-p coumaroylquinique) et de flavonoïdes (principalement des dérivés de la quercétine, de la myricétine, du kaempférol, et de la taxifoline). Certaines de ces molécules présentent des propriétés anti-inflammatoires et antioxydantes, et ont également la capacité d’inhiber les sécrétions hydroélectrolytes ainsi que la motilité au niveau intestinal.
Propriétés métaboliques :
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Régulation de la glycémie et de la lipidémie :
Chez les patients présentant un diabète de type 2 et sous thérapie standard, la consommation de feuilles de noyer, à raison de 200mg par jour pendant 3 mois, s’est accompagnée d’une réduction de la glycémie à jeun, des quantités d’HbA1c, ainsi que des concentrations en cholestérol total et en triglycérides. Ces données ont été confirmées chez l’animal, notamment dans des modèles de diabète induit à la streptozotocine ou à l’alloxane. Il a ainsi été montré dans ces études in vivo que l’extrait de feuilles de noyer exerce une activité antidiabétique comparable à celle du glibenclamide, qu’il possède également des propriétés antioxydantes, qu’il réduit l’insuffisance enzymatique fonctionnelle hépatique, augmente l’action détoxiquante des hépatocytes, et améliore l’insuffisance fonctionnelle rénale.
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Activité antidiabétique spécifique :
Plusieurs mécanismes d’actions propres aux feuilles de noyer ou à ses molécules actives ont été mis en évidence in vitro, et incluent une diminution de certaines enzymes telles que la protéine tyrosinase phosphatase 1 B myocytaire et la glucose-6-phosphatase hépatique, une régénération des îlots de Langerhans, et une augmentation du pourcentage de cellules bêta pancréatiques, ainsi que l’inhibition de l’activité du transporteur membranaire de glucose (GLUT 2) au niveau intestinal. Par ailleurs, l’extrait méthanolique de noyer inhibe la réaction de Maillard, démontrant ainsi une capacité de bloquer le processus de glycation des protéines.
Propriétés antioxydantes :
De nombreuses études ont mis en évidence l’activité antioxydante de différents extraits de feuilles de noyer in vitro, notamment en utilisant la méthode du piégeage du radical libre DPPH (2,2-diphényl-1-picrylhydrazyl). Dans une des études, les extraits testés possédaient en effet une activité antioxydante proche de celle du superoxyde dismuate, et supérieure à celle observée avec le butylhydroxyanisole et l’α-tocophénol (une forme de vitamine E préférentiellement absorbée et accumulée chez l’homme). Cette action a notamment été montrée pour certains tanins hydrolysables de la plante, les glansrines AC30 (des ellagitanins).
Propriétés anti-infectieuses :
L’extrait de feuilles de noyer inhibe, in vitro, la croissance de certaines bactéries Gram (+) pouvant effectivement être responsables d’intoxications alimentaires (Bacillus cereus, Staphylococcus aureus, et bactéries du genre Listeria) ou de pathologies buccodentaires (Streptococcus mutans et Actinomyces viscosus).
L’extrait de feuilles de Juglans regia inhibe les bactéries présentes dans le contenu des lésions acnéiques à savoir Propionibacterium acnes, Staphylococcus aureus et Staphylococcus Epidermidis, présent respectivement dans 47 %, 13 % et 24 % des cas.
L’inhibition de champignons responsables de mycoses de la peau et des phanères (Microsporum canis et Trichophyton violaceum) a également été rapportée avec des résultats comparables à ceux de la griséofulvine (antifongique de référence en cas de mycose).
Autres propriétés :
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Anticancéreuses :
La juglone contenue dans les feuilles de noyer est antitumorale sur les tumeurs ascitiques d’Ehrlich. Elle est également cytotoxique sur différentes lignées de cellules cancéreuses humaines (prostate, sein, peau, côlon, rein, poumon). Les effets anticancéreux des composés stockés dans cette plante, tels que la juglanine, la juglone et les métabolites de l’ellagitannine, les urolithines, laissent donc entrevoir un potentiel antitumoral.
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Vasorelaxante et vasculo-protecteur :
In vitro, l’extrait de Juglan regia et ses composants tanniques, notamment l’acide éllagique, présentent une activité anti-inflammatoire sur les cellules endothéliales de l’aorte humaine et une activité ostéoblastique. Ex vivo, la feuille de noyer inhibe de manière dose-dépendante la contraction induite par la noradrénaline sur l’aorte.
Existe-t-il des précautions d’emploi concernant le Noyer ?
Contre-indications :
- Ne pas utiliser en usage local sur les plaies ouvertes et les blessures cutanées étendues.
Précautions d’emploi :
- Dans l’indication traditionnelle cutanée de la plante, en raison de la présence possible de juglone dans les feuilles, par mesure de précaution et en l’absence de données, l’EMA ne recommande pas l’utilisation du noyer chez la femme enceinte ou allaitante, ainsi que chez l’enfant et l’adolescent de moins de 18 ans.
- Du fait de ses propriétés antidiarrhéiques, il n’est pas recommandé d’utiliser le noyer en cas de constipation sévère.
- Certains auteurs s’interrogent sur la possible cytotoxicité de la juglone contenue dans la feuille de noyer lors d’une utilisation locale au long cours. Pour l’usage externe, éviter les pansements occlusifs ou l’utilisation sur de grandes surfaces cutanées.
Interactions médicamenteuses :
- Aucune connues à ce jour.
Comment prendre le Mucuna et à quel dosage ?
Forme sèche :
- En complément alimentaire, sous forme d’extrait de plante fraîche standardisé en gélules.
Forme liquide :
- Extrait fluide de plante fraîche standardisé : 5 à 10ml par jour dans un verre d’eau.
- Macérat glycériné de bourgeon : 15 à 20 gouttes 1 à 4 fois/jour dans un verre d’eau.
- Tisanes : 1 poignée de feuilles/litre 15 à 20 minutes, 1 tasse 1 à 4 fois par jour. Pour l’usage externe, doublez la concentration.
Sources bibliographiques médicales et essais cliniques :
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