Les graines Africaines de Griffonia, du Tryptophane à l’état pur !

L’évocation du griffonia suscite diverses images. Les campagnards l’associent souvent à des chiens de chasse, qu’ils soient de meute ou de chasse à l’arrêt. Les citadins, eux, pensent plutôt à des races canines d’agrément originaires de Belgique. Les amateurs de fantastique, quant à eux, imaginent directement le griffon. Cette créature mythique combine l’arrière d’un lion et la tête d’un aigle, avec des ailes et des serres. Certains peuvent même penser à Gryffondor, nous plongeant dans le monde magique d’Harry Potter. Il ne manque plus qu’un peu de mandragore, et la magie est prête à opérer…

Qu’est ce que le Griffonia ?

Le Griffonia, largement présent en Afrique tropicale de l’Ouest, est traditionnellement consommé en médecine traditionnelle africaine. Utilisé par voie orale, ses feuilles en décoction possèdent des vertus antiémétiques, aphrodisiaques, antitussives et purgatives. Externement, il sert à traiter les plaies syphilitiques, brûlures et inflammations oculaires. L’intérêt occidental pour cette plante a débuté dans les années 70, surtout pour sa haute teneur en 5-HTP (5-hydroxytryptophane), un précurseur de la sérotonine.

Appartenant à la sous-famille des Caesalpinioïdeae, le genre Griffonia comprend quatre espèces, dont Griffonia simplicifolia reste la plus connue. Griffonia simplicifolia est un arbuste sarmenteux dont le tronc peut mesurer jusqu’à 7 cm de diamètre. La partie végétale s’étend entre 3 et 10 mètres de hauteur. Ses feuilles sont ovées et glabres, tandis que ses fleurs bisexuées sont groupées en grappes tomenteuses grises. La floraison a lieu de juillet à novembre. Le fruit est une gousse contenant une à quatre graines orbiculaires glabres.

Décrite par Henri Baillon au XIXème siècle, cette liane grimpante se retrouve principalement en Afrique équatoriale. Elle est également connue sous les noms de Bandeiraea simplicifolia et Schotia simplicifolia.

Les graines de Griffonia simplicifolia, riches en 5-Hydroxytryptophane, sont utilisées en phytothérapie. Le 5-HTP, précurseur de la sérotonine, joue un rôle clé en tant que neurotransmetteur dans le système nerveux et affecte notamment la régulation de l’humeur. La plante contient également l’isolectine B4, une lectine de légumineuses qui interagit avec les résidus alpha-D-galactosyl.

Quelles sont les principales propriétés pharmacologiques des gousses de Griffonia ?

Des études ont exploré l’activité du 5-hydroxytryptophane (5-HTP), un composant clé des graines de Griffonia simplicifolia. Ce précurseur de la sérotonine se transforme dans le tissu nerveux sous l’action de l’enzyme L-aminoacide décarboxylase. Grâce à sa bonne biodisponibilité, le 5-HTP de la plante traverse la barrière hémato-méningée, contribuant ainsi fortement à son efficacité thérapeutique. D’autres études ont par ailleurs porté directement sur la plante elle-même.

Propriété antidépressive

Des études d’observation et quelques essais randomisés ont par ailleurs montré que le 5-HTP présente un intérêt thérapeutique chez les patients atteints de dépression légère à modérée. In vivo, chez des patients atteints de troubles unipolaires et bipolaires, la prise de 5-HTP a permis une amélioration des troubles dans 69% des cas sans effets secondaires. La comparaison de l’efficacité d’un inhibiteur de la recapture de la sérotonine (fluvoxamine) à celle du 5-HTP a mis en évidence l’équivalence des 2 traitements dès 2 semaines d’administration chez des patients atteints de dépression.

Des chercheurs ont étudié le Griffonia, riche en 5-HTP (5-hydroxytryptophane), pour son utilité potentielle dans le traitement de la dépression. Ils ont comparé le 5-HTP à l’imipramine, un médicament antidépresseur. Ils n’ont trouvé aucune différence notable entre les deux. Cette découverte suggère que le 5-HTP n’est pas moins efficace que l’imipramine. En outre, l’association du 5-HTP avec un antidépresseur tricyclique a considérablement amélioré les scores au test de Hamilton chez les patients souffrant de dépression. Il est notable que le 5-HTP passe aisément la barrière hémato-encéphalique. Contrairement au L-tryptophane, il n’a pas besoin d’un transporteur spécifique pour atteindre le système nerveux central.

Depuis les années 1970, quinze études ont évalué les effets cliniques du 5-HTP sur la dépression, impliquant un total de 511 patients. Parmi eux, 285 patients (56 %) ont montré une amélioration significative avec le 5-HTP. Plusieurs études ont été menées au Japon dans les années 1970. Dans un grand essai clinique, 69% des patients ont montré des améliorations significatives avec le 5-HTP, sans effets secondaires rapportés. En Suisse, une étude a comparé le 5-HTP à la fluvoxamine, un ISRS, révélant une réduction significative et presque égale des symptômes dépressifs dans les deux groupes.

Les résultats suggèrent donc que le 5-HTP possède des propriétés antidépressives, méritant davantage de tests. Ces études ont utilisé du 5-HTP synthétique; des recherches sur l’utilisation de Griffonia pourraient justifier son efficacité dans le conseil pharmaceutique. Il serait également pertinent d’étudier la décarboxylation périphérique du 5-HTP pour potentialiser son efficacité.

Propriété anxiolytique et sédative

In vivo, l’extrait de graine de Griffonia simplicifolia exerce notamment un effet anxiolytique. Dans une étude impliquant 20 patients avec trouble panique et 20 sujets sains, l’administration de 5-HTP a prévenu l’augmentation de l’anxiété et des symptômes dépressifs. Elle a également entraîné une hausse des taux plasmatiques de cortisol, de β-endorphine et de mélatonine. Ces résultats sont cohérents car la sérotonine se transforme en mélatonine dans l’épiphyse.

Plusieurs études ont en effet mis en évidence l’effet hypnotique du 5-HTP. Chez des patients normaux, l’administration du 5-HTP augmente significativement la durée du sommeil paradoxal. De même chez des patients modérément insomniaques, des doses faibles de 5-HTP améliorent significativement la durée et la profondeur du sommeil.

Propriété satiétogène

Une équipe italienne a étudié l’effet sur la satiété d’un extrait de griffonia administré pendant 4 semaines, en même temps qu’un régime hypocalorique, chez 20 femmes en surpoids. Les résultats montrent une diminution significative de la sensation d’appétit, de l’indice de masse corporelle (IMC) et des tours de bras et de taille dans le groupe traité comparé au placebo.

D’autres études ont évalué l’effet du 5-HTP sur le comportement alimentaire :

• Chez les femmes obèses (30 < IMC < 40), la prise de 5-HTP comparée à un placebo permet une perte significative de poids avec diminution spontanée de l’apport calorique journalier (3220 Cal/j) et notamment de l’apport de glucides (diminution de 50%).
• De même, chez des patients atteints d’un diabète de type 2, la prise de 5-HTP comparée à un placebo permet une réduction significative de la consommation calorique (réduction de la prise de glucides et de lipides) associée à une perte de poids significative.

Propriété antimigraineuse et action sur les douleurs fibromyaliques

Chez des patients migraineux, la prise de 5-HTP pendant 6 mois présente la même efficacité qu’un antimigraineux de référence (méthysergide). Le 5-HTP présente également une efficacité comparable à un β-bloquant, et permet de réduire de manière significative la fréquence des crises migraineuses et la prise d’analgésique.

Un dysfonctionnement du système de modulation de la nociception semble intervenir dans les cas de fibromyalgie. Des études ont montré que les patients atteints de fibromyalgie présentent des taux réduits de métabolites de la sérotonine dans le liquide céphalo-rachidien. Cela suggère un lien entre un déficit en sérotonine et la pathogénie de la maladie. De plus, une augmentation de la substance P, qui intensifie la douleur, a été observée dans le système nerveux central et les nerfs périphériques.

Dans une étude sur la fibromyalgie, le 5-HTP pris pendant 30 jours a réduit le nombre et l’intensité des points douloureux. Il a aussi diminué la rigidité musculaire matinale et l’anxiété, mieux qu’un placebo.

Une étude a montré que combiner le 5-HTP avec un inhibiteur de la monoamine oxydase (IMAO) soulage mieux les douleurs de la fibromyalgie. Ce traitement s’est révélé plus efficace qu’un inhibiteur de la recapture de la sérotonine et de la noradrénaline (tel que l’amitriptyline) ou un IMAO seul. De plus, l’administration de 5-HTP seul apparaît aussi efficace que l’administration de l’antidépresseur tricyclique ou de l’IMAO seuls.

In vitro, les alcaloïdes du griffonia exercent une activité cytotoxique sur des lignées de cellules cancéreuses.

Existe-il des précautions d’emploi concernant le Griffonia ?

Le 5-HTP, un précurseur de la sérotonine, joue un rôle crucial dans le système nerveux central. Il affecte le sommeil, l’humeur et la dépression. Cependant, des préoccupations existent concernant l’usage de compléments alimentaires contenant du 5-HTP. Il est crucial de ne pas combiner ces compléments avec des antidépresseurs.

Le Griffonia, source naturelle de 5-HTP, est utile pour divers troubles, mais présente des contre-indications. Le Griffonia n’est pas approprié pour les femmes enceintes, les enfants de moins de 18 ans, les personnes avec hypotension ou sclérodermie. Parmi les effets secondaires, on note de légers troubles gastro-intestinaux et de la somnolence. Un cas rare de syndrome d’éosinophilie-myalgie (SEM) est lié au 5-HTP de fermentation bactérienne. Toutefois, le 5-HTP issu de Griffonia simplicifolia n’est pas associé à ce syndrome.

Il est nécessaire de surveiller les interactions médicamenteuses, en particulier avec les antidépresseurs et d’autres médicaments affectant les niveaux de sérotonine. Une surveillance médicale est essentielle lors de l’association du Griffonia avec ces médicaments. Les patients doivent également être conscients des risques de syndrome de sevrage. Il y a également une possibilité d’interférence avec certains tests diagnostiques.

Le 5-HTP dans le Griffonia peut réagir avec des plantes comme le millepertuis ou certains médicaments. Ces médicaments incluent les antidépresseurs et les antagonistes de la sérotonine. En cas d’usage de Griffonia, la prudence est de mise. Consultez un médecin pour un suivi personnalisé. De plus, le 5-HTP peut affecter la vigilance. Il est donc risqué de conduire ou d’utiliser des machines en le prenant.

Comment prendre le Griffonia et à quel dosage ?

• En complément alimentaire, sous forme de gélules ou comprimés.
• Extrait fluide de plante fraîche standardisé : 5 à 15 ml par jour dans de l’eau. La teneur  en 5-HTP, traceur de l’activité de la plante, est d’environ 70 mg pour 5 ml.

Le Griffonia en préparation magistrale d’extraits standardisés sous forme liquide (EPS)

• En association avec la passiflore : Dans l’agitation, l’anxiété, l’irritabilité et l’hyperactivité, notamment vespérale, les compulsions alimentaires, notamment vis-à-vis des aliments sucrés, les addictions et l’endormissement difficile.
• En association avec la valériane : Pour la rumination anxieuse, l’angoisse avec hyperactivité mentale, les comportements compulsifs ou addictifs, l’aide au sevrage tabagique ou médicamenteux (hypnotiques, anxiolytiques).
• En association avec l’aubépine : Contre l’irritabilité, l’hyperémotivité, l’hypersensibilité au stress, notamment avec éréthisme cardiaque et palpitations.
• En association avec la mélisse : Dans la lutte contre l’hypersensibilité viscérale et les douleurs abdominales psychogènes.
• En association avec le mucuna : Dans l’utilisation d’un traitement de fond de comportements addictifs, de dépression mixte (dopaminergique et sérotoninergique) d’intensité légère à modérée.
• En association avec la rhodiole : Dans l’irritabilité et l’hyperactivité avec surmenage psychique et troubles débutants de la mémoire et de l’attention et l’épuisement débutant
• En association avec la grande camomille : Pour la prévention des crises migraineuses.
• En association avec le caralluma : Contre les troubles du comportement alimentaire et l’accompagnement de la perte de poids.
• En association avec la réglisse : Dans la lutte contre la fibromyalgie, les douleurs somatiques diffuses, notamment dans un contexte d’hyperméabilité intestinale.

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