Tout savoir des bienfaits de l’Aloe vera sur notre santé

L’aloe vera est une plante médicinale permettant divers usages, selon que l’on utilise sa sève (latex) séchée ou le gel translucide présent au cœur de ses feuilles. Séchée, la sève est un laxatif puissant. Le gel s’utilise dans le traitement des plaies, des piqûres, des brûlures légères, ainsi que pour lutter contre certaines infections de la peau.

Un peu d’histoire

Depuis des millénaires, de nombreuses civilisations et cultures ont vénéré l’aloès, au point de le surnommer la plante divine. L’origine exacte de l’utilisation de l’aloès en tant que plante médicinale demeure incertaine. Cependant, des preuves historiques attestent de son utilisation depuis plus de 5000 ans. Son utilisation s’étendait à travers diverses régions du monde, notamment le sud de l’Europe, l’Asie, le nord de l’Afrique, l’Amérique et l’Extrême Orient. Malgré la fréquente mention de l’espèce Aloe vera dans de nombreux écrits, on la confondait souvent avec d’autres espèces et mal identifiée.

Originaire d’Afrique du Nord, l’aloe vera a été introduit en Amérique. Il s’est propagé aux Antilles et au Venezuela, pour ensuite être largement cultivé dans les régions subtropicales des États-Unis.

Civilisation sumérienne

L’aloe vera, plante médicinale aux usages ancestraux, remonte à 6 000 ans. Les Sumériens, en premier, mentionnent ses propriétés laxatives sur une tablette d’argile. Les Assyriens et les Égyptiens utilisaient également l’aloe vera, comme l’indiquent de vieux documents et le papyrus d’Ebers.

Des hiéroglyphes égyptiens révèlent ses propriétés anti-âge. Durant l’Antiquité, sur le pourtour méditerranéen, un papyrus de Leyde du IIIe siècle ap. J.C., considéré comme le plus ancien texte « alchimique », inclut l’aloès dans une recette. On reconnaissait à l’aloe vera des vertus pour guérir et cicatriser les blessures, voire comme préventif contre les poisons.

Des tablettes sumériennes de 2100 ans avant J.-C., trouvées à Nippur en 1948, sont parmi les premières traces d’utilisation thérapeutique de l’aloès. On aurait même découvert des dessins de la plante datant de 4000 ans avant J.-C. dans un temple égyptien.

L’aloe vera apparaît aussi dans la Bible. Dans Les Nombres, le terme « aloès » semble désigner un petit arbre robuste de la région, et non la plante connue. Le Cantique des Cantiques mentionne le « bois d’aloès », probablement la résine de l’arbre Aquilaria agallocha du Tibet. Par contre, l’Évangile selon Saint Jean décrit Nicodème apportant un mélange d’aloès et de myrrhe pour embaumer Jésus, faisant référence à l’aloe vera exporté par les Arabes en Palestine.

Civilisations Chinoise et Indienne

Le Pen T’sao, traité chinois ancien datant de l’époque de l’empereur Shen Nong (2700 av. J-C), décrit l’Aloe vera. Cette plante y est classée comme ayant des vertus thérapeutiques importantes. Les médecins de l’époque la nommaient « Remède d’harmonie ». Ils l’utilisaient pour soigner brûlures et problèmes de peau. Autour des années 700-800 après J-C, son usage s’étend. Elle sert alors contre sinusites, fièvres et convulsions infantiles. Au 8ème siècle, le poète Liu Yu Xi raconte sa guérison d’un eczéma résistant. Il utilisait une mixture d’aloès et de réglisse. Avant les combats, les samouraïs s’enduisaient de pulpe d’aloès pour se protéger spirituellement. Li Shih-Shen (1518-1593), dans sa pharmacopée, valorise également l’Aloe vera. La médecine chinoise moderne l’emploie contre l’artériosclérose.

Les hindous appellent l’Aloe vera « le guérisseur silencieux ». Il figure en bonne place dans l’Atharvaveda, texte fondamental de l’hindouisme. L’aloès est une plante majeure de la médecine ayurvédique. Considérée comme sacrée, elle jouait un rôle dans les rituels de sacrifice. Aujourd’hui encore, les feuilles d’aloès déposées sur les bûchers funéraires symbolisent la renaissance et l’éternité.

Civilisations Mésopotamienne et Égyptienne

Les tablettes d’argile gravées en caractères cunéiformes, datant de 2000 ans avant J-C mentionnent l’Aloe vera. Ces tablettes, découvertes dans les ruines de l’antique Elba en 1973, témoignent de son usage ancien. Les tribus sémitiques de Mésopotamie suspendaient l’Aloe vera au-dessus de leurs portes pour repousser les mauvais esprits.

Autour des temples, pyramides et le long des routes menant à la Vallée des Rois, l’Aloe vera jouait un rôle essentiel dans l’Égypte ancienne. On le plantait pour accompagner le pharaon dans son voyage vers l’au-delà. Il devait le soigner et le nourrir durant ce passage. Lorsqu’il fleurissait, c’était un signe que le défunt avait atteint l’« autre rive ». Les prêtres égyptiens utilisaient la « plante de l’immortalité » dans leurs rites funéraires, notamment dans la formule de l’embaumement.

Les anciens Égyptiens, pionniers du clystère, utilisaient l’Aloe vera en lavements purgatifs. Selon la légende égyptienne, les yeux de Cléopâtre devaient leur éclat à un collyre à base d’aloès. Le secret de la beauté de la peau et du teint de Néfertiti résiderait dans ses bains de lait d’ânesse et de pulpe d’aloès.

Aujourd’hui, en Égypte, l’Aloe vera symbolise toujours le bonheur et la protection, surtout lorsqu’il est placé à l’intérieur des maisons.

Le papyrus d’Ebers, un des plus anciens documents de la médecine égyptienne, date de 1550 avant J-C. Écrit à Thèbes, ce texte en hiéroglyphes comprend de nombreuses formulations à base d’Aloe vera. Il détaille pour la première fois les vertus médicinales attribuées à la plante. Cet ouvrage, intitulé « Livre de préparation de médicaments pour toutes les parties du corps humain », est conservé à l’Université de Leipzig, en Allemagne. Il représente une source précieuse sur l’utilisation historique de l’Aloe vera dans la médecine ancienne.

Civilisation Arabe

Dans la civilisation arabe, l’Aloès, surnommé « Lys du désert », est connu depuis l’antiquité pour ses vertus. Vers 600 ans avant J-C, les Arabes furent parmi les premiers à différencier les deux sucs de la plante et à développer un processus de séparation du gel et de la sève. Ils écrasaient les feuilles d’Aloe vera avec leurs pieds nus et plaçaient la pâte obtenue dans des sacs en peau de chèvre. Ces sacs étaient ensuite exposés au soleil pour sécher complètement le contenu, qui était alors réduit en poudre.

Ces extraits résineux, principalement utilisés comme laxatif, avaient aussi d’autres applications internes et externes. Ils ont joué un rôle clé dans la diffusion de l’Aloès à travers de nombreux pays du Moyen-Orient et d’Asie.

Civilisation Gréco-Romaine

Vers 500 ans avant J-C, l’île de Socotra, située en Mer d’Arabie et faisant partie du territoire yéménite, est devenue un centre majeur de culture de l’Aloe vera. Selon la légende, Aristote aurait convaincu Alexandre le Grand de conquérir cette île spécifiquement pour ses plantations d’Aloès. Ces dernières étaient considérées comme essentielles pour le traitement de ses soldats blessés. On croyait que le suc de cette plante conférait une invulnérabilité aux guerriers. Vers 330 avant J-C, une préparation à base d’Aloe vera aurait même guéri Alexandre le Grand d’une infection causée par une blessure de guerre.

Dans la civilisation gréco-romaine, l’aloès symbolisait la beauté, la patience, la fortune et la santé. Dioscoride, médecin et botaniste grec, décrivit ses propriétés dans son traité « De Materia Medica ». L’aloès avait une place importante en médecine ancienne. Elle servait pour soigner les furoncles, les irritations ORL, les peaux sèches, les ulcères génitaux et les ecchymoses. Le livre « De Materia Medica », rédigé vers 60 après J-C, fut une référence en plantes médicinales jusqu’au 15ème siècle.

Dans son œuvre « Histoire Naturelle », Pline l’Ancien confirme ces usages de l’aloès. Il mentionne en plus son efficacité contre la lèpre et la dysenterie. Il mentionna aussi son utilisation pour réduire la transpiration. L’aloès était souvent mélangé avec du miel et de l’essence de rose pour en masquer l’amertume.

Au 2ème siècle après J-C., l’Aloe vera s’intégra pleinement à la médecine romaine. Des médecins comme Antyllus, Aretaces et Galien (médecin de l’Empereur Marc Aurèle) l’utilisaient fréquemment. Ces derniers s’inspiraient des travaux d’Hippocrate et d’Aristote, eux-mêmes influencés par les écrits égyptiens et indiens. Ils décrivaient ses propriétés laxatives, coagulantes, cicatrisantes, et son efficacité dans le traitement des furoncles, affections oculaires, ulcères génitaux, chute des cheveux et l’embellissement de la peau.

Civilisation Européenne

L’Aloe vera fut introduit en Europe entre 1000 et 1300 après J-C. Durant les croisades, l’« Elixir de Jérusalem », un mélange de vin de palme, de pulpe d’aloès et de chanvre, était très prisé par les Templiers. Ils lui attribuaient leur secret de longévité. Au Moyen Âge et pendant la Renaissance, l’utilisation médicinale de l’aloès se répandit dans le monde, y compris dans les régions froides de l’Europe. Toutefois, les Européens du nord, en raison du climat froid, ne s’intéressèrent pas beaucoup à la plante. En revanche, en Espagne, au Portugal et en Italie, où l’aloès était abondant, la population lui accordait une grande importance.

Vers 1400-1500 après J-C, les conquérants espagnols et les missionnaires diffusèrent la culture et l’utilisation de l’Aloe vera dans le Nouveau Monde. Les marins espagnols de la Santa Maria, décimés par la malnutrition et la maladie, furent sauvés grâce à cette plante. Christophe Colomb, dans ses journaux de bord, la nomma le « docteur en pot ». Il écrivit : « Quatre végétaux sont indispensables à la vie de l’Homme : le blé, la vigne, l’olivier et l’aloès. Le premier te nourrit, le second te réjouit, le troisième t’harmonise et le quatrième te guérit ».

La teinture d’Aloe vera, de goût amer, servait également à dissuader les enfants de porter leurs doigts à la bouche.

Civilisation Amérindienne

Dans la civilisation amérindienne, l’aloès, aux côtés de l’agave, comptait parmi les 16 plantes sacrées. Les Amérindiens cuisaient les feuilles d’aloès sous la cendre pour les consommer. Ils se servaient de sa pulpe pour arrêter les hémorragies et cicatriser les blessures. Le gel fermenté de l’aloès était réputé pour « calmer » le ventre, nettoyer les reins et la vessie, dissoudre les calculs, arrêter la toux, soulager les fluxions de poitrine et provoquer les menstruations. Les jeunes Indiennes appliquaient du jus d’aloès sur leur visage pour séduire et repousser les parasites.

Dans la culture Maya, on utilisait le gel de l’aloès en cataplasme contre les migraines. Les femmes Maya l’appliquaient sur leurs seins pour sevrer leurs bébés, rebutés par l’amertume de la plante. Avant la chasse ou la guerre, les guerriers se frottaient le corps de pulpe d’aloès.

Pour les Mazahuas, l’Aloe vera était la plante magique par excellence, censée guérir toutes les maladies, procurer la force, clarifier l’esprit des fous, des ivrognes et des désorientés. Selon une tradition indienne, si le pulque rend fou, le vin d’aloès guérit de la folie. Les Jivaros le surnommaient « le médecin du ciel », croyant qu’il les rendait invulnérables.

Au 16ème siècle, ce sont les prêtres jésuites espagnols et portugais qui influencèrent la culture de l’Aloe vera en Amérique. Ils importèrent des plants dans les îles Barbade des Caraïbes, marquant le développement de son utilisation dans les colonies d’Amérique.

Aujourd’hui

Entre le 15ème et le 17ème siècle après J-C, l’Aloe vera est tombé en désuétude, utilisé principalement en Europe et en Amérique du Nord sous forme de poudre pour traiter la constipation, car le gel s’oxyde rapidement une fois extrait. Au 17ème siècle, les colons hollandais propagent la plante en Afrique et à l’international.

La réputation ancestrale de l’Aloe vera incite les scientifiques à étudier sa composition chimique et ses propriétés thérapeutiques. En 1851, Smith et Stenhouse identifient l’aloïne, un principe actif de la plante. Les extraits d’aloïne et d’aloe-émodine apparaissent dans le Codex britannique de 1907. En 1912, Johnston découvre l’effet bénéfique de la pulpe sur les brûlures. Les années 30 marquent une nouvelle indication thérapeutique : le traitement des radiodermites. Collins démontre l’effet curatif de la plante sur les brûlures dues aux rayons X.

Après les attaques nucléaires de Nagasaki et Hiroshima, l’utilisation de l’Aloe vera au Japon confirme son efficacité. La peau des victimes cicatrise rapidement, et le nombre de cancers de la peau est inférieur aux attentes. Cela suscite un engouement scientifique et industriel.

En 1942, Rodney Stockton, chimiste, se soigne d’un coup de soleil avec de la pulpe d’Aloe vera. Il travaille sur la stabilisation du gel et crée un onguent pour les brûlures. Dans les années 50, Bill Coats, pharmacien texan, réussit à stabiliser la pulpe fraîche naturellement. Cela lance la commercialisation internationale de l’Aloe vera, accompagnée de nombreux travaux cliniques et analytiques. De nombreuses autres propriétés sont confirmées et la composition chimique de la plante est élaborée.

Aujourd’hui, la composition chimique de l’Aloe vera est presque entièrement connue, grâce à ces découvertes et innovations.

Description botanique

L’Aloe vera, souvent confondu avec un cactus à cause de ses crêtes épineuses, est en fait une plante succulente vivace. Elle atteint environ 1 mètre de hauteur, se caractérise par des racines courtes et se distingue par ses feuilles vertes disposées en rosette, longues de plus de 80 cm et surnommées « langue de crocodile ». Les feuilles, charnues avec une cuticule épaisse, présentent des bords épineux.

La structure de la feuille se compose, de l’extérieur vers l’intérieur, d’une couche épidermique chlorophyllienne, un derme cellulosique contenant une sève rouge brunâtre et amère, et au centre, une pulpe mucilagineuse incolore. Cette pulpe, riche en composants thérapeutiques tels que vitamines, acides aminés et minéraux, est la partie la plus précieuse de la plante, utilisée à des fins médicales.

L’inflorescence se caractérise par une grappe dressée de fleurs jaune-rougeâtres avec un périanthe charnu jaune orangé. Les graines brunes foncées et ailées mesurent environ 7 mm.

Préférant les régions semi-arides, l’Aloe vera croît dans des sols sableux ou limoneux, bien drainés. Elle résiste à la sécheresse mais pas au gel, supportant des températures jusqu’à -3°C. Les jeunes plantes préfèrent la mi-ombre, tandis que les adultes nécessitent une exposition au soleil.

Pour la multiplication, on favorise la méthode végétative, qui permet une croissance plus rapide que la germination des graines. On cultive les rejets en pépinière après les avoir coupés à 15-20 cm.

Les pratiques de culture varient entre l’agriculture extensive et la culture en serre. Cette plante est peu exigeante en engrais et résiste aux insectes. La récolte s’effectue généralement environ 3 ans après la plantation. Lors de l’extraction, traite différemment le gel et le suc d’Aloe vera. Stabilise rapidement le gel pour préserver ses propriétés. Pour cette stabilisation, ajoute souvent de la vitamine C, de la vitamine E et du sorbitol.

Quelles sont les propriétés de l’aloe vera ?

Les feuilles d’Aloe vera contiennent deux substances distinctes, le suc et le gel, chacune possédant une composition chimique unique.

Le suc est riche en Anthranoïdes tels que l’Aloïne A et B, l’émodine d’aloès, et l’acide cinnamique. Les Chromones présentes comprennent divers composés comme le 8-C-glucosyl-7-O-methylaloediol. Le gel contient des Mono- et Polysaccharides comme le glucose et l’acemannan, essentiels pour ses propriétés thérapeutiques.

Les feuilles d’Aloe vera sont également une source importante d’Acides Aminés. Les essentiels incluent l’Isoleucine et la Lysine, tandis que les secondaires comprennent l’Acide Aspartique et la Glycine. En ce qui concerne les Minéraux et Oligoéléments, on retrouve du Calcium, du Fer et du Zinc, entre autres.

Les Vitamines abondent, avec des variétés allant de la Vitamine A à la Vitamine E. Les Enzymes telles que la catalase et la lipase jouent un rôle crucial dans diverses réactions biochimiques. Enfin, les Composants Organiques et Lipides dans le sel incluent des Stérols comme le béta-sitostérol et le lupéol, ainsi que des acides comme l’acide salicylique et l’acide arachidonique.

Quelles sont les utilisations du suc d’aloe vera ?

Le suc d’Aloe vera, également appelé latex ou sève, est extrait de l’épiderme des feuilles. Ce liquide jaune et amer contient entre 20 et 40% de dérivés anthracéniques (anthraquinones) et de chromones. Les anthraquinones, à haute dose, agissent comme laxatifs, tandis qu’à faible dose, elles possèdent des propriétés antimicrobiennes et facilitent l’absorption intestinale. Ce suc inclut :

  • Aloïne
  • Aloe-émodine
  • Aloe-émodine-9-anthrone
  • Acide aloétique
  • Acide chrysophanique
  • Aloe-ulcine
  • Anthracène et anthranol
  • Ester d’acide cinnamique
  • Huile étheriale
  • Resestanol

D’un point de vue médical, le suc est utilisé dans le traitement de diverses affections telles que les infections fongiques, les ulcères d’estomac et les problèmes cutanés. L’Agence européenne du médicament (EMA) et l’Organisation mondiale de la santé (OMS) reconnaissent son efficacité comme laxatif pour les constipations occasionnelles, mais avec des réserves quant à son utilisation prolongée, en raison de son action irritante sur l’intestin. La Commission E allemande approuve également son utilisation dans le traitement de la constipation. Les Instituts nationaux de la santé américains (NIH) reconnaissent son efficacité, mais soulignent le retrait du marché américain de produits contenant ce latex.

Comme les autres drogues à anthracénosides, contenues dans le séné ou la bourdaine, l’aloe vera agit de la même manière que les sennosides de la première ou les anthraquinones de la seconde. Cet effet laxatif, devenant purgatif à forte dose, serait notamment lié à l’interaction de l’aloïne et de ses dérivés avec la synthèse de prostaglandines. Au niveau du côlon, la dégradation enzymatique de l’aloïne entraîne par conséquent la formation d’anthrones qui stimulent le péristaltisme intestinal, augmente les sécrétions, inhibe la réabsorption de l’eau et d’électrolytes (Na+, Cl-) et favorise les pertes en potassium.

Quelles sont les usages du jus d’aloe vera ?

Un essai clinique a révélé que la prise orale d’une cuillère à soupe de jus d’Aloe vera deux fois par jour pendant au moins 2 semaines chez des patients diabétiques a réduit les niveaux de glucose sanguin et de triglycérides. Toutefois, le taux de cholestérol est resté inchangé. Ces résultats indiquent le potentiel du jus d’Aloe vera comme traitement antidiabétique.

Dans les Antilles, on utilise le gel d’Aloe vera pour lutter contre le diabète. Les habitants y emploient également le jus des feuilles entières pour traiter les crises d’asthme, en prenant 3 cuillères à café toutes les 5 minutes. En cas de maux de tête, de fatigue des yeux et de fièvre, ils appliquent sur le front des compresses imbibées de jus d’Aloe vera. À Cuba, une recette traditionnelle pour combattre le rhume consiste à mélanger du jus d’Aloe vera avec du rhum et du sucre.

Le jus d’Aloe vera, moins concentré que le gel, est une boisson dépurative. Une cure de trois semaines, notamment aux changements de saisons, aide à nettoyer l’organisme et à éliminer les toxines, contribuant ainsi à une fonction optimale des organes.

Une étude publiée dans le Journal of Alternative and Complementary Medicine a montré que l’Aloe vera réduit significativement la glycémie et le taux d’hémoglobine glyquée chez les patients diabétiques. Sa consommation pourrait compenser la défaillance du pancréas dans la production d’insuline.

Plusieurs vertus sont souvent attribuées au jus d’Aloe vera, telles qu’une action antifatigue, un effet stimulant sur le système immunitaire, une action contre la perte de cheveux, ainsi qu’un effet purificateur sanguin et antiviral. Toutefois, ces bienfaits ne bénéficient pas de validation scientifique à ce jour. Il convient donc de faire preuve de discernement lors de la recherche d’informations concernant ces aspects.

Quelles sont les propriétés du gel d’aloe vera ?

De nombreuses recherches ont permis d’explorer les effets pharmacologiques de l’Aloe vera, utilisé sous différentes formes pour des applications internes et externes. Plusieurs substances actives se sont révélées dans son latex et son gel, mais les mécanismes d’action spécifiques de tous ces composés restent à élucider. L’Aloe vera et ses composés agissent grâce à une multiplicité de mécanismes, influençant diverses activités biologiques et génétiques. On souligne souvent une action synergique des différents composés plutôt qu’un effet isolé d’une substance spécifique. Cette synergie confère à la plante un potentiel thérapeutique significatif, intervenant dans la prévention et le traitement de diverses pathologies.

Troubles gastro-intestinaux

L’Aloe vera pourrait aider à soulager les symptômes de la colite ulcérative, une maladie inflammatoire chronique de l’intestin. Une étude clinique impliquant une centaine de personnes a suggéré que la consommation de 100 ml de gel d’Aloe vera deux fois par jour pourrait être bénéfique.

Pour la colite ulcéreuse (rectocolite hémorragique), une maladie auto-immune du côlon et du rectum caractérisée par des ulcérations chroniques récurrentes, un essai en double aveugle avec placebo mené sur 44 patients a montré que l’ingestion de 100 ml de gel d’Aloe vera deux fois par jour pendant 4 semaines était plus efficace que le placebo pour améliorer l’état des patients.

En ce qui concerne l’ulcère gastrique, cette pathologie se caractérise par une perte de substance de la muqueuse gastrique. Elle résulte d’un déséquilibre entre les facteurs d’agression de la muqueuse (comme Helicobacter pylori et l’acide chlorhydrique) et les mécanismes de défense. Deux études sur des rats ont indiqué que l’Aloe vera, seul ou en association avec des sucralfates, améliore la cicatrisation des ulcères gastriques en augmentant le niveau d’IL-10 et en réduisant l’adhérence leucocytaire et le niveau de TNF-alpha.

Les activités antiulcéreuses du gel d’Aloe vera sont attribuées à divers mécanismes tels qu’un effet anti-inflammatoire, une stimulation de la production de mucus et une régulation des sécrétions gastriques. Une étude chez des rats a également attribué une action cytoprotectrice à l’Aloe vera, potentiellement due à une production accrue de mucus, une augmentation du débit sanguin de la muqueuse intestinale et une teneur accrue en phospholipides.

La barbaloïne, un composé de l’Aloe vera, agit comme laxatif. Dans le gros intestin, elle se métamorphose en aloé-émodine-9-anthrone. Ce processus stimule le péristaltisme et augmente la teneur en eau, facilitant ainsi le transit intestinal.

Action sur le métabolisme

Une action antidiabétique a notamment été montrée dans un modèle de diabète induit par la streptozotocine. Le gel d’aloès exerce une action anti-inflammatoire dans le cadre du diabète non insulino-dépendant.

Le diabète sucré se caractérise par une hyperglycémie chronique et des déséquilibres métaboliques affectant les glucides, les graisses et les protéines. On distingue deux types principaux : le diabète de type 1 (insulinodépendant) et le diabète de type 2 (non insulinodépendant).

L’Aloe vera est traditionnellement utilisé contre le diabète, en Amérique latine, dans la péninsule arabique et en Inde. Des études suggèrent son efficacité pour réduire l’hyperglycémie chronique et améliorer le profil lipidique, réduisant ainsi le risque d’athérosclérose et de maladies cardiovasculaires.

Un essai clinique mené par Amazigh (1985) sur 5000 patients diabétiques a montré que le gel d’Aloe vera, pris oralement, réduit significativement les concentrations en cholestérol, triglycérides et glucose sanguin.

Une synthèse de 2010 rapporte que 5 des 7 études cliniques indiquent que le gel d’Aloe vera peut baisser la glycémie chez les patients diabétiques ou prédiabétiques. Toutefois, ces études présentent des lacunes méthodologiques.

En 2009, une étude a démontré l’effet hypoglycémiant de l’Aloe vera chez des patients diabétiques non contrôlés sous traitement antidiabétique (metformine et glibenclamide), révélant une diminution significative de la glycémie à jeun et de l’hémoglobine glyquée (HbA1c), ainsi qu’une réduction des triglycérides.

Les études sur les animaux confirment également l’efficacité hypoglycémiante du gel d’Aloe vera. Il a été démontré que le gel et ses phytostérols réduisent la glycémie à long terme chez les souris diabétiques, suggérant une utilité potentielle dans le traitement du diabète de type 2. De plus, l’administration de gel d’Aloe vera à des rats diabétiques a montré une réduction de la glycémie, des transaminases hépatiques, du cholestérol et des triglycérides, ainsi qu’une amélioration de l’insuline plasmatique et du cholestérol HDL.

Anti-inflammatoire

L’Aloe vera agit sur la voie de l’acide arachidonique en inhibant la cyclo-oxygénase, révélant une activité anti-inflammatoire dans divers modèles d’inflammation et face à des agents irritants. Le gel translucide des feuilles d’Aloe vera, contenant des salicylates, bloque la sécrétion d’histamine, un élément clé dans la réaction inflammatoire. Cependant, les mécanismes précis derrière ses propriétés cicatrisantes restent peu élucidés.

Concernant les propriétés antiallergiques, la réaction allergique immédiate se déclenche par le contact d’un allergène avec les IgE sur les mastocytes. Cela entraîne leur dégranulation et la libération de médiateurs comme l’histamine et la bradykinine. La dégranulation des mastocytes résulte de l’entrée de calcium Ca²⁺ dans la cellule. Des médicaments augmentant l’AMP cyclique (AMPc) intracellulaire, tels que la théophylline et l’adrénaline, s’opposent à la libération d’histamine.

Une étude in vitro sur des tissus pulmonaires de cobaye a montré que l’alprogen, une glycoprotéine du gel d’Aloe vera, réduit significativement la libération de leucotriènes et d’histamine, bloquant l’afflux de Ca²⁺ lors de l’activation des mastocytes.

L’activité anti-inflammatoire du gel d’Aloe vera se confirme par des études in vitro et in vivo. Le gel frais a réduit l’inflammation aiguë chez le rat, bien que son efficacité sur l’inflammation chronique reste à déterminer. La bradykinase présente dans le gel semble responsable de cette activité. Elle décompose la bradykinine, un médiateur de l’inflammation. Elle inhibe également des médiateurs comme le thromboxane B2 et la prostaglandine F2.De plus, des stérols végétaux dans le gel d’Aloe vera ont montré une réduction de 37% de l’inflammation chez des souris. Le lupéol a démontré l’effet anti-inflammatoire le plus puissant de manière dose-dépendante.

Immunomodulante et antiinfectieux

L’Aloe vera influence le système immunitaire, en augmentant la réponse immunitaire humorale et en diminuant l’immunité à médiation cellulaire.

Une étude a mis en évidence le potentiel antioxydant de l’extrait d’Aloe vera, attribué à la présence de polysaccharides et flavonoïdes. L’extrait d’une plante de 3 ans a montré une activité antiradicalaire plus forte (72,19 %) que celle du BHT (butyle d’hydroxytoluène, 70,52 %) et de l’α-tocophérol (65,65 %). L’âge de la plante influence sa composition et son activité antioxydante, comme le suggèrent des études récentes. Cette activité antioxydante se trouve associée à des éléments tels que le glutathion, divers composés phénoliques, et la superoxyde dismutase.

Propriétés Anti-Infectieuses :

  • Antibactérienne : L’extrait d’Aloe vera a démontré des effets antibactériens in vitro contre des bactéries Gram + et Gram Ŕ, y compris des souches multirésistantes comme Staphylococcus aureus et Escherichia coli. L’aloe-émodine a inhibé la croissance d’Helicobacter pylori de manière dose-dépendante.
  • Antifongique : Un extrait glycolique de feuilles d’Aloe vera a inhibé la croissance de Candida albicans in vitro et réduit la formation de ses tubes germinatifs. L’administration orale de gel a réduit la croissance de Candida albicans dans la rate et les reins de souris.

Dans le contexte des infections au VIH, le VIH affecte les lymphocytes T CD4 et les cellules présentatrices de l’antigène. L’acemannan, un composant de l’Aloe vera, a démontré une synergie dose-dépendante avec l’azidothymidine (AZT) contre le VIH-1 et a amélioré le taux de lymphocytes CD4. Il a aussi montré une activité contre le VIH-1 in vitro par modification du processus de glycosylation du virus.

Les propriétés immunostimulantes de l’Aloe vera ont été prouvées par des études démontrant l’activité immunomodulatrice des polysaccharides contenus dans le gel. L’acemannan est le principal composé immunomodulateur, mais les lectines et l’aléoride, également présents dans le gel, contribuent à la stimulation du système immunitaire.

Sur l’herpès génital

Le gel d’aloès est reconnu pour favoriser la guérison des lésions. Des études cliniques ont démontré qu’une crème contenant de l’extrait de feuilles entières d’aloès est efficace dans le traitement de l’herpès génital masculin, comparée à un placebo.

Concernant les infections à Herpes Simplex Virus (HSV), qui englobent l’herpès cutanéo-muqueux et la méningite, on utilise couramment l’aciclovir comme antiviral. Cependant, des essais in vitro ont montré que l’acemannan, un composant de l’aloès, agit en synergie dose-dépendante avec l’aciclovir contre le HSV-1. Utilisé seul, l’acemannan a réduit de 22 % les effets cytopathogènes du virus HSV-1, et cette réduction atteint 90 % lorsqu’on l’associe à l’aciclovir.

Dans un autre essai in vitro, on a testé un échantillon purifié d’aloe-émodine sur plusieurs virus, dont l’herpès simplex virus types 1 et 2, le virus de la varicelle-zona, le virus de la rage, et le virus de la grippe, pour évaluer son effet anti-infectieux. L’aloe-émodine a inactivé tous les virus testés, à l’exception du rhinovirus et de l’adénovirus. Cette anthraquinone s’est donc révélée être un agent virucide.

Ces découvertes suggèrent que les composants de l’Aloe vera, notamment l’acemannan et l’aloe-émodine, peuvent offrir des alternatives thérapeutiques prometteuses ou complémentaires dans le traitement de diverses infections virales, y compris l’herpès simplex.

Cicatrisante

En relation avec sa richesse en eau conférant au gel des propriétés hydratantes isolantes et protectrices, et du fait de sa teneur en polysaccharides immunostimulants et de l’activité anti-inflammatoire de la plante, le gel d’aloès s’utilise beaucoup en usage externe dans des produits cosmétiques et en traitement d’appoint apaisant et antiprurigineux au cours d’affections dermatologiques, ou comme substance topique à visée protectrice dans le traitement des brûlures et des petites lésions cutanées.

Les propriétés cicatrisantes du gel sur les plaies et brûlures bénignes sont reconnues, bien qu’il n’ait pas d’effet préventif sur les brûlures induites par la radiothérapie. Des études sur des animaux ont mis en évidence les effets bénéfiques de l’Aloe vera dans la cicatrisation des plaies. Les prostaglandines, la carboxypeptidase et la bradykinase contribueraient à diminuer l’inflammation et la douleur. Les polysaccharides, tels que le mannose-6-phosphate, joueraient un rôle actif dans le processus d’épithélialisation. Ils favoriseraient la prolifération des fibroblastes, essentielle pour le dépôt de collagène et la réorganisation tissulaire.

L’acémannane, un autre polysaccharide, augmenterait l’activité des globules blancs dans la guérison des plaies. Les propriétés hydratantes du gel d’Aloe vera ne viennent pas seulement de l’eau qu’il contient. Elles sont aussi dues à des composants spécifiques qui améliorent l’hydratation de la peau. Des produits cosmétiques avec du gel d’Aloe vera lyophilisé ont augmenté l’hydratation du stratum cornéum après application.

De plus, certains éléments de l’Aloe vera favorisent la réticulation des tissus et stimulent la production de collagène. Cela se fait par l’activation de cytokines et macrophages. L’acide ascorbique dans l’Aloe vera améliore la synthèse du collagène et compense sa dégradation. Le gel, riche en eau, empêche le dessèchement des plaies et aide à la migration des cellules épithéliales.

Sur les brûlures

Le gel d’aloès réduit légèrement le temps de guérison de brûlures au 2e degré, par rapport à une crème contenant de la sulfadiazine d’argent. Dans une étude clinique sur 27 patients, les zones de brûlures traitées avec le gel d’aloès ont montré une guérison plus rapide, avec un temps moyen de 11,89 jours, contre 18 jours pour les pansements imprégnés de vaseline.

Un essai comparatif a analysé l’efficacité du gel d’aloès face à la crème de sulfadiazine argentique à 1% sur 50 patients. Les résultats ont révélé une cicatrisation plus précoce et un soulagement plus rapide de la douleur pour le groupe traité au gel d’aloès, en plus d’être moins coûteux.

Dans le cadre d’un essai clinique randomisé, on a comparé l’application d’une crème contenant 0,5% de gel d’aloès à celle de la crème de sulfadiazine sur des brûlures au 2nd degré. Les patients ayant reçu le traitement au gel d’aloès ont présenté une guérison complète plus rapide. En revanche, l’étude n’a pas considéré la différence comme statistiquement significative.

Des études expérimentales sur animaux ont également confirmé l’efficacité de l’Aloe vera dans le traitement des brûlures. Les résultats ont montré une réépithélialisation précoce et une guérison plus nette avec l’Aloe vera par rapport à la sulfadiazine argentique et aux pansements de gaze.

Sur les plaies

Une étude double aveugle randomisée a été menée sur les effets d’une crème à base d’Aloe vera. Cette crème contenait 0,5% de gel, comparée à une crème placebo, pour la douleur postopératoire après une hémorroïdectomie. Parmi les 49 patients, 24 ont utilisé la crème d’Aloe vera et 25 le placebo. Les applications ont été faites trois fois par semaine pendant quatre semaines.

Les chercheurs ont évalué la douleur avec une échelle visuelle analogique à différents moments post-opératoires. Ils ont aussi mesuré la cicatrisation des plaies après 2 et 4 semaines. Les résultats montrent que les patients sous crème d’Aloe vera ont ressenti significativement moins de douleur. Ils ont également observé une cicatrisation plus rapide et une consommation réduite d’analgésiques.

Concernant les plaies chirurgicales, une étude sur des rats a examiné les effets du gel d’Aloe vera, seul ou combiné avec des micro-courants, sur la cicatrisation de plaies cutanées. Les résultats indiquent que l’association d’Aloe vera et de micro-courants accélère la cicatrisation, suggérant une action synergique.

Une étude a porté sur un patient diabétique et hypertendu avec une plaie ischémique. Des pansements imprégnés d’Aloe vera et de collagène ont été utilisés. Au bout de dix semaines, une guérison complète a été notée. Cela souligne l’efficacité de l’Aloe vera dans ce cas. Toutefois, d’autres études sont nécessaires pour confirmer ces résultats.

Concernant les plaies post-hémorroïdectomie, l’Aloe vera a prouvé son efficacité. Il a réduit la douleur et accéléré la cicatrisation, diminuant ainsi la consommation d’analgésiques. Ces résultats mettent en lumière le potentiel du gel d’Aloe vera comme traitement alternatif pour les plaies. Des recherches plus approfondies sont cependant requises pour une utilisation plus généralisée.

En radioprotection

L’Aloe vera a montré une efficacité limitée sur la peau exposée à plus de 2700 cGy de rayonnement. Il en va de même pour le traitement de la rectite aiguë. Des recherches indiquent qu’une crème ou gel à base d’Aloe vera n’apporte pas d’avantage significatif contre la dermatite causée par les rayons X.

Cependant, un essai de 2013 sur 60 patients a apporté un nouvel éclairage. Il a révélé que l’Aloe vera pouvait améliorer la dermatite radio-induite. Cet effet ne se manifeste toutefois qu’après quatre semaines de traitement continu.

En France, les cancers représentent environ 26% des décès, étant la première cause de décès chez les hommes et la deuxième chez les femmes. Un cancer se caractérise par la prolifération anarchique de cellules anormales, formant une tumeur maligne et envahissant les tissus avoisinants. Face à cette pathologie majeure, la recherche de nouveaux traitements anticancéreux est essentielle, surtout à l’ère des multiples cancérogènes.

Une étude a exploré l’activité anti-tumorale de l’Aloe vera contre la papillomagénèse cutanée chez des souris. Quatre groupes ont été formés pour l’étude. Le premier est un groupe témoin. Le deuxième a reçu un traitement local avec du gel d’Aloe vera. Le troisième a été traité par voie orale. Le dernier groupe a combiné les deux traitements. Tous ces groupes ont subi une exposition à la cancérogénèse cutanée. Pour cela, on a utilisé le DMBA et l’huile de croton, connus pour leurs effets cancérigènes et co-cancérigènes.

L’Aloe vera a montré une action antitumorale, grâce à ses antioxydants (vitamines A, C, E, glutathion peroxydase, sélénium, zinc). Cette activité des enzymes antioxydantes, modulée par les anthraquinones (barbaloïne, aloé-émodine, aloésine), est un facteur clé dans cette action anti-tumorale.

L’aloé-émodine occupe une place prépondérante en raison de son rôle dans l’inhibition de la prolifération cellulaire et l’induction de l’apoptose dans divers cancers. Elle agit sur des protéines clés et des enzymes telles que la caspase-3, le récepteur Fas/APO1 et la protéine Bax.

Sur le lichen plan

Bien que les corticoïdes soient la référence dans le traitement du lichen plan buccal, une affection dermatologique marquée par des éruptions inflammatoires, l’Aloe vera montre des résultats prometteurs. Ce dernier est exempt des effets indésirables fréquents des corticoïdes.

Dans une étude randomisée en double aveugle, on a divisé 54 patients (34 femmes, 20 hommes) atteints de lichen plan buccal en deux groupes. L’un a reçu du gel d’Aloe vera, l’autre un placebo pendant 8 semaines. 81% des patients traités avec l’Aloe vera ont montré une amélioration, contre seulement 4% dans le groupe placebo. De plus, 7% des patients traités avec l’Aloe vera ont atteint une rémission clinique complète.

Dans un autre essai clinique randomisé, on a réparti 46 patients pour qu’ils reçoivent soit des bains de bouche à base d’Aloe vera, soit de l’acétonide de triamcinolone. Après 4 semaines, les deux traitements ont induit une réduction significative de la taille des lésions. Cependant, on n’a observé aucune distinction significative entre les deux groupes.

Une troisième étude randomisée a impliqué 40 patients (23 hommes, 17 femmes). Elle a comparé l’efficacité du gel d’Aloe vera à l’acétonide de triamcinolone. Les résultats ont révélé une plus grande efficacité du gel d’Aloe vera pour le lichen plan buccal.

Au total, ces études sur 152 sujets ont prouvé l’efficacité de l’Aloe vera face à un placebo. Elles suggèrent son potentiel en tant que traitement alternatif pour le lichen plan buccal.

Sur le psoriasis

Une crème contenant 70 % d’aloès est un peu plus efficace pour réduire la gravité des lésions et améliore de fait la qualité de vie des personnes que le topique local conventionnel contenant 0,1 % de triamcinolone acétonide.

Une étude double aveugle a été menée sur 60 patients atteints de psoriasis léger à modéré. Ce groupe incluait 36 hommes et 24 femmes, âgés de 18 à 50 ans. Ils présentaient un score PASI moyen de 9,3, avec une durée de maladie moyenne de 8,5 ans. Les patients ont été divisés en deux groupes. Le premier a reçu une crème placebo, tandis que le second a été traité avec une crème hydrophile à 0,5% d’extrait d’Aloe vera. L’application s’est faite trois fois par jour pendant quatre semaines. Les résultats ont montré une amélioration notable de la qualité de vie. Le taux de guérison dans le groupe traité à l’Aloe vera a atteint 83%, contre 7% pour le groupe placebo.

Une étude de 2005 remet en question les résultats précédents. Elle compare un gel placebo à un gel commercial d’Aloe vera chez des patients avec psoriasis léger à modéré. Le gel a été appliqué deux fois par jour pendant quatre semaines. Cette étude a révélé une amélioration significative avec le placebo.

Une recherche de 2010 sur 80 sujets atteints de psoriasis léger à modéré a été menée. Elle comparait une crème à 70% d’Aloe vera à une crème avec 0,1% d’acétonide de triamcinolone. La crème d’Aloe vera s’est montrée un peu plus efficace pour réduire les lésions. Toutefois, l’amélioration de la qualité de vie était similaire dans les deux groupes.

Ces études indiquent que l’Aloe vera, bien qu’ayant un léger bénéfice, n’offre pas d’avantages majeurs face aux traitements conventionnels dans le traitement du psoriasis.

Sur d’autres affections de la peau et les muqueuses externes

  • Gale : Une étude nigériane a traité avec succès 5 patients atteints de gale avec du gel d’Aloe vera. Une comparaison avec la lotion de benzoate de benzyle sur 30 patients a montré des résultats similaires dans la réduction des démangeaisons et des lésions scabieuses, sans effets secondaires notables.
  • Érythème fessier : Un essai comparatif sur 66 nourrissons a révélé l’efficacité d’une crème à base d’Aloe vera dans le traitement de l’érythème fessier, bien que la pommade de Calendula ait été plus efficace. L’Aloe vera reste cependant une option sûre et efficace.
  • Dermite séborrhéique : L’utilisation d’extrait d’Aloe vera a diminué les rougeurs et le prurit dans cette dermatose fréquente, selon une étude de 1999.
  • Mucite induite par la radiothérapie : Deux études ont donné des résultats contradictoires sur l’efficacité des bains de bouche à base d’Aloe vera dans la prévention de la mucite et de la candidose buccale, une complication de la radiothérapie.
  • Plaque dentaire et gingivite : Un dentifrice contenant de l’Aloe vera s’est avéré aussi efficace que le dentifrice fluoré. Une autre étude a montré que l’Aloe vera en bain de bouche réduisait significativement la plaque dentaire et la gingivite, avec des résultats inférieurs à la chlorhexidine.
  • Aphtes : L’acemannan, un polysaccharide de l’Aloe vera, a diminué la taille et la douleur des ulcérations aphteuses, bien que moins efficacement que l’acétonide de triamcinolone. Le gel d’Aloe vera a également réduit le temps de guérison.
  • Autres utilisations : L’acemannan favorise la formation de dentine, stimule la prolifération et la différenciation des cellules de la pulpe dentaire, agit sur la matrice extracellulaire et la minéralisation.

En ce qui concerne les modalités d’utilisation

Aucun essai de toxicité sur l’homme n’a encore fait l’objet de réalisation. On constate uniquement des cas d’intoxication, principalement asymptomatiques, impliquant principalement des enfants ayant consommé ou été en contact avec la plante. Des symptômes tels que irritations oculaires, érythème, prurit, nausées, vomissements et diarrhée ont été documentés. Un cas de choc anaphylactique a été lié à l’ingestion de suc d’aloès éthiopien. Des études animales ont exploré la toxicité du gel, de la sève et de leurs composants.

Chez la souris, la DL50 de l’extrait est de 120,65 mg/kg, faisant de l’Aloe vera la plante la plus toxique parmi 21 espèces testées. Les tests in vitro ont confirmé cette toxicité. En revanche, le gel lyophilisé n’a montré aucune toxicité chez le rat à des doses allant jusqu’à 5 g/kg. Les effets indésirables répertoriés de l’Aloe vera proviennent principalement du suc et sont souvent associés à un usage régulier et excessif, étant rares lors d’une utilisation ponctuelle.

Quelles sont les contre-indications ?

  • Le jus d’aloès est contre-indiqué chez les enfants de moins de 12 ans. On ne le recommande pas en cas d’obstruction et de sténose intestinale, d’atonie intestinale, d’appendicite, de maladies inflammatoires de l’intestin, de douleur abdominale d’origine inconnue, d’état grave de déshydratation avec déplétion en eau et en électrolytes.
  • Le jus d’aloès est déconseillé chez les personnes souffrant du syndrome de l’intestin irritable, d’hémorroïdes, d’ulcères digestifs, de troubles cardiaques (bradycardie) ou rénaux, d’hypothermie, de malaises.
  • Le latex séché d’aloès doit être évité pendant la grossesse. Les femmes qui allaitent doivent également s’abstenir d’en prendre. En effet, les substances actives de l’aloès passent dans le lait en petites quantités. L’application locale de gel d’aloès pendant la grossesse ou l’allaitement est possible, si l’on évite toute application sur le mamelon.
  • Compte tenu du risque lié à leur consommation alimentaire, les feuilles fraîches de cette plante, présentent par principe de précaution les mêmes contre-indications que pour le jus d’aloès, notamment chez les femmes enceintes ou allaitantes, les enfants et les personnes fragiles.
  • La prise de latex séché d’aloès est contre-indiquée chez les personnes souffrant d’obstruction ou de rétrécissement intestinal, de maladie de Crohn, de colite ulcérative ou hémorragique, de douleur abdominale ou de déshydratation importante.

Existe-t-il des effets secondaires ?

La prise de latex séché d’aloès peut être responsable de douleurs abdominales ou de diarrhées. En cas d’usage régulier, elle peut provoquer, comme tous les laxatifs dits irritants, une perte de sels minéraux, notamment de potassium. La baisse de la concentration de potassium dans le sang expose à des problèmes cardiaques potentiellement graves.

Un surdosage chronique en latex séché d’aloès peut avoir des conséquences dramatiques. Parmi eux, on compte constipation rebelle aux autres traitements (phénomène de dépendance), décalcification, troubles cardiaques, œdèmes, fatigue, etc. Enfin, la prise d’aloès modifie la couleur des urines, qui deviennent brun rougeâtre.

La prise répétée de jus d’aloès peut cependant entraîner la maladie des laxatifs. Cette situation se manifeste par des symptômes variés. Ils comprennent nausées, vomissements, troubles inflammatoires intestinaux avec diarrhée. On note aussi une mélanose recto-colique, un déséquilibre électrolytique avec hypokaliémie, et un dysfonctionnement rénal. De plus, on observe une congestion et irritation des organes pelviens.

L’EMA déconseille l’usage prolongé de laxatifs stimulants. Ceux-ci peuvent altérer la fonction intestinale et créer une dépendance. L’utilisation quotidienne de ces laxatifs exige de rechercher la cause de la constipation. Les préparations de jus d’aloès sont à envisager seulement si les changements alimentaires ne suffisent pas à réguler le transit. Le gel d’aloès en usage local peut également entraîner une dermatite de contact, un érythème ou encore une phototoxicité.

Il y a t-il des risques d’interactions médicamenteuses ?

Le latex séché d’aloès peut interagir avec certains médicaments. Ceux-ci incluent les traitements des troubles cardiaques, du diabète ou de l’insuffisance rénale. Les patients sous médication cardiaque, rénale ou diabétique doivent consulter un médecin avant de prendre de l’aloès.

L’aloès peut aussi influencer les résultats des tests urinaires. Ces tests mesurent les taux d’estrogènes et d’urobilinogène, utiles pour détecter anémies ou troubles hépatiques.

En outre, l’utilisation prolongée de jus d’aloès (plus de 10 jours) augmente le risque d’interactions médicamenteuses. Cela concerne notamment les cardiotoniques digitaliques et les diurétiques hypokaliémiants.

Le gel est un inhibiteur du CYP3A4 et CYP2D6. Il présente en effet des risques d’interactions médicamenteuses avec les anticancéreux (bortézomib, gefitinib, imatinib) et le tamoxifène.

Sources bibliographiques médicales et essais cliniques

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  2. DE WITTE P., The metabolism of anthranoid laxatives, Hepatogastroenterology, 1990 Dec.
  3. VAZQUEZ B. et al., Antiinflammatory activity of extracts from Aloe vera gel, J Ethnopharmacol., 1996 Dec.
  4. DAVIS R.H. et al., The isolation of an active inhibitory system from an extract of aloe vera. J Am Podiatr Med Assoc. 1991 May.
  5. FARRUGIA C.E. et al., The use of aloe vera in cancer radiation. An updated comprehensive review, Complement Ther Clin Pract., 2019 May.
  6. CHOONHAKARN C. et al., The efficacy of aloe vera gel in the treatment of oral lichen planus. Arandomizedcontrolled trial, Br J Dermatol. 2008 Mar.
  7. CHOONHAKARN C. et al. A prospective, randomized clinical trial comparing topical aloe vera with 0.1 % triamcinolone acetonide in mild to moderate plaque psoriasis. J Eur Acad Dermatol Venereol., 2010 Feb.
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