L’Orthosiphon, remède des voies urinaires par excellence

Dans un monde oĂą la santĂ© naturelle gagne en popularitĂ©, il est essentiel d’explorer les nombreuses possibilitĂ©s offertes par les plantes mĂ©dicinales. Parmi celles-ci, l’Orthosiphon, Ă©galement connu sous le nom de thĂ© de Java, se dĂ©marque comme un remède ancestral pour les voies urinaires. Originaire du Sud-Est asiatique, cette plante aux multiples vertus est depuis longtemps utilisĂ©e dans la mĂ©decine traditionnelle pour ses propriĂ©tĂ©s diurĂ©tiques et anti-inflammatoires. Mais quels sont rĂ©ellement les bienfaits de l’Orthosiphon ? Comment peut-il contribuer Ă  notre bien-ĂŞtre quotidien ? Dans cet article, nous plongerons dans l’univers de l’Orthosiphon, explorant son histoire, ses utilisations traditionnelles et ses applications modernes. PrĂ©parez-vous Ă  dĂ©couvrir les secrets de cette plante exceptionnelle et Ă  en apprendre davantage sur son rĂ´le en tant que remède des voies urinaires par excellence.

Qu’est ce que l’orthosiphon ?

L’orthosiphon (Orthosiphon stamineus) est originaire du Sud-Est asiatique, notamment de la Malaisie et de l’IndonĂ©sie. Il s’agit d’un arbuste qui peut atteindre une hauteur de deux mètres. Au printemps, avant la floraison, les feuilles et les extrĂ©mitĂ©s des tiges sont rĂ©coltĂ©es puis sĂ©chĂ©es.

Depuis des siècles, l’orthosiphon est utilisĂ© en mĂ©decine indienne pour soulager les infections urinaires, notamment les cystites. Il est Ă©galement connu sous plusieurs noms. Parmi eux, on trouve « thĂ© de Java », le « barbiflore », ou les « moustaches de chat », en rĂ©fĂ©rence Ă  ses longues Ă©tamines. Aujourd’hui, il est proposĂ© comme diurĂ©tique et cholagogue. On le retrouve frĂ©quemment dans les produits de phytothĂ©rapie destinĂ©s Ă  la perte de poids.

Outre ses utilisations actuelles, l’orthosiphon a d’autres usages traditionnels. Il est employĂ© dans le traitement de la goutte et pour soulager les douleurs articulaires associĂ©es Ă  l’arthrose (rhumatismes). Cette plante possède ainsi un riche passĂ© mĂ©dicinal dans diffĂ©rentes cultures.

Quelles sont les principales propriĂ©tĂ©s pharmacologiques des feuilles d’Orthosiphon ?

Le mĂ©canisme d’action de l’orthosiphon reste partiellement compris. Cette plante renferme divers composĂ©s tels que les flavonoĂŻdes (notamment la sinensĂ©tine et l’eupatorine), des dĂ©rivĂ©s de l’acide cafĂ©ique (comme l’acide rosmarinique), ainsi qu’une importante quantitĂ© de potassium. L’activitĂ© diurĂ©tique de l’orthosiphon pourrait dĂ©couler de la sinensĂ©tine et des sels de potassium prĂ©sents.

En cas d’infection urinaire, l’augmentation du volume des urines, incluant une hydratation accrue, contribue partiellement Ă  prĂ©venir l’adhĂ©rence des bactĂ©ries aux parois des voies urinaires. En pĂ©riode sans crises de calculs rĂ©naux, l’augmentation du volume urinaire vise Ă  prĂ©venir la formation de cristaux. Cependant, le mĂ©canisme exact par lequel l’orthosiphon exerce ces effets n’est pas pleinement Ă©lucidĂ©, nĂ©cessitant davantage de recherches pour une comprĂ©hension approfondie.

Propriétés diurétiques et antilithiasiques

L’administration d’orthosiphon augmente la diurèse, l’excrĂ©tion des ions Na+ et Cl- ainsi que l’Ă©limination d’acide urique. Il limite la perte de K+, comme le montre une Ă©tude rĂ©alisĂ©e en 2003. Ce travail de recherche dĂ©montre notamment les effets diurĂ©tique, natriurĂ©tique et uricosurique de l’orthosiphon. L’orthosiphon favorise ainsi l’Ă©limination des calculs rĂ©naux. Il prĂ©vient la formation de cristaux d’acide urique. Ces effets sont principalement dus Ă  ses flavonoĂŻdes (sinĂ©sĂ©tine et eupatorine), ainsi qu’aux dĂ©rivĂ©s d’acide cafĂ©ique, notamment les acides rosmarinique et cichorique.

Par ailleurs la plante contient des dĂ©rivĂ©s de l’acide lithospermique. Les lithospermates ont des effets connus sur le fonctionnement rĂ©nal. Ils rĂ©duisent l’urĂ©mie, augmentent la vitesse de filtration glomĂ©rulaire, et favorisent l’excrĂ©tion de l’urĂ©e et de la crĂ©atinine.

En 2009, une Ă©tude a confirmĂ© que l’utilisation traditionnelle d’O. stamineus pour traiter les calculs rĂ©naux repose sur des bases scientifiques solides. Les composĂ©s actifs de la plante agissent comme des ligands des rĂ©cepteurs de l’adĂ©nosine A1, ce qui les rend efficaces en tant qu’agents diurĂ©tiques, un traitement actif contre la lithiase rĂ©nale.

Propriétés néphroprotectrices, hépatobiliaires et métaboliques

Les acides ursolique et olĂ©anolique ont la capacitĂ© d’inhiber in vitro la liaison du TGF-β1 Ă  ses rĂ©cepteurs. Ainsi, l’orthosiphon pourrait ĂŞtre efficace dans le traitement des maladies rĂ©nales, car le TGF-β1  joue un rĂ´le important dans la progression de la maladie rĂ©nale.

L’orthosiphon stimule les hĂ©patocytes et augmente la sĂ©crĂ©tion biliaire (cholĂ©rĂ©tique). Il exerce en effet une accĂ©lĂ©ration de l’excrĂ©tion biliaire par le foie, et favorise l’Ă©vacuation biliaire (cholagogue).

L’orthosiphon est dotĂ© de propriĂ©tĂ©s hypoglycĂ©miantes. Des Ă©tudes in vitro portant sur un extrait Ă©thanolique d’O. Stamineus et sur un de ses composĂ©s isolĂ©s, la sinensĂ©tine ont en outre montrĂ© une activitĂ© inhibitrice de l’α-glucosidase et de l’α-amylase. L’inhibition de ces enzymes fournit une base biochimique solide pour la gestion du diabète de type 2, via le contrĂ´le de l’absorption du glucose.

Par ailleurs, de par sa richesse en flavonoĂŻdes, l’orthosiphon favorise la mobilisation des graisses hors des cellules. La plante permet donc de rĂ©duire la satiĂ©tĂ©, et prĂ©sente un intĂ©rĂŞt dans l’accompagnement des rĂ©gimes amaigrissants.

Propriétés anti-inflammatoires, antioxydantes et anti-infectieuses

Les orthosiphols de la plante sont anti-inflammatoires. Les diterpènes de l’orthosiphon inhibent ainsi de façon dose-dĂ©pendante la production de monoxyde d’azote (NO) des macrophages activĂ©s par le lipopolysaccharide (LPS). In vivo, l’extrait au mĂ©thanol et Ă  l’eau d’O. stamineus a dĂ©montrĂ© des activitĂ©s analgĂ©siques et anti-inflammatoires de type non narcotique. Cette activitĂ© est liĂ©e Ă  ses flavonoĂŻdes lipophiles.

Par ailleurs, ces composĂ©s, possĂ©dant un pouvoir antiradicalaire, empĂŞchent l’inactivation oxydative de la 15 lipoxygĂ©nase. Parmi eux, la sinĂ©sĂ©tine, l’eupatorine, la tĂ©tramĂ©thoxyflavone, mais aussi l’acide rosmarinique, dĂ©rivĂ© de l’acide cafĂ©ique, exercent un pouvoir antioxydant comparable Ă  celui de la quercĂ©tine pure et Ă  celui de l’hydroxylanisole butylĂ©, antoixydant synthĂ©tique.

En outre, l’orthosiphon exerce in vitro des effets antiadhĂ©sifs contre la liaison de la bactĂ©rie Escherichia coli uropathogène Ă  la surface des cellules de la vessie, ce qui, associĂ© Ă  son activitĂ© diurĂ©tique, prĂ©sente un intĂ©rĂŞt dans la prĂ©vention des infections urinaires colibacillaires.

Existe-t-il des précautions d’emploi concernant l’Orthosiphon ?

Les personnes prĂ©sentant des troubles cardiaques ou rĂ©naux, qu’ils s’accompagnent ou non d’Ĺ“dèmes (rĂ©tention d’eau), doivent Ă©viter de consommer de l’orthosiphon. En cas de crise de colique nĂ©phrĂ©tique, on conseille de ne pas recourir Ă  l’orthosiphon. On recommande mĂŞme de rĂ©sister Ă  la tentation d’augmenter la consommation de liquides. En effet, en cas d’obstruction des voies urinaires, notamment de l’uretère, la prise de boissons ou de diurĂ©tiques peut accroĂ®tre la pression dans le rein. Cela entraĂ®ne ainsi des douleurs plus intenses.

Compte tenu du manque d’informations sur les effets de l’orthosiphon pendant la grossesse et l’allaitement, son utilisation est contre-indiquĂ©e chez les femmes enceintes et celles qui allaitent. De plus, toute rĂ©tention d’eau chez une femme enceinte doit faire l’objet d’une consultation mĂ©dicale. En effet, cela peut indiquer un problème grave. On dĂ©conseille l’emploi de l’orthosiphon chez les enfants et les adolescents de moins de dix-huit ans. Il faut noter qu’il ne convient pas de recourir Ă  l’orthosiphon, plante diurĂ©tique, lors d’une crise de colique nĂ©phrĂ©tique. La plante peut s’utiliser immĂ©diatement après la crise.

Afin d’assurer une augmentation du volume urinaire, il est impĂ©ratif de maintenir une hydratation adĂ©quate pendant le traitement. En cas d’utilisation de l’orthosiphon en automĂ©dication, une aggravation des symptĂ´mes doit inciter Ă  consulter un mĂ©decin ou un professionnel de santĂ© qualifiĂ©. De mĂŞme, l’apparition de fièvre, de difficultĂ©s urinaires, de spasmes ou de sang dans les urines nĂ©cessite une consultation mĂ©dicale.

On recommande un suivi mĂ©dical en cas de calculs urĂ©tĂ©raux et biliaires symptomatiques. Il faut tenir compte de la teneur en potassium en cas d’insuffisance rĂ©nale modĂ©rĂ©e Ă  sĂ©vère. L’orthosiphon prĂ©sente un effet inhibiteur faible sur les UGT (glucuronosyltransfĂ©rases). De plus, il inhibe le CYP2D6 ainsi que le CYP3A. Ainsi, il est prĂ©fĂ©rable de consulter un pharmacien avant de prendre de l’orthosiphon en association avec un traitement mĂ©dicamenteux.

Comment prendre l’Orthosiphon et à quel dosage ?

L’orthosiphon est disponible sous diffĂ©rentes formes. On le trouve notamment sous forme de plante sĂ©chĂ©e, de gĂ©lules renfermant de la poudre de plante sĂ©chĂ©e, et d’extraits liquides. La plante sĂ©chĂ©e peut se prĂ©parer en infusions en utilisant de 6 Ă  12 g de plante sĂ©chĂ©e pour un litre d’eau bouillante. Cette infusion peut se consommer tout au long de la journĂ©e. Il faut noter que la prise d’orthosiphon doit s’associer Ă  une consommation d’au moins deux litres d’eau par jour pour garantir son efficacitĂ©.

Qu’en pensent les autoritĂ©s de santĂ© ?

Bien que l’orthosiphon ait dĂ©montrĂ© une lĂ©gère activitĂ© diurĂ©tique confirmĂ©e chez les animaux, les Ă©tudes cliniques chez les patients ont produit des rĂ©sultats contradictoires. Des Ă©tudes plus anciennes semblent soutenir cette activitĂ©. Cependant, deux Ă©tudes rĂ©centes, menĂ©es en double aveugle et contre placebo, sur des sujets sains et des patients souffrant de calculs rĂ©naux, n’ont pas montrĂ© d’augmentation significative du volume des urines.

L’action cholagogue de l’orthosiphon a Ă©tĂ© peu Ă©tudiĂ©e. Seulement une Ă©tude porte sur un petit nombre de patients. Dans les rĂ©gimes amaigrissants, comme d’autres plantes diurĂ©tiques, l’orthosiphon n’a pas prouvĂ© son efficacitĂ© Ă  long terme. Il peut entraĂ®ner une lĂ©gère perte de poids liĂ©e Ă  la perte d’eau. Cependant, cet effet cesse après l’arrĂŞt du traitement. Cela en fait une option peu viable pour perdre du poids de manière durable.

L’Agence europĂ©enne du mĂ©dicament (EMA) considère que l’usage de l’orthosiphon comme un traitement adjuvant des troubles urinaires mineurs est traditionnellement Ă©tabli. En revanche, elle en dĂ©conseille l’utilisation chez les patients de moins de dix-huit ans. La Commission E du ministère de la SantĂ© allemand reconnaĂ®t l’utilisation de l’orthosiphon pour drainer les voies urinaires lors de maladies inflammatoires ou infectieuses des voies urinaires et de la vessie, ou lors de calculs rĂ©naux. De plus, la CoopĂ©ration scientifique europĂ©enne en phytothĂ©rapie (ESCOP) reconnaĂ®t l’usage de l’orthosiphon pour irriguer les voies urinaires lors d’inflammation locale ou de calculs, ainsi que comme traitement adjuvant des infections urinaires.

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